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Burundi 2040-2060 : « Je ne demande qu’à y croire »

Depuis avril 2021, le Burundi a annoncé une vision ambitieuse : devenir un pays émergent d’ici 2040 et un pays développé d’ici 2060. Lors de la récente édition d’umuzinga day, un nouveau slogan a même vu le jour, « Il faut d’abord croire en cette vision », nous appelant à nous l’approprier. Cependant, la dite vision me semble complexe et déconnectée de la réalité de la vie quotidienne du citoyen lambda. Et si nous réinventions cette vision pour la rendre plus accessible à tous ?

Depuis le mois de novembre, une phrase me tourmente l’esprit : « Avant tout, il faut croire en la vision du Burundi, pays émergent en 2040 et pays développé en 2060. » Cette phrase a été prononcée à deux reprises au cours des derniers mois, et pas par n’importe qui. L’éminent professeur Léonce Ndikumana l’a soulignée lors de l‘Umuzinga Day, et le ministre des Finances l’a réitérée, lors de la première édition des journées de banques, organisées par l’Association des Banques du Burundi.

Ce slogan est bien choisi. Il est captivant et nous interpelle à croire en ce que sera le Burundi en 2040 et en 2060. Toutefois, cette vision semble trop complexe pour le citoyen lambda, qui a du mal à se représenter un pays émergent ou développé. Cette notion reste abstraite et lointaine. Comment un fermier ou un petit commerçant, peut-il se sentir concerné par une vision qui lui semble inaccessible ?

Y croire…plus facile à dire qu’à faire

Prenons l’exemple de Donavine, une jeune agricultrice passionnée par son travail. Elle consacre ses journées à cultiver ses terres et à subvenir aux besoins de sa famille. Pour elle, la vision d’un pays émergent peut sembler déconnectée de sa réalité quotidienne. Elle a besoin de comprendre comment cette vision pourra influencer son activité et celui de sa communauté. D’ailleurs, elle devrait comprendre qu’elle est une actrice indispensable dans cette marche vers ce Burundi émergent puis développé. 

Même parmi ceux qui ont eu accès à l’éducation, beaucoup sont sceptiques lorsqu’on évoque cette ambitieuse vision. Nous nous imaginons un pays avec des industries, de beaux immeubles, des routes et des aéroports similaires à ceux des pays occidentaux et asiatiques. Mais qu’en est-il d’un agriculteur ou un éleveur ? Une chose est certaine, s’il ne voit rien, il ne se sentira pas concerné par cette vision. Par conséquent, il ne contribuera pas à la construction de ce Burundi qu’il a du mal à se représenter. 

Pour l’instant, nous sommes confrontés à un grand défi de communication et de sensibilisation de cette vision. Les petits commerçants devraient pouvoir visualiser comment ressemblerait le commerce en ce Burundi de 2040 et de 2060, et les agriculteurs qui possèdent de petites usines de transformation de l’huile de palme devraient être en mesure de voir un Burundi émergent et développé à travers leurs entreprises. D’ailleurs, cette vision devrait nous inspirer tous. Elle devrait être la nôtre, celle de notre vie, de nos activités et de nos entreprises.  

Simplifier les choses

Certes, ce n’est pas si simple, mais il est possible d’embarquer tout le monde. Il suffirait de montrer à un fermier burundais où nous voulons qu’il soit en 2040 et 2060. Un industriel, un commerçant, un pêcheur, etc. devraient tous pouvoir se projeter en 2040 et 2060. Ainsi, chaque Burundais s’appropriera cette vision et l’appliquera à son activité.

Pour ce faire, il faudrait mettre dans le champ visuel de tous les Burundais deux choses parallèles : un miroir et son image en 2040. Montrez à quoi l’agriculteur, l’éleveur, le musicien, l’industriel burundais ressemblera 2040. Cela permettrait à chaque Burundais de comprendre que la vision du Burundi de demain, c’est lui. Que c’est lui qui la réalisera et la façonnera à travers son activité, quelle qu’elle soit. 

Lorsque viendra le temps de l’évaluation, chacun se mettra devant son miroir pour voir s’il ressemble à celui que nous voulions façonner en 2040 et 2060. Enfin, pour simplifier les choses, fixez des objectifs qui convergent avec nos activités quotidiennes. Faites en sorte qu’après deux ans, l’agriculteur, l’éleveur, le commerçant, le pêcheur puisse dire qu’il est sur la bonne voie. 

 

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