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La mobilité urbaine : un casse-tête qui n’en finit plus !

C’est un secret de Polichinelle, la ville de Bujumbura connaît un problème de mobilité. Des longues files d’attente aux nids de poule (de véritables cratères pour certaines artères) en passant par la vétusté des bus de transport en commun, se déplacer dans la capitale économique devient de plus en plus compliqué et la sécurité routière en prend un coup. Revenons sur les grands défis auxquels est confrontée la mobilité urbaine.

C’est la récente mesure du ministre de l’intérieur de restreindre les zones de circulation des taxi-vélos, des taxi-motos et des tuk tuk qui a remis la question sur le tapis. Il a évoqué la sécurité routière pour justifier la mesure (plutôt drastique). La sécurité routière, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, pose réellement problème. Mais à y voir de plus près, les taxi-vélos, les motards et les tuk-tuk ne seraient-ils pas la partie immergée de l’iceberg?

L’arbre qui cache la forêt ?

H.S, proche de la trentaine, a une voiture pour son usage personnel. Nous l’avons rencontré à son bureau. Lui trouve que le premier problème est l’indiscipline qui caractérise certains conducteurs. Et de nous raconter le calvaire qu’il a vécu le matin même dans un bouchon de 3 files. Une dame au volant d’une grosse jeep qui voulait à tout prix dépasser alors qu’il y avait un embouteillage monstre. « Si elle avait été punie, peut-être qu’elle ne recommencerait plus à ignorer les règles élémentaires de la conduite », déclare-t-il avant de clore notre conversation.

N.J, 26 ans, est un chauffeur d’un vieux bus de Nyakabiga. Il était garé à la 9è avenue de cette zone, attendant les clients quand nous l’avons abordé. Nous avons eu une brève réponse sur la question des problèmes de mobilité à Bujumbura, avant que son convoyeur ne lui lance un pressant, « Shoferi twende !» : « On dirait que les policiers ne servent qu’à soutirer des amendes. Certains chauffeurs ne respectent pas le code de la route et ils (les policiers) ne disent rien ».

Pour comprendre les problèmes qui se posent en ce qui concerne la mobilité urbaine, nous nous sommes rendus dans une maison spécialisée dans la sécurité routière. Nous voilà au Bureau d’Etudes, Expertises et Conseils en Automobile (BECA). C’est Pacifique Nsabimbona, le directeur général (DG) qui nous accueille.

3 éléments pour comprendre la sécurité routière

« Il faut comprendre que la sécurité routière implique 3 éléments, à savoir : l’infrastructure, le véhicule et les usagers », annonce M. Nsabimbona, un brin solennel, après les salutations d’usage. Et d’affirmer que quand il s’agit de parler de la problématique de la mobilité urbaine à Bujumbura, ce sont les 3 composantes qui sont toutes concernées.

Concernant les infrastructures, il trouve qu’elles n’ont pas été adaptées à l’évolution socio-économique du pays. La planification d’une infrastructure doit s’adapter à son environnement. Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas. L’expert donne pour exemple la nouvelle route de l’aéroport. Elle a été bien faite, mais dans sa conception, on n’a pas tenu en considération le flux de vélos qui est plutôt intense dans cette zone. Le mieux, selon cet expert, serait de faire un audit de la sécurité routière de l’infrastructure à construire.

En ce qui concerne les véhicules, certes, leur nombre a sensiblement augmenté, mais l’évolution des infrastructures n’a pas suivi, d’où peut-être les mesures drastiques comme celles qui viennent d’être prises à l’encontre de certains usagers de la route. Quant aux véhicules de transport dont les portes donnent sur la chaussée, posant ainsi de graves problèmes de sécurité, M. Nsabimbona rappelle qu’une ordonnance (ordonnance ministérielle n° 730/068) interdisant leur importation avait été prise en 2005. Où en est sa mise en application, s’interroge le DG de BECA. Les véhicules dits ‘’main-gauche’’ sont légion à Bujumbura. Mais ils ne sont pas un gage de sécurité, car quand il s’agit de dépasser, le chauffeur est du mauvais côté.

L’éducation est le maître-mot

En ce qui concerne les usagers de la route, le maître-mot doit être l’éducation. Il faut une éducation à la sécurité routière pour éviter des drames. Oui, il y en a qui vont dans les auto-écoles pour avoir des permis de conduire. Mais la sécurité routière nous concerne tous, aussi bien les automobilistes que les piétons. Mais où trouver des notions sur la sécurité routière ? M. Nsabimbona pense que des séances sur cette notion devraient être introduites dans les programmes scolaires. Tout cela devrait être fait par la commission nationale de la sécurité routière. Cette commission existe bel et bien. Elle a été créée en 2017. Mais le DG de BECA trouve qu’elle n’est pas pleinement fonctionnelle, car elle est composée de membres non-permanents qui occupent d’autres postes.

Nous avons sollicité le président de cette commission pour qu’il se prononce sur les défis de la mobilité urbaine qui fait l’objet du présent article, mais il nous a fait savoir que c’est le DG du transport qui est mieux indiqué pour en parler. Nous avons quand même essayé de joindre ce dernier au téléphone. Il nous a demandé de lui laisser les questions qu’on voulait lui poser pour y répondre quand il aura le temps. Après deux relances, au moment de mettre en ligne cet article, il n’avait pas encore répondu.

 

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Les commentaires récents (1)

  1. Le programme à l’éducation en sécurité routière dans les écoles est trè importante.La police aussi en charge de la sécurité routière doit bénéficier une formation spécialisée