La dernière tentative de dialogue inter-burundais s’est terminée en queue de poisson. Il n’y a eu ni accord, ni déclaration commune. Si beaucoup accusent le facilitateur d’être la cause de cet échec, le blogueur Jean Marie Ntahimpera trouve que le fond du problème se trouve ailleurs.
Il est vrai que Mkapa a des faiblesses en tant que médiateur, mais il n’est pas la cause de l’impasse du dialogue. Pour moi, la vraie cause de l’échec est qu’il y a deux idéologies, deux conceptions de la démocratie qui s’affrontent et qui ne peuvent pas trouver de terrain d’entente. L’une, personnifiée par l’accord d’Arusha de 2000, soutient que tous les Burundais ont droit de cité au Burundi. L’opposition soutient l’accord d’Arusha parce qu’il l’arrange. En fait, il arrange tout le monde, parce qu’il permet à tous les groupes politico-ethniques qui ont un certain poids à avoir droit à une part du pouvoir. Et dans un pays où le secteur privé est encore très faible, et où le gouvernement reste le grand employeur, l’accès au pouvoir signifie aussi l’accès à la richesse nationale.
La loi du plus fort comme idéologie
L’autre idéologie, portée par le Cndd-Fdd, stipule que le Burundi appartient aux vainqueurs et que les vaincus n’ont aucun droit. Pas même celui d’exister. Sur les réseaux sociaux ou ailleurs, ce n’est pas rare que les militants radicaux du parti au pouvoir disent à ceux qui les critiquent : « Si vous n’êtes pas content, quittez le pays ». Même le président de la République a dit à la clôture de la Semaine du Combattant le 18 novembre, qu’il faut « donner le laissez-passer » aux « Intumva » (littéralement « les sourds »), un mot pour désigner les opposants. « On se rencontrera au ciel », a-t-il conclu, sous les applaudissements des militants en liesse. Normalement, au Burundi on dit « tuzohurira mw’ijuru » pour dire adieu aux morts. En utilisant ce terme, le président considère soit que l’opposition est déjà morte, soit qu’elle est en train de se désagréger. Dans tous les cas, dans l’imaginaire du Cndd-Fdd, l’opposition n’a pas de place dans le pays.
Mais pourquoi le parti à l’aigle soutient une idéologie aussi destructrice ? Parce qu’elle l’arrange tant qu’il est au pouvoir. Mais si cette idéologie confère des avantages à court terme, elle finit par détruire ses promoteurs car ils ne garderont pas le pouvoir indéfiniment. Quand le glas sonnera, les nouveaux vainqueurs leurs donneront « le laisser-passer » et « ils se rencontreront au ciel », peu importe ce que cela signifie. Et on se retrouvera en enfermé dans un cercle vicieux, duquel il sera difficile de s’extirper.
Wavuga nuko atabo ubwira !