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Carnet de voyage : l’autre face de la SRDI

Comment une société rizicole s’est-elle construit cette renommée d’un havre de paix où les gens vont pour retrouver la sérénité, le temps d’un après-midi ? Alors que les autres Sociétés rizicoles de développement (SRD) sont devenues des ombres d’elles-mêmes, celle de l’Imbo a su se réinventer et est devenue un lieu de loisirs et de détente qui fait des heureux. Ce blogueur y a fait un tour. 

‘’Hauts sont les monts, et très haut sont les arbres’’. Je ne sais pas pourquoi cette tirade de la chanson de Roland m’est venue à l’esprit quand on a débarqué à la SRDI, peut-être pour donner un accent solennel à notre visite sur les lieux. Sûrement que c’est en rapport à ces arbres exotiques, les simarouba glauca, une variété originaire d’Amérique, qui sont bien hauts. On dirait une hacienda, une exploitation agricole d’Amérique latine. 

Le projet a été lancé en 1986 pour développer la culture du riz. Les Belges et les Cubains (maintenant les Chinois) qui portaient ce projet, ont essayé de créer un cadre de vie agréable. C’est ça la SRDI. Le bar qui attire des citadins, c’était le Cercle social où ils se rencontraient pour fraterniser et boire un coup. Maintenant, un investisseur a repris l’endroit et exploite le bar. 

Pour arriver à la SRDI, il faut emprunter la RN5 et bifurquer vers la droite à la 10ème transversale de Gihanga. Je n’étais même pas sensé être ici ce week-end, mais il a bien fallu que j’aille dégoter un de ces experts qui sont très rares au Burundi. Après l’interview, je comptais bien profiter d’un après-midi dans cet îlot de paix qui se trouvait à 2km du lieu de rendez-vous avec l’expert en question. On s’y est rendu pour s’en jeter une, avant de retourner à ce sauna à ciel ouvert qu’est devenu Bujumbura.   

La SRDI et son air de Kibboutz…

Je vous ai raconté mes aventures Chez Siri, à Bugarama et ses bonheurs hors prix, Gitega by night, etc., je m’en voudrais de ne pas vous narrer les charmes de cette sorte de Kibboutz (exploitation agricole collective en Israël, qui avait aussi un caractère militaire) qu’est la SRDI. 

La SRDI n’est pas un endroit comme les autres, elle a une histoire, vous l’aurez compris. Au départ, c’est un centre de développement rizicole comme les autres de Kirimiro, Buyenzi, etc. Sauf que celui de Gihanga a mué en un lieu d’attraction et de loisirs depuis les années 1990. Ses terrains de football, de volleyball et de basketball attirent les sportifs, sans oublier qu’il y avait même une piscine qui est maintenant en état de délabrement avancé. Les sportifs sont contents de quitter le chaudron bouillant de Bujumbura et son brouhaha pour s’adonner à leur passion dans un cadre plus convivial et plus détendu. 

Dans une autre vie, j’ai vécu à Gihanga. Je me souviens de mon père qui faisait partie de ce qu’on peut pompeusement appeler la jet-set du coin. Chaque fois qu’il voulait faire la fête, c’est à la SRDI qu’il allait. Je l’entendais aux aurores rentrer, juché sur sa Vespa (une marque de scooter). 

Le bonheur, ‘’un instant volé’’  

On est là, à se prélasser sous les acacias et les faux palmiers, c’est un samedi peinard. Cette musique sirupeuse, cette bière bien fraîche et tout ça en agréable compagnie…que demander de plus ? On ne vit qu’une fois. Je m’excuse de vous éclabousser avec tout ce bonheur. Mais il y a des moments où l’on a envie de crier au temps de s’arrêter et de nous laisser ‘’savourer les rapides délices’’ du moment. 

Le temps file. Les tracas de la vie nous attendent patiemment à la porte de la SRDI. Rugero a écrit dans un de ses livres (Les oniriques) que ‘’le bonheur est un instant volé, la joie un habit emprunté’’. Je suce donc les dernières gouttes de ces instants volés avant de revenir à la réalité. C’est comme ça que je me suis retrouvé au centre-ville de Bujumbura en moins de 30 minutes.

‘’Agakwegarugi’’ qui a failli nous coûter cher

C’était la deuxième fois que je faisais escale à la SRDI. La première fois, avec une bande de copains, on avait décidé de faire ce truc de blancs qu’on appelle le tourisme. Notre périple nous a conduits à Cibitoke, Ruhwa (eaux thermales), le cimetière des Allemands, Dogodogo, etc. Au retour, aux environs de 21h, on a décidé de faire une halte pour prendre ‘’Agakwegarugi’’ (une dernière tournée avant de se séparer). Sauf que ce ‘’Gakwegarugi’’ a failli nous coûter cher. Une heure après notre arrivée sur les lieux, une fusillade a éclaté. Une bombe aurait même été lancée. On a été immobilisé pendant une heure avant d’obtenir la permission des forces de l’ordre de regagner Bujumbura. Inutile de vous dire qu’on a eu chaud, néanmoins la virée à la SRDI en valait le coup.

 

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