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L’absentéisme aux amphithéâtres : le mal et ses racines

Il y a quelques jours, un ami se moquait de moi après avoir vu circuler sur les réseaux sociaux un communiqué d’une faculté de l’Université du Burundi (UB), qui rappelait que la vérification de présences aux cours et aux stages était obligatoire. Une situation qui laisse à penser que l’absentéisme devient monnaie courante chez les étudiants…, et il a raison malheureusement. Voici pourquoi. 

Si le phénomène ne date pas d’hier, il prend de plus en plus de l’ampleur et les raisons pour le justifier sont nombreuses. Mais celle qui revient le plus est le retard de paiement du fameux prêt-bourse.

Il y a quelques jours, la déclaration du Bureau des bourses d’études et des stages, affirmant que le prêt-bourse était versé régulièrement et sans retard aux étudiants en ordre, avait indigné la communauté estudiantine, puisque le retard, assurent les étudiants, peut durer plusieurs mois.

Prêt-bourse : coupable ou bouc émissaire ?

Schadrack raconte : « Bien sûr que je m’absente si besoin. Je viens de l’intérieur du pays dans une de ces communes dont on a du mal à prononcer le nom et je n’ai pas de famille ici à Bujumbura. De temps en temps, je déniche un petit travail pour survivre, car la bourse n’arrive jamais à temps. Alors si pour survivre je dois faire l’école buissonnière, je n’ai pas le choix ».

La situation est presque pareille pour Julie* venue à Buja pour faire ses études. Elle a vite déchanté quant à la vie dans le campus de l’UB. Sans le sou et une bourse à la traîne, elle a cherché un travail de serveuse dans un bar et s’est lancée dans un petit business avec ses copines. « C’est dur pour les filles de trouver un travail honnête ; les gens essayent de profiter de notre vulnérabilité. Je m’absente en cours souvent car je suis trop fatiguée d’avoir travaillé toute la nuit. Des fois, je travaille du matin jusqu’au soir, donc je ne vais en cours que quand je peux. Il n’est pas rare de faire un examen d’un prof qu’on a jamais vu », déplore la jeune demoiselle. 

Hélas cela n’est pas sans conséquences puisque ce comportement est en effet pénalisé par le règlement académique qui exige la présence au cours de 2/3 du volume horaire faute de quoi on n’a pas le droit de passer l’examen en 1ère session. Les moins chanceux finissent par abandonner leurs études.

Ventre affamé n’a point d’oreilles 

Si de toute évidence ce comportement est déplorable, les étudiants ne sont pas les seuls responsables et ce n’est pas qu’une question de paresse comme certains de leurs professeurs le croient. Il faut une réforme du système de prêt-bourse avec un accent particulier sur le non-retard de ce paiement capital pour la survie des étudiants. Sinon, on est en droit de se poser des questions sur l’avenir d’un pays dont la jeunesse « intellectuelle » n’a jamais visité un amphithéâtre.

 

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