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Carnet de voyage : Chez Soré, comme dans une fontaine de jouvence

Passer un week-end agréable ne signifie pas toujours se pavaner à Arena, faire les quatre cents coups à Que Passa ou se lancer des shots à K-Short. Buja-la-Belle regorge de lieux où même les personnes de conditions modestes peuvent faire la fête sans se ruiner. Si Nyakabiga a son Molena, Kanyosha a Kwa Soré, un endroit que ce blogueur a récemment découvert. Voici comment il l’a trouvé.

C’est un samedi soir comme les autres. Un ami d’un ami a entendu parler de Kwa Soré, the place to be à Kanyosha, d’après les dires de plusieurs sources. C’est un endroit où l’on peut passer un week-end animé sans se ruiner. Il existe ces lieux dans les quartiers populaires où l’on n’a même pas besoin d’un taxi qui coûte une fortune en ce moment, pour passer un bon moment. Ces hubs de fête qui jouent de la musique non-stop, où tout est abordable, presque tous les quartiers en connaissent au moins un. D’après ce que j’ai entendu, Kwa Soré ne se contente pas d’être un lieu pas comme les autres, mais c’est aussi un lieu où tout peut s’acheter, à condition de mettre le prix. Tout cela m’a intrigué et j’ai décidé de voir par moi-même de quoi il s’agissait.

Je débarque donc à Kanyosha aux alentours de 20h. Je m’arrête à la station King Star pour me renseigner. « Kwa Soré ? Continue de longer le mur, puis tourne à droite. Quand tu atteindras le tournant, tu verras, il y a de la musique qui t’indiquera le chemin », me dit un type portant un gilet floqué Lumicash.

Dans l’antre du plaisir

Effectivement, à peine arrivé au tournant, la musique forte m’indique que je suis au bon endroit. Mais il faut encore passer par un chemin étroit entre deux clôtures avant d’arriver dans la terre promise. Une dizaine de mètres plus loin, j’entre dans ce petit temple de Bacchus. Je remarque c’est plutôt propre. Un citronnier trône au milieu de la cour. Plus loin, je distingue le premier comptoir et m’y rends directement. Je ne suis pas fan de la toute nouvelle boisson de la Brarudi, mais il n’y a pas d’autres bières. Contre mauvaise fortune, bon cœur. Je commande un Bright en petit format. Après deux gorgées difficilement avalées, j’ai enfin le temps d’observer à quoi ressemble Chez Soré.

À gauche du bar, il y a ce qui semble être le carré VIP, très propre, avec des fauteuils confortables et des lustres qui tamisent la lumière. À l’entrée de cet espace, une sorte d’arc de triomphe en métal avec la mention en Swahili : Umoja wetu (notre unité).

Les oldies…comme au bon vieux temps !

À droite, une salle au milieu de laquelle se trouve une piste de danse avec des jeux de lumière, comme dans les boîtes de nuit. Au fond de la salle, un type courbé sur des appareils martyrise les tympans des clients. Un vacarme assourdissant m’atteint alors que je me trouve à une dizaine de mètres de la salle. Quand je termine ma première bière, je me décide à y entrer pour voir ce qui s’y passe. Je ressors aussitôt, pour ne pas abîmer mes tympans. Cependant, j’ai le temps de voir un groupe de jeunes se trémousser sur fond d’un morceau intemporel de l’ancien UB40. Ensuite, le DJ enchaîne sur de la Rumba de Mbilia Bel, puis Rihanna avec I shot a man down. J’ai l’impression de plonger dans la fontaine de jouvence avec toutes ces classiques.

Elles butinent, comme de petites abeilles

Je cherche un endroit tranquille pour savourer une autre bière que je viens de récupérer au comptoir. À ma gauche, une jolie fille assise seule, habillée d’une robe rouge, semble m’observer. Je lui lance un « Ni sawa ? » auquel elle répond par un sourire. Je lui pose la question : « Pourquoi tu souris ? » « Amarori yawe ibiyo ntibisa » ( tes deux verres de lunettes sont de couleurs différentes), répond-elle en éclatant de rire. Et moi qui pensais qu’elle me faisait les yeux doux ! « Je t’offre une bière ? », lui dis-je, histoire de vérifier si je ne suis pas trop rouillé en drague. « Oya ndacariko ndakora, urayinsigira ndayinywa hanyuma » (Non, je travaille encore, je la prendrai après), répond-elle. C’est à ce moment précis que le DJ lance le morceau mythique de Shaggy Strength of a woman. Je n’avais même pas remarqué qu’elle était serveuse. Je réalise que beaucoup de filles vont et viennent entre les clients. Difficile de savoir qui est serveuse et qui ne l’est pas. Comme de petites abeilles, elles butinent, infatigables, les filles de chez Soré. Entre temps, il se fait tard. Il est temps de rentrer si je ne veux pas que le taxi me coûte une petite fortune.

 

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