La société burundaise n’est pas en reste quant aux effets de la mondialisation. La femme burundaise tendrait actuellement à être jaugée sur son apparence, là où dans la tradition son honneur reposait sur son utilité. « De Charybde en Scylla ? », s’inquiète le blogueur Cédric Bahimpundu.
On les voit souriantes, sur-maquillées et parfois légèrement vêtues. Regards langoureux, postures licencieuses, bustes et postérieurs généreux mis en valeur. Elles, ce sont les femmes que la dictature de l’image nous impose. Par les jours qui courent, médiatisation aidant, le paraître de la femme phagocyte littéralement son être. C’est même devenu un canon, pour représenter les valeurs nationales, la culture et leurs pairs, la jeune femme doit être en règle avec une panoplie de règles corporelles, allant du poids à l’âge en passant par la taille. « «Tous ces concours de beauté sont la grand-messe de la chosification de la femme », s’insurge Louise, femme au foyer.
Barbie ou rien
« Là où je travaille, ça tergiverse pas. La tenue d’une femme doit être moulante et courte avec un décolleté plongeant ». Le cas de Santiana (pseudo), réceptionniste dans un hôtel à Bujumbura est bien loin d’être isolé. Triste constat : le sex-appeal de la gent féminine tend à être consubstantiel à la féminité elle-même. Comme quoi être vraiment femme reviendrait à avoir une allure de bimbo, des traits d’une Barbie et une morphologie d’une actrice de téléréalité ou des trop adulées telenovelas sud-américaines.
Sur la longue liste des violences dont sont victimes les femmes, cette codification effrénée des canons de beauté, avec son faux semblant gentleman, je trouve, y a sa place. Respectables sont celles qui osent exprimer leur ras-le-bol. « Je n’aime pas du tout ces compliments genre : t’as une poitrine de ouf, t’as des superbes fesses. Je ne supporte pas être réduite à mon physique. Nous valons mieux que ça, bon sang ! », fulmine Nelly, dactylo dans un secrétariat public.
Superfemmes occultées
Dans un de ces morceaux, Nzeyimana Thomas, connu sous son nom de scène Mkombozi rend hommage à celles qu’il qualifie de superfemmes. Parmi elles, aucune n’a des airs de nymphette. Loin de là. Pourtant, leurs marques dans la société sont indélébiles. En témoignent récompenses et distinctions qu’elles amassent çà et là. Elles sont des preuves que la femme est forte, peut se battre même sur des fronts périlleux. Tout ça sans atours glamour. Malheureusement elles ne sont pas souvent prises comme modèles.
Je ne suis ni moraliste ni sympathisant de je ne sais quelle théorie réactionnaire. Néanmoins l’idée qu’une personne soit jugée par son apparence que par ses compétences ne me laisse pas indifférent.
A relire:
- 8 mars: certaines réclament égalité quand d’autres rêvent novelas
- Et si le Burundi était une femme ?
- Foyer ou travail ? Le grand dilemme des femmes burundaises
Je sais pas mais j’ai tendance à penser qu’elles même se plaisent dans ce jeu.
Si t’es avec une femme et que tu lui fais pas souvent ces genres de « compliments « ,
Tu vas te faire passer pour une personne qui ne tient pas aux détails, du style tu t’en fiche.
Je suis d’accord avec toi Cédric.
Nous valons plus mieux que notre apparence physique.Je trouve que c’est en quelque sorte un asservissement qu’elles subissent. Quand je pense à toutes ces femmes et filles qui sont obligées de s’exhiber motif elles sont réceptionnistes dans une banque ou un hôtel ça fait vraiment mal. On réduit la femme à un objet,un instrument de marketing. Impossible,c’est vraiment inhumain.Cette pratique doit être éradiquée.
Un billet intéressant,merci Cédric d’avoir soulevé cette problématique.