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A Buganda, l’inclusivité des coopératives en question

Avec  dix  millions BIF de financement à la clé, les coopératives ont pignon sur rue ces derniers jours. En tout cas sur le plan du discours politique, c’est l’un des grands projets du moment. Le hic, à travers tout le pays,  des voix dénoncent l’exclusion que pratiquent certaines de ces coopératives. La commune de Buganda de la province Cibitoke ne fait pas exception. Le point. 

Une petite parenthèse pour commencer. Vous vous rappelez peut-être des lamentations du président de la République à propos des infrastructures qui se dégradent peu de temps après leurs constructions. Il n’avait pas tort. Pour s’en rendre compte, il suffit d’emprunter la RN5, la route Bujumbura-Cibitoke. Pour  rectifier le tir, SOGEATOM SATOM, exécuteur des travaux, est entrain de rénover les parties endommagées : «  Inadmissible, ce délabrement de la route après quelques petites années », se lamente N.O qui emprunte  la route  chaque semaine.  

Buganda, et c’est une autre parenthèse, a vu une grande partie de ses constructions aux abords de la RN5 détruites dans le sillage des constructions anarchiques. « On est resté sans voix après toutes ces destructions. J’attends de voir le look de notre centre communal quand tout ça sera terminé », évoque avec regret Aline, vendeuse des unités de recharge téléphonique, assise sous un parapluie.  La jeune femme, lauréate de l’école fondamentale dit se tourner aux coopératives pour essayer de survivre « maintenant que les chances de continuer les études sont minces ». 

Les coopératives justement, parlons-en 

C’est Aminadab, un jeune homme de 30 ans qui n’y va pas avec le dos de la cuillère.  Lui, il  met en procès les coopératives du coin, de sa colline, accusées de briller par l’exclusion: « j’ai voulu intégrer la coopérative Sangwe de ma colline. La condition ? Débourser 27 mille BIF. Sauf que là aussi, pour des raisons que j’ignore encore, je n’ai pas pu intégrer la coopérative ».  

Autre colline, autre situation. C’est ce qu’avance un jeune homme de la colline  Murambi. Ce jeune homme de 24 ans vente le succès des coopératives. « Des projets en cours réussissent. C’est donc prometteur ».  Face aux accusations d’exclusion, le jeune homme botte en touche.  « Le seul parti au pouvoir ? Non, je ne crois pas. On est de plusieurs partis politiques ».

 L’exclusion (en l’occurrence des femmes) ? Ces lamentations, Alexis Sibomana, Secrétaire Exécutif Permanent de la commune Buganda reconnaît les entendre souvent. Il reconnaît aussi des difficultés de certaines coopératives. Les raisons ? Des projets qui ne réussissent pas et qui sont mal gérés, des responsables de coopératives qui bouffent l’argent et qui s’en aillent.  

 120 millions BIF en stand by

« Sangwe pour le parti au pouvoir ? Faux. Il est vrai, le parti a pris les devants pour sensibiliser au regroupement dans les coopératives. Peut-être que les gens se sont dits : finalement, c’est un truc du parti. Mais en réalité, c’est le programme du gouvernement. C’est pour toute la population », tente de tranquilliser ce responsable communal.  

« D’ailleurs, précise-t-il,  sur les comptes de la commune, 120 millions BIF sont en entente de preneurs, de projets. Mais le souci, c’est que les projets soumis sont des fois en déphasage avec les priorités du gouvernement ».

 Et l’argent des coopératives perdues, comment le récupérer ? Quelle responsabilité ? De l’aveu même du Secrétaire Exécutif Permanent, les gens pensaient que l’argent, c’était pour eux. Ils le consommaient. Et d’apporter une nuance de taille : « Actuellement, c’est la commune qui gère. Et c’est elle qui prend les responsabilités. L’argent est remis sur les comptes des communes. Il sort en cas projet viable ». 

Pas encore de  remboursement

Jusque-là, aucune coopérative n’est en mesure de rembourser les dix millions de prêt qu’elle a reçus. « Le début a été chaotique. Il n’y a toujours pas de rentabilité. Ce n’est pas une faillite certes, mais le remboursement se fait toujours attendre ». Maintenant,  avertit  M. Alexis Sibomana, en cas de défaut de paiement dû à une quelconque irresponsabilité, Reta mveyi dit aussi « Reta mpanyi » va sévir ! 

Cet article s’inscrit dans le cadre du projet EEYP – Economic Empowerment of Youth towards Peacebuilding and Crisis  Prevention in Burundi  soutenu  par  IFA  & GFFO et exécuté par WAR CHILD  et  AJEBUDI-YAGA

 

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