Depuis la présence des célibataires géographiques à Matana et dans ses environs en raison des différents chantiers de construction (barrages hydro-électriques Jiji-Murembwe, route reliant Bururi et Gitega), des accusations ont été lancées à l’endroit de ces « nouveaux habitants » et non sans raison. Actuellement, la situation semble s’être améliorée. Qu’est-ce qui a changé la donne ?
« Les travailleurs de ces chantiers sortaient souvent avec les filles du coin, en majorité de l’école secondaire », témoigne Alexine (nom d’emprunt), qui a travaillé au chantier, dans le service logistique pendant près de 2 ans. D’ailleurs, « cela prenait vraiment une ampleur inquiétante », se rappelle tristement notre interlocutrice.
Et les chiffres des grossesses non désirées qui ont été enregistrés sont venus comme pour confirmer la nouvelle tendance. Pas moins de 283 cas de grossesses non désirées enregistrés les trois dernières années en province Bururi, coïncidant avec l’arrivée de tous ces nouveaux occupants. Les communes de Songa et Matana sont en tête de liste, ces dernières étant les plus proches de ces chantiers.
Et même dans le rapport des données sur les grossesses des élèves, édition 2020-2021, du Ministère de l’Education Nationale et de la Recherche Scientifique, données enregistrées par province et par année, la province de Bururi vient en tête.
« Ce nombre de cas a augmenté dans la province de Bururi depuis l’arrivée de ces célibataires géographiques », reconnait Juvent Ndayikeza, directeur de cabinet du gouverneur de Bururi.
Et des mesures fortes furent prises
Face à cette situation, l’administration s’est concertée avec les responsables de chantiers pour y remédier. Un code de conduite a été présenté aux « nouveaux habitants ». Désormais, il n’est plus question que les camions et autres voitures de ces personnes circulent dans la ville de Matana au-delà de 19h. Les employés vont et rentrent du boulot ensemble. Un employé qui est attrapé en train de faire la cour à une jeune fille de la localité s’expose à des sanctions allant jusqu’au renvoi, des actes d’engagement, numéro de signalement de cas suspects et j’en passe.
Des sensibilisations ont également été faites par différents intervenants pour orienter, en cas de besoin, vers des structures de soins, pour conseil et autres services de santé sexuelle et reproductive.
Il faut dire que cela n’a pas tardé à donner des effets. Des mises en garde par ici, par-là, des sanctions avec même des renvois ont été infligées à des récalcitrants. A titre d’exemple, deux employés de ces compagnies ont été sommés de quitter Matana et renvoyés de leur boulot à cause de leur méconduite.