Nakei Nairobi ! La chanson de Mbilia Bel a résonné dans la tête de ce blogueur durant le vol qui l’a récemment conduit dans la capitale kenyane qu’il visitait pour la première fois. Fasciné par la vie nocturne et trépidante de cette ville cosmopolite, il nous plonge dans une sorte behind the scene pour nous parler de la manière dont il a vécu cette nouvelle expérience. Récit.
Bourlingueur un jour, bourlingueur toujours. Il y a quelques jours, j’ai sauté sur une occasion qui se présentait pour visiter Nairobi, la capitale de la patrie de Jomo Kenyatta et de Ngugi wa Thiong’o. Inutile de vous rappeler que c’est toujours intéressant d’aller à la rencontre d’autres peuples et d’autres cultures. Ne dit-on pas que « Voyager c’est vivre » ? Un bon matin donc, les sirènes de ma passion m’appellent. Je me dirige à l’aéroport de Bujumbura pour prendre un avion. Alors que je patiente dans la salle d’embarquement, un collègue avec qui on allait passer quelques jours dans la capitale kenyane m’interpelle. Un brin de causette, en attendant de nous engouffrer dans le ventre de la soucoupe volante. Quelques minutes plus tard, nous voilà bien harnachés sur les sièges d’un Embraer 190, un avion de fabrication brésilienne qui semblait avoir déjà quelques dizaines d’années à son compteur. Au moment du décollage, alors que l’hôtesse de l’air ânonne les règles de sécurité, l’humour burundais nous prend tous au dépourvu, du moins ceux qui comprennent le Kirundi. Le collègue farceur lâche en ricanant : « Tout ça ne sert à rien, si l’avion se crache, on est bon pour le barbecue ». Je grimace un sourire. Quelque deux heures plus tard, alors qu’on s’apprête à atterrir à l’aéroport Jomo Kenyatta, l’amateur de l’humour noir se rappelle à notre souvenir : « Vous savez le moment du vol que je préfère ? (J’opine). C’est quand les roues de l’avion touchent la piste à l’atterrissage ». Pour information, c’est ce moment qui donne la frousse à ceux qui ne sont pas habitués à voyager en avion, à cause de secousses qui s’il provoque.
Nakei Nairobi !
Nous atterrissons sans encombre. Le majestueux Nairobi s’offre à nos yeux dans toute sa splendeur. Une vraie jungle de gratte-ciel, cette ville ! Nous nous engouffrons dans un véhicule. Dans mon anglais claudiquant, j’explique au chauffeur que c’est ma première fois à Nairobi. Très généreux, le gentleman nous propose de faire un petit détour pour nous permettre d’admirer cette cité cosmopolite. Je découvre les highways, ces immenses routes à plusieurs voies. Le driver prend à cœur son nouveau rôle de guide touristique. « Thika Road, Mombassa Road, Nairobi National Park, etc. ». A la fin de cette mini road trip, nous atterrissons à Westlands, un quartier chic où nous attend un hôtel luxueux. C’est là que nous commettons notre première bourde, moi et l’autre amateur de l’humour noir. A peine avons-nous déposé nos valises que nous nous ruons vers le bar de l’hôtel pour découvrir et savourer la bière kenyane. Un, deux, trois Tusker plus tard, je décide d’essayer une Guinness. Une serveuse inquiète nous amène la facture. 1 600 shillings kenyans chacun ! On allait enchaîner si ce n’est que l’ami qu’on était venu voir est arrivé. On lui a demandé combien le shilling kenyan valait par rapport au Fbu. Quand il nous a dit qu’une Tusker coûte 400 shillings, à peu près 12 000 Fbu, on a failli tomber dans les pommes. Nous avons arrêté la razzia et sommes retournés dans nos chambres.
Le traumatisme du Ketchup
Nous sommes revenus au resto pour manger, quelques heures plus tard. Sur le menu, en anglais bien sûr, impossible de s’y retrouver parmi des dizaines de plats, souvent des spécialités locales. Je parviens à reconnaître le pork ribs accompagnés de chips et l’inévitable Kachumbari, et je jette mon dévolu dessus. Akabenzi, ça me connaît ! Sauf que quand on m’amène le plat, je découvre que les côtes de porcs sont enfuies sous une tonne de Ketchup ! Partout c’était du Ketchup, même sur Kachumbari, une salade locale très épicée. Je goûte à la viande, une, deux, trois bouchées ; je n’en peux plus. Comment peut-on mangé une viande sucrée ??? Ils sont fous ces Kenyans ! J’avais une envie d’étrangler le cuistot de l’hôtel. On m’expliquera plus tard que dans les pays anglophones, souvent on utilise le Ketchup à la place de la mayonnaise. Heureusement, une autre collègue qui avait commandé du beef sur lequel on n’avait pas versé un fût de Ketchup m’a filé un gros morceau de sa portion, ce qui m’a évité de dormir le ventre vide. Les jours suivants, pour taquiner les serveuses qui avaient compris qu’on a avait horreur du Ketchup, quand je commandais une Tusker bien tapée, j’ajoutais : ‘’Without Ketchup, please !’’
Nairobi by night : immersion
Le lendemain au soir, un ami burundais très généreux, qui habite Nairobi depuis quelques années, nous a gentiment proposé un verre. Inutile de vous mentir. Adepte de Bacchus que je suis, quand je vais dans une nouvelle ville et que je ne visite pas ses buvettes, c’est comme si un motard se contentait de pousser une belle bécane sans l’enfourcher. Nous mettons le cap sur K 1 (K1 Club House) sur Ojijo Road. Un vrai temple de la divinité des buveurs, le truc ! L’accoutrement des serveuses attire instantanément mon œil perçant. On aurait dit des cowboys des célèbres westerns américains : borsalino tout blanc visé sur la tête, chemise longues manches rentrée dans le pantalon, bottes remontant jusqu’aux genoux. Il ne leur manque que le colt à la hanche. Mais alors, quelle charme ! Des longues jambes comme un jour sans pain, des visages-poupon, des sourires à foutre en l’air la vertu du plus pieux des moines. Et je remarque tout cela sans même avoir avalé un seul verre. On passe un bon moment de cordialité ponctué par la sollicitude des fameux cowboys version féminine, qui ne visaient qu’une seule chose : nous faire ingurgiter le maximum de bouteilles possibles. Pour clore la soirée en beauté, l’une d’elles me sert un double shot d’une liqueur que j’avale d’un trait, sans même demander quel type de liqueur il s’agit. Le lendemain, on visitera Ananas, un autre bar big size situé près de Ring Road Parklands.
Retour au bercail
Pour boucler la boucle de notre Nairobi by night en beauté, nous sommes passés par Upper Hill où nous avons passé notre dernière soirée à La Baita que nous avons quitté à l’aube, plus morts que vifs. C’est à peine si nous sommes passés à l’hôtel en coup de vent pour faire nos valises et partir en hâte à l’aéroport.
Après cette courte période de récréation, par un samedi ensoleillé, nous sommes atterris à l’aéroport international Melchior Ndadaye aux environs de 14h. Un constat : l’auteur de ces lignes a eu l’occasion de circuler dans certains pays de la sous-région. S’ils peuvent avoir des bars et des restaurants prestigieux, nous, nous avons les meilleures bières. Ni Serengeti ou Balimi de la Tanzanie, ni Mutzig ou Skol du Rwanda, ni Turbo King de la RDC, ni même la Tusker du Kenya ne peut égaler notre Amstel. Parole d’un buveur !
Vous vous n’avez pas goutté la bière Kilimandjaro de la Tanzanie. Plus que l’Amstel cher ami. Mais, laisse moi poser mes jambes sur terre, l’Amstel Bock reste la première bière au monde, Walahi, parole de buveur.