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Conflit israélo-palestinien : l’autre Guerre de cent ans

Ce 7 octobre, le Hamas a commis des attaques sur la population israélienne et le Tsahal (l’armée israélienne) a répliqué en lançant des missiles sur la bande de Gaza. Le monde compte encore les morts des deux côtés (plus de 1 000 victimes) et se divise entre pro-palestiniens et pro-israéliens. Avant de prendre parti, n’est-il pas mieux de comprendre ce conflit qui date des années 1920, afin d’arriver à sa résolution ?

Camp David. L’an 2000, mois de juillet. Devant un parterre de journalistes, le président américain Bill Clinton se trouve au milieu de deux hommes : Ehoud Barak, Premier ministre de l’État d’Israël et Yasser Arafat, président de l’Autorité palestinienne. Immaculé de noir, Ehoud Barak sourit. De même que Yasser Arafat qui porte toujours sa tenue militaire et son keffieh qui ne le quittent jamais.

Pourquoi ces trois hommes se rencontrent-ils au milieu de la campagne américaine, dans l’État du Maryland ? Il est question de mettre fin au conflit israélo-palestinien dont les confrontations ont débuté réellement dans les années 1920. Malheureusement, Ehoud Barak et Yasser Arafat ont eu du mal à trouver un accord.

Presque cent ans après l’éclatement du conflit, il est toujours présent. Plus féroce et cruel que jamais. Les images (dont la véracité est à douter) d’un père palestinien portant son bébé mort sous les bombardements de l’armée israélienne dans les bras, déchirent le cœur et celles d’une mère franco-israélienne, en pleurs, qui appelle à l’aide, car son fils a été enlevé par le Hamas, foudroient l’âme. Mais pourquoi cela semble-t-il impossible que Palestiniens et Israéliens puissent cohabiter ensemble ? 

Les origines complexes du conflit

Tout conflit a son origine. Celle du conflit israélo-palestinien remonte à l’aube du 20e siècle avec le mouvement Sioniste, une doctrine, un mouvement politique dont le but est la construction, la consolidation et la défense d’un État juif en Palestine. C’est cela qui va amplifier les confrontations entre juifs et arabes vivant dans ce qui était la Palestine. Cette dernière encore sous l’occupation de l’empire Ottoman héberge déjà une population juive comme d’autres pays arabes occupés par les Ottomans. 

Sabri Jiryis, écrivain et avocat israélo-palestinien, dans un article publié dans la Revue européenne de géopolitique « Outre-Terre », intitulé Palestines ?, fait savoir que « dans les quarante années qui précédèrent la Première Guerre mondiale, la Palestine et les pays arabes voisins faisaient partie de l’Empire ottoman. La population était alors majoritairement composée d’Arabes de confession musulmane ou chrétienne, les Juifs, très minoritaires, ne représentant qu’environ 3 % du total ». 

Cependant, l’Empire Ottoman au début du 20e siècle est dans sa décadence (on le surnomme d’ailleurs « L’homme malade de l’Europe »). Après le Première Guerre mondiale, l’Empire Ottoman s’effondre. L’Angleterre, parmi les vainqueurs, parvient à récupérer certains territoires autrefois occupés par les Ottomans. La Grande-Bretagne administre ainsi la Palestine pendant trente ans, de 1918 à 1948.

Point important, Sabri Jiryis écrit : « Londres s’est engagé à mener après la guerre une politique visant à l’établissement d’un « foyer national pour le peuple juif  en Palestine ». Les Britanniques encouragent alors depuis leur occupation de la Palestine l’immigration des Juifs, dont la proportion dans la population, très faible au début du mandat, était proche du tiers dans les années 1940, à la fin du mandat : 600 000 Juifs, contre environ 1 200 000 Arabes.

Entre-temps, de 1939 à 1945, le monde vit la Seconde Guerre mondiale. 6 000 000 de Juifs vont périr en Europe sous la cruauté du régime nazi. Nonobstant, dès 1940, « la situation en Palestine était si tendue (entre immigrants juifs et Arabes, Ndlr) et l’impasse à ce point évidente que les Britanniques durent se tourner vers les Nations unies, dont l’assemblée générale, soumise à de très fortes pressions des Américains, décida le 29 novembre 1947 de partager le territoire et d’y établir deux États : l’un arabe, l’autre juif  ».

Le 14 mai 1948, l’ONU accepte la création de l’État d’Israël sur l’ancien territoire de la Palestine. 

Vers les conséquences de la création de l’État d’Israël

À la veille de la création de l’État d’Israël, les pays arabes envoient le 15 mai 1948 des troupes se battre en Palestine aux côtés des Arabes palestiniens.

 « Les armées arabes sont battues et, aux termes de l’armistice signé en 1949, ce sont 78 % de la superficie de l’ancien mandat qui revenaient à Israël, la Cisjordanie et la bande de Gaza étant incluses dans les 22 % restant sous contrôle arabe », fait savoir Sabri Jiryis.

Autre conséquence désastreuse de la guerre selon cet écrivain et avocat israélo-palestinien, environ la moitié de la population palestinienne fut expulsée de chez elle, si bien que l’on assista au déplacement de quelque 600 000 personnes vers d’autres régions du territoire palestinien, voire en Israël, mais principalement vers les pays voisins : la Jordanie, la Syrie et le Liban. 

Du côté des Palestiniens, depuis les années 1950 jusqu’à aujourd’hui, le sentiment de s’être fait dépouiller de son territoire est resté. Il est nourri de génération en génération. Du côté israélien, depuis le mouvement Sioniste, la Palestine est « un foyer national pour le peuple juif », selon les écrits de la Torah. 

Les historiens, anthropologues et sociologues peuvent noter que le sentiment nationaliste dépasse toutes les aspirations. L’attachement à sa terre, son pays, son peuple, dépasse souvent la logique. Hélas, la communauté internationale n’arrive pas à trouver une solution qui convient aux deux peuples. 

Le conflit israélo-palestinien face à la passivité de la communauté internationale

Sous l’Empire Ottoman, les deux peuples coexistent librement. D’ailleurs trois peuples : juifs, chrétiens et arabes. 

Jusqu’à aujourd’hui, les Juifs ont comme foyer l’Égypte, la Libye, le Maroc, l’Algérie, le Liban, la Syrie. Les Arabes vivent côte à côte, depuis des siècles, avec les Juifs. Il n’est pas question d’affirmer qu’il est impossible que ces deux peuples partagent la même nation. 

Malheureusement, par appât du gain, certains pays de la communauté internationale cherchant à garder la mainmise sur le Moyen-Orient semblent fermer les yeux lorsqu’il s’agit de trouver une bonne solution. Camp David I (1978) et II (2000) ont essayé et échoué. Et voilà où nous en sommes aujourd’hui, en ce mois d’octobre. Nous sommes au bord d’une nouvelle guerre totale. Benyamin Netanyahou a déclaré que  « tout homme du Hamas est un homme mort ». Quel message pour les Gazaouis ? « La guerre comme à la guerre »

Le monde va continuer à observer, s’indigner, crier, prendre parti, etc., tout en oubliant que même si une guerre semble si lointaine de chez soi, les conséquences peuvent toquer à sa porte. Les cours du pétrole ont monté dernièrement à cause de ces affrontements entre le Hamas et le Tsahal. 4 450 BIF le litre d’essence à Bujumbura en ce moment. Que dire de la suite ? Winter is coming !

 

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