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Bujumbura possède-t-elle un hôpital « public » propre ?

Un milieu hospitalier propre est un signe éloquent et indicateur de soins de qualité, à première vue. Et Bujumbura abrite trois des cinq hôpitaux de référence nationale. Mais qu’en est-il de l’état sanitaire de ces endroits garants de notre santé?

Il est dimanche après-midi. Moi et mes copains du groupe « soutien aux malades » effectuons une visite de « curiosité » dans les hôpitaux publics de Bujumbura. La visite démarre à 14 h. De l’hôpital Roi Khaled au Prince Régent Charles, une question frappe mon attention et ne me laisse pas indifférent : y aurait-il au moins un seul hôpital ″ public″ propre à Bujumbura ? Odeurs pestilentielles, murs sales, chambres surpeuplées, immondices,…semblent être la norme.

La promenade se poursuit à  l’hôpital militaire de Kamenge. Ouf! Là, je pousse un petit cri de soulagement. Des fleurs odoriférantes, des jardins bien taillés avec au milieu des allées bien pavées propres : tout cela offre un look étrangement agréable. Ça nous console un peu et nous fait oublier ces tas d’immondices encombrants qui polluent l’intérieur de l’hôpital dédié au Prince Charles et ces fentes et poubelles précaires de l’hôpital Roi Khaled.  Avec ses peintures monocolores, ses bancs modernes et propres – on dirait les transits des aéroports international – ses poubelles bien placées, l’Hôpital militaire de Kamenge est tout ce qu’il y a des plus hospitalier. Il faut aller voir l’intérieur des salles d’hospitalisation dans le nouveau bâtiment mère-enfant qui ressemble à celui d’une chambre d’hôtel 4 étoiles. Sans abuser.

Constat partagé avec le public ?

Ferdinand (pseudo),  trouvé sur les lieux en salle des urgences, me murmure : «On a  préféré  amener notre patient ici à l’hôpital militaire car cet établissement est propre et hygiénique. Ce qui est un gage de confiance et d’assurance par rapport aux soins dispensés. » .

Anastasie (pseudo), âgée de 45 ans et alitée là-bas me révèle quant à elle que la propreté et le look de cet hôpital constituent son tout premier remède psychologique qui accompagne son traitement.

Qu’a fait l’hôpital militaire ?

Sa devise parle d’elle-même : « Un bon accueil dans un hôpital propre ». Son directeur, Dr Marc Nimburanira,  indique que tout est devenu possible grâce à  une sensibilisation régulière des garde-malades, une planification budgétaire allouée à l’hygiène et un contrat avec une agence privée de nettoyage œuvrant jour et nuit, avec un suivi-évaluation au quotidien. Le directeur ne cache pas son sourire en montrant la photo prise lors de son couronnement le 1er juillet 2017 par son Excellence le Président Pierre Nkurunziza  pour ces activités et ses initiatives. « Même le Président de la République a confirmé cette exception », se rengorge-t-il, avec raison.

Qu’est-ce qui manque alors chez les deux autres hôpitaux alors que tous les deux dépendent de l’Etat ? Je rappellerais que l’hôpital est un patrimoine commun à tous et un héritage pour les générations futures. L’invitation est d’opérer un changement en emboîtant le pas à cet hôpital exemplaire et ainsi faire de ces hôpitaux des endroits propres et sereins où les malades peuvent espérer avoir un havre de paix.

 


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Les commentaires récents (2)

  1. Merci beaucoup Yaga Burundi pour cet article.
    Je suis d’accord avec l’auteur, pour la propreté qui s’observe à l’hôpital Militaire de Kamenge. Un exemple à suivre. Je voulais réagir à la dernière question en bas du texte. En tant qu’infirmière à l’hôpital Prince Régent Charles, un des hôpitaux que vous avez cité, j’affirme : ″ La propreté est loin d’être une réalité chez nous″. Alors, Qu’est ce qui manque chez les deux autres hôpitaux alors que tous les deux dépendent de l’Etat ?
    Connaître ce qui manque, revient à trouver la cause. Et par là, connaitre où agir pour lever le défi et avoir des hôpitaux propre garant d’une bonne qualité de soins. Voilà les raisons selon moi :
    Le leadership : Voilà ce qui manque pour les deux hôpitaux. Nos médecins directeurs sont des chefs au lieu d’être des leaders. Ils manquent d’innovation. Des idées rénovatrices, qui vont changer la routine des choses, à la manière de l’Hôpital Militaire à voir son degré d’innovation qui le caractérise .Comment un médecin directeur peut ne pas s’inquiéter avec tas d’immondices dans son hôpital alors que l’insalubrité est par ailleurs source d’infections dans un milieu hospitalier ? Ça témoigne un manque de leadership.
    L’instabilité du pouvoir au sein de l’Hôpital : Comment compter un bilan positif en matière de planification, exécution des projets et leurs efficacité en suivi-évaluation, dans un Hôpital où on change le médecin Directeur comme on change les petites culottes ? Par exemple, selon le décret n°100 /167 du 20/7/2016 nommant Dr Christine Nina NIYONSAVYE directeur de l’Hôpital Prince Régent Charles, elle a été remplacé en moins d’un an par l’actuelle, le Dr Inès Roselyne NDUWIMANA par le décret n°100/120 du 13/6/2017. Un tel défi organisationnel explique l’échec des stratégies planifiées à cet hôpital avec l’hygiène inclut. Contrairement à la stabilité de l’Hôpital Militaire qui n’a qu’un seul médecin directeur, Dr Marc NIMBURANIRA, depuis 2011. et qui étale un résultat formidable.
    La nature des malades : La plupart des malades qui fréquentent les Hôpitaux Prince Régent et Roi Khaled sont des personnes vulnérables. Des gens qui reçoivent de la nourriture et des habits par les bienfaiteurs. Ces gens ont besoin d’un espace pour préparer les aliments – une cuisine-, existante dans ces deux hôpitaux, mais inexistante à l’hôpital militaire. Pourquoi ? Parce que l’Hôpital militaire est cher et n’a pas ce genre de malades en grande quantité, comme me l’a confirmé un collègue infirmier à cet hôpital, sous couvert d’anonymat. Pour cela, les thèmes en rapport avec l’usage des poubelles, et surtout de bien emporter les déchets dans des endroits appropriés, la gestion des restes des aliments, l’usage des toilettes, le nettoyage des ustensiles de cuisine, …n’est plus un grand défi. Ce qui explique pourquoi c’est facile d’organiser une telle propreté à l’Hôpital Militaire contrairement aux deux autres hôpitaux.
    Les créances de l’Etat : Nombreuses sont les patients qui se font soigner sur les comptes de l’Etat(les enfants de moins de cinq ans, les femmes enceintes, les prisonniers, …) sans que celui-ci ne s’empresse de payer. Ces créances pèsent lourd sur le fonctionnement des Hôpitaux. Cela fait que les hôpitaux n’arrivent plus à honorer leurs engagements et sont presque en cessation d’activités, celui de l’hygiène et d’entretien y compris. Contrairement à l’Hôpital militaire qui est financé par des bailleurs internationaux dans les programmes du ministère de la défense en maintien de la paix à l’étranger, la situation est dramatique pour les autres hôpitaux. Pour l’hôpital Roi Khaled, en fin 2012,un gouffre de deux milliards et demi (2.458.991 484Fbu) d’arriérés de subsides, et plus d’un milliard (1 363 762 851Fbu) de créances en février 2013 des différents ministères. En 2014, pour l’hôpital Prince Régent Charles, elles étaient évaluées « à près d’un milliard de francs burundais » (460 000 euros).

    Qu’en est-il en 2018 avec cette crise financière actuelle que connait le pays, pour comprendre que ″Impinga ikiri ndende″ pour des hôpitaux publics propre à Bujumbura. Coup de Chapeau à l’Hôpital Militaire de Kamenge qui nous donne une lueur d’espoir.

    1. Waouh, Merci beaucoup pour ta noble contribution.
      J’aime beaucoup votre contribution qui est si riche et témoigne que vous étiez vraiment intéressée avec l’Article. L’hygiène sanitaire est  »Karahara mu ruganda ntibacura » et merci de compléter mon article. J’aime votre réflexion qui est si nourri en chiffres et qui trouve les causes d’une telle situation qui prévaut dans les hôpitaux de Bujumbura. En vous lisant, je vois que vous essayez d’étancher cette question : »Si l’hôpital militaire de Kamenge est propre, pourquoi pas le Vôtre? » Avec une telle raisonnement, tu contribue à améliorer la santé de cette pays et j’espère que les concernés vous lirez comme je vous lis en ce moment, et que des changements remarquables surviendront bientôt. je vous remercie en tant que auteur de ce billet d’article. merci beaucoup Painette.