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Investissements privés au Burundi : le terrain est-il miné ?

Le déficit ne cesse d’aller crescendo. Pire, selon l’OLUCOME, la dette publique s’élèverait à 3689 milliards de Fbu. Une des solutions que propose l’ADB pour sortir le pays du marasme économique est la politique de substitution des importations. Mais, est-ce une bonne idée ? Notre  blogueuse s’interroge…

Il y a de cela 7 jours, un atelier de réflexion sur la mise sur pied d’une politique de substitution des importations a été organisé par l’ADB (Agence de Développement du Burundi). Le diable réside dans les détails, aime-t-on dire. De prime abord, c’est un soulagement de voir que la question est prise en main car les chiffres du déficit font froid dans le dos. Un déficit de plus de 400 milliards ce n’est pas rien quand même ! Après mûre réflexion, des questions se pointent.

On est bien d’accord que la politique de substitution des importations consiste avant tout à valoriser le Made in Burundi. Pourtant, parmi les 5 premiers produits qui nous coûtent cher à l’importation, on trouve certains des produits qu’on peut produire nous-même. Ici, on peut citer par exemple le sucre, l’engrais, la farine, le ciment. Mais…, car oui, il y a un mais, avons-nous la capacité de satisfaire notre propre demande et ainsi économiser des devises ? Les chiffres sont plus éloquents, en 2020, la consommation du sucre s’élevait à 43 219 tonnes alors qu’on a produit que 20 434 tonnes.

Si l’adoption de cette politique ne bénéficie pas de mécanismes d’accompagnement, j’ai bien peur que ça finisse en queue de poisson.

Un code des investissements qui ne fait pas de cadeau

Selon Didace Ngendakumana, pour promouvoir les exportations, il faut soutenir les industries burundaises à produire plus, qualitativement et quantitativement.

Cependant, le fameux code des investissements récemment adopté ne semble pas privilégier nos investisseurs locaux pour ce qui est des avantages. Cette loi prévoit que le capital minimum pour pouvoir bénéficier des avantages de la dite loi est de 500 mille dollars américains et l’équivalent en Fbu pour les nationaux.

Si l’on considère que les grands contributeurs ayant plus de 700 millions de francs burundais par an étaient au nombre de 494 sur une période de 2010 à 2021, il y a un risque que les investisseurs locaux soient découragés. 

Seuls 8 investisseurs étrangers avec un capital de 50 milliards de Fbu

Le rôle des IDE (investissements direct étrangers) n’est plus à démontrer. Pourtant, dans un rapport de la CNUCED paru récemment, le Burundi ne figure pas parmi les pays les plus courus par les investisseurs. Bien plus, lors de l’année 2021, 8 investisseurs étrangers avec un capital de presque 50 milliards de Fbu ont été enregistrés, donc à peu près 246,1 millions USD contre 233,8 millions USD en 2020. Oui, il y a eu une amélioration, mais la route est encore longue.

Lors du forum national de développement, toute une gamme de recommandations a été faite sur l’attraction des investisseurs par les différents intellectuels renommés du pays. On peut citer, entre autres, la facilitation du climat des affaires, l’octroi des exonérations, mais aussi l’arrêt de la politisation et de la monopolisation du secteur privé. Il serait peut-être temps d’appliquer les recommandations faites ce jour-là, pour donner un signal fort. A bon entendeur salut !

 

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