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Buganda: la gent féminine encore victime des stéréotypes sexistes

On vous parlait dans un dernier article du combat des jeunes  de Ruziba  face à un chômage qui  continue de faire son bonhomme de chemin. A Buganda, dans la province Cibitoke, si la situation n’est pas si différente, les jeunes du coin  disent être vent debout contre ce fléau. Le seul hic, la gente féminine reste à l’écart.

Une petite anecdote pour commencer. Il y a quelques jours, l’agence routière, annonçait sur Twitter que les travaux de rénovation du tronçon Chanic-Aéroport sont déjà exécutés à 85%. Le tweet n’avait pas été sans susciter de vives réactions, généralement pour botter en touche cette affirmation. Actuellement, il faut dire que les travaux avancent à pas de géant, au grand plaisir des usagers de cette route. 

Vous devez vous demander : « C’est quoi le rapport avec Buganda? ». Eh ben, le voici. Cette route, c’est en fait la RN5, Bujumbura-Cibitoke, la province dont Buganda fait partie. Récemment rénovée, elle fait la fierté de ses utilisateurs, ceux de Cibitoke, de Buganda pour le cas qui nous concerne. Eux pour qui se rendre à Bujumbura n’était pas une douce sinécure. Actuellement, la route est des plus mouvementée. A Buganda, lorsque nous y sommes passés,le trafic y est intense. Un trafic de vélos pour l’essentiel. Ici, hommes et femmes, tous sont à l’aise à califourchon sur ce qui fait figure de principal moyen de locomotion pour les habitants du coin. Et la scène est des plus normale pour les habitants ou ceux qui aiment s’y rendre : « Je ne sais pas ce que je ferais sans mon vélo », avance fièrement Nicelatte rencontrée à l’entrée de la commune. Elle avoue profiter au maximum de la RN5, sur le point d’être entièrement rénovée.

Seul bémol, tempère-t-elle, « c’est la détérioration de quelques parties de cette infrastructure récemment réhabilitée : côté Nyamitanga, lorsqu’il pleut, rouler à vélo n’est pas une partie de plaisir. Les inondations s’invitent et ce n’est vraiment pas beau à voir. Il faut procéder vite à la réparation ». 

Au-delà de la fiertéde la RN5

C’est un avant-midi d’un certain mardi lorsque nous arrivons au chef-lieu de la commune Buganda, tout y est calme. Jeunes et moins jeunes sont là, à chercher de quoi mettre sous la dent avec le petit commerce. Juvénal, la vingtaine tient une boutique remplie d’articles variés :« Ici à Buganda, l’heure est au travail. Les gens s’occupent  utilement. Ils ont compris qu’il n’y a plus de manne tombant du ciel pour eux. ». Cette affirmation, elle est aussi de Jean Claude, représentant des jeunes au niveau de la commune Buganda. Pour lui, fini les querelles politiques du passé. L’heure est aux projets de développement.

Aux projets de développement certes, mais les femmes, les jeunes filles ne sont pas toujours à l’aise dans leur quête de développement. Tout un tas d’obstacles les bloque. De l’aveu du conseiller économique de la province Cibitoke Ruben Tubirabe, les barrières culturelles sont toujours là pour bloquer la femme. Elle  qui  ne bénéficie toujours pas certains droits, comme celui à la propriété foncière, ce qui constitue un obstacle pour son développement. Un point de vue partagée par Jeanne-Marie Citegetse, conseillère socioculturelle dans la même province, elle qui pointe du doigt  l’éducation  familiale qui  privilégie la gent masculine. Pour elle, aussi longtemps que la femme restera écartée, il est difficile  d’avancer. Difficile  parce que pour elle cette mise à l’écart  semble être instituée culturellement quand bien même certaines femmes tentent de se relever.  « Une situation qui doit changer, maintenant que certains hommes vivent du  labeur de leurs femmes », comme l’appelle de son vœu Jeanne-Marie Citegetse.

Et ils sont nombreux comme l’atteste la numéro deux de la colline Kansega : « Venez voir chez nous. Vous serez étonnés de trouver des hommes assis devant des bistrots même dans l’avant-midi, en train de consommer de l’alcool et des boissons prohibées. Et ils font tout ça sur base des stéréotypes sexistes qui ont toujours pignon sur rue parmi la gente masculine de notre commune ».

S’il est vrai que la rénovation de la  RN5 a été un coup de pouce pour le développement de la commune Buganda et de la province Cibitoke en général, ils sont presque unanimes à affirmer que ce développement n’est pas encore inclusif. Jeanne, conseiller socio-culture de la province Cibitoke ne le conteste pas. Pour elle, la femme de Buganda reste victime des barrières culturelles qui bloquent  toujours son développement. Le chemin est encore long et les femmes sont loin de s’en sortir, quand bien même il faut reconnaître certaines avancées.

Cet article s’inscrit dans le cadre du projet EEYP – Economic Empowerment of Youth towards Peacebuilding and Crisis  Prevention in Burundi  soutenu  par  IFA  & GFFO et exécuté par WAR CHILD  et  AJEBUDI-YAGA

 

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