Avec la profonde réforme du système éducatif burundais de 2012, le cours d’entrepreneuriat a été introduit dans tous les cursus. Cela dans le but d’initier aux apprenants comment voler de leurs propres ailes après les études. Même si l’objectif de cours est louable, cela n’empêche pas que les lauréats broient du noir face au chômage. Pourquoi ? Quelques éléments de réponses avec ce blogueur
Au Burundi, l’entrepreneuriat est réputé pour être la voie efficace pour combattre le chômage. Ici et là, les administratifs ne se lassent pas de répéter que la jeunesse doit s’auto-créer l’emploi. Depuis la 7e année du fondamentale, on y trouve le cours d’entrepreneuriat. Ce dernier est élaboré dans le but d’éveiller des talents et habiletés des apprenants. Et ultérieurement, objectiver le lot des théories acquises pour se doter d’un emploi sans tabler sur l’embauche de l’Etat. Du coup, une question me tourmente. Pourquoi la finalité de ce cours se chante uniquement du bout des lèvres ? Il y‘a quelques embûches à ne pas ignorer.
Les enseignants prêchent dans le désert
La réalité troublante est que les concernés n’embrassent plus l’objectif primordial de ces leçons. Certains élèves avec qui nous avons discuté sur leurs attentes et perspectives de ce cours d’entrepreneuriat disent que leur seul but est d’obtenir une bonne note en classe. « Je le considère comme tant d’autres cours, du fait que pendant l’examen mon enseignant me demande de lui rendre ses notes sur papier, et je dois bosser dur pour que j’obtienne juste des points. », me confie Annick*, élève en 8ème année du fondamental.
On jugerait que ces pensées ne sont que celles d’une adolescente, mais pas du tout. Alexis* âgé de 22 ans, qui est sur le point de terminer ses études, s’apprête par ailleurs à attaquer de front la vie active, ne va pas loin de cette pensée. Finaliste dans la section Langue, Alexis se confie : « J’ai appris l’entrepreneuriat depuis la 7ème année. Mais, autant de fois que je tente de lancer mon travail entrepreneurial, petit soit-il, ce que j’apprends ne me sert à rien dans la pratique. Et d’ailleurs, parmi les grands « magnats » de mon village, personne n’a appris cela en classe. Alors, je considère donc l‘entrepreneuriat comme d’autres leçons. Je ne vise que des points. »
Un programme semé de défis
Selon Pascal Butoyi, enseignant au Lycée municipal de Mutanga sud, un bon entrepreneur est celui qui identifie dans son environnement des opportunités, dans l’objectif de créer de la valeur pour gagner de l’argent. « Le grand chalenge se trouve au niveau du programme. Les concepteurs ont élaboré la matière comme si c’était un axiome. Dans les programmes figurent des exemples pratiques auxquels le milieu d’apprentissage n’est pas propice. »
Pour lui, le programme est généralisé, alors que les opportunités sont diversifiées selon les régions. Chaque endroit a des opportunités spécifiques pour entreprendre et à partir de celles-ci, l’enfant saura quoi faire et comprendra le cours d’une manière concrète.
En somme, le hic se trouverait dans la carence de la pratique des leçons apprises, théoriquement. Par un simple exemple, imaginez apprendre à l’enfant comment élever les poules en dessinant des œufs au tableau noir. Est-ce vraiment illustratif ? Comment peut-on s’attendre à une bonne finalité ? La matière censée être concrète demeure toujours fictive. Pour aboutir au but visé, des tas d‘efforts sont encore à fournir dans ce secteur.