Le monde entier a célébré ce 3 mai la journée mondiale de la liberté de la presse. Au vu de ce que bravent nos médias locaux et différents journalistes, difficile d’affirmer que ces derniers œuvrent en pleine liberté. Différents cas parlent d’eux-mêmes.
Durant ces trois dernières années, s’il y a un métier qui a souffert de la crise politique que traverse le Burundi, la presse arrive en premier. Ne parlons plus des médias qui, du jour au lendemain, ont cessé d’émettre, pour des raisons connues de tous.
Si en février 2016, deux de ces médias- la radio Isanganiro et la Radio Télé Rema FM- ont eu la « chance » de rouvrir, ça a été bien évidemment après signature d’un « acte d’engagement » bien peaufiné par le CNC (Conseil National de Communication). D’autres ont probablement enfoui très loin l’idée de voir leurs médias émettre de nouveau.
Le CNC droit dans ses bottes, enchaîne désormais sanctions sur sanctions, mise en garde sur mise en garde et communiqué de presse sur communiqué de presse à l’endroit des médias encore opérationnels et des journalistes. Ces derniers marchent désormais sur les œufs et Judith Basutama ne dirait pas le contraire.
Équilibre précaire
Maintenant les journalistes sont conscients que le moindre faux pas peut leur coûter très cher. La dernière en date est la suspension pour trois mois de la rubrique commentaire du Journal Iwacu.
Le Renouveau et Iwacu ont essuyé des « mises en garde ». Leurs torts : « publier dans une langue (l’anglais) qui n’est pas mentionné dans leurs cahiers de charges signés avec le CNC ».
Ce ne sont plus les Burundais seulement dans le viseur du Conseil. Nous apprenons que les chaines internationales Voix de l’Amérique et la BBC, n’ont plus le droit d’émettre sur le territoire national pendant six mois à partir de ce 7 mai. La Radio France internationale vient d’être mise en garde.
#Burundi:les radios internationales BBC et VOA en suspension temporaire sur le sol burundais.#cncburundi. pic.twitter.com/RccwTlr8jC
— WILLY NTAKARUTIMANA. (@WNtakarutimana) May 4, 2018
Inutile de rappeler Jean Bigirimana, journaliste du Groupe de Presse Iwacu, dont on n’a plus de traces depuis juin 2016, et les correspondants de différents médias qui sont malmenés sur leur lieu de reportage.
D’ailleurs pour couronner le tout, le Burundi, une fois encore, vient de s’illustrer cette année en occupant la 159ème place dans le classement mondial de la RSF sur la liberté de la presse dans une liste de 180 pays. En passant, il a gagné une place, en 2017, il occupait la 160ème position.