Depuis que le ministère de l’intérieur a annoncé la démolition des infrastructures près des routes, les propriétaires essaient tant bien que mal de dégager les lieux. Pourtant, certaines maisons restent encore debout, ce qui interroge l’efficacité de la mesure.
« Laisser au moins six mètres des avenues et douze mètres des boulevards », une condition inviolable par tous les propriétaires des maisons construites près des routes de la capitale économique. C’est dans cette optique que les administratifs ont quitté les bureaux pour mettre en application cette mesure. Dans la commune urbaine de Mukaza, c’est l’administrateur en personne qui est descendu sur terrain. Ce sont les kiosques de fortune qui ont d’abord été démolis, mais même les maisons en dur qui étaient encore épargnées ont été détruites. L’avertissement était de dégager dans les meilleurs délais pour ceux qui ne s’étaient pas encore exécutés. Pareille situation prévaut également dans les communes de Ntahangwa et Muha où les habitants tentent tant bien que mal de respecter la mesure.
Anguille sous roche
Ceux qui ont déjà dégagé se demandent s’il n’y a pas un deux poids deux mesures dans l’application de la décision car certains grands bâtiments restent encore intacts. Près de l’avenue de l’université, un des anciens locataires d’un mini supermarché près de la jonction avec le boulevard de l’indépendance ne cache pas son indignation. « Nous avons été forcés de démolir nos kiosques endéans une semaine, ce que nous avons fait. Mais de l’autre côté de la route, on voit des hôtels qui continuent de prospérer alors qu’ils ne sont pas dans les normes, et cela au vue et au su de l’autorité », déplore le monsieur.
Pareil scénario se remarque dans la commune Ntahangwa près de la RN1. Les propriétaires ont dû raser leurs maisonnettes sur l’injonction de l’administration. Curieusement, le bâtiment abritant l’agence de téléphonie mobile Vietel (qui visiblement fait partie des constructions anarchiques) semble ne pas être concerné par la démolition. Salvator, un propriétaire d’une quincaillerie visée par la démolition y voit un deux poids deux mesures. « Maintenant, je cherche par tous les moyens comment trouver où m’installer, car ce qui me reste de mon magasin n’est que décombres. Regardez les voisins, eux, ils travaillent toujours », confie-t-il avec une frustration à peine voilée.
Nul ne devrait être au-dessus de la loi
Dans une émission publique récemment animée par les différents porte-parole des institutions, Pierre Nkurikiye, du ministère de l’intérieur n’y est pas allé par quatre chemins : la mesure doit être appliquée sur tout ce qui est construction anarchique. Concernant la question de ceux qui disent détenir des autorisations, Nkurikiye persiste et signe : « Ces papiers ne sont plus valides pour le moment. Que ceux qui se sentent lésés aillent demander à ceux-là mêmes qui les leur ont délivrés ».
En attendant, les moins nantis continuent de déguerpir. A quand le tour des buildings ? Les propriétaires finiront-ils par obtempérer ? Le temps nous le dira.