Contrairement à ce que pas mal de personnes pensent, parmi les victimes des violences basées sur le genre (VBG), on compte aussi les hommes. Par ailleurs, que ce soit en milieu rural ou intellectuel, rares sont ceux qui osent le dire tout haut. Briser le silence et en parler est-il possible ?
Le centre Seruka qui reçoit et prend en charge les victimes de diverses formes de violence indique que pour l’année 2019 au Burundi, 91 cas de VBG masculins contre 1276 féminins ont été enregistrés. Ces violences peuvent être d’ordre physique, psychologique, économique ou sexuel.
Une virilité remise en cause
L’exemple de violence physique qui a fait le buzz sur les réseaux sociaux, a lieu la nuit du 28 janvier 2020. Un homme est brûlé par sa femme en zone urbaine de Kamenge en mairie de Bujumbura. Hospitalisé, il refuse carrément une interview. Mal en point, sur le lit d’hôpital, il répond fermement à un journaliste : « C’est juste un malentendu. C’est entre moi et ma femme. Je ne veux pas que les médias s’en mêlent ! »
L’affaire sera résolue en famille. Eh, oui ! La tendance est que les hommes préfèrent garder le silence lorsqu’ils sont agressés particulièrement par leurs femmes. Dans la plupart des cas, de telles histoires sont chuchotées de bouche à oreille. Mais les hommes supportent et souffrent de l’intérieur. Leur virilité remise en cause, ils se montrent surtout réticents quant à la prise en charge.
Jusque-là, ils endurent
Adrien* est un commerçant intellectuel et marié depuis six ans. En apparence, il forme un « couple parfait » avec son épouse. Pourtant, ce qu’on croit réserver aux femmes lui arrive souvent. Il est parfois insulté en public, au cabaret ou avec ses amis. Pour lui, c’est pour préserver sa famille, surtout pour le bien de ses deux enfants, qu’il ne dénonce pas sa femme. « Chaque jour, je me dis qu’elle va changer et qu’on va rétablir la situation. Sauf que cela fait un an que ça dure », fait-il remarquer.
Gloriose Nyakuza, infirmière et chargée des statistiques au centre Seruka, explique : « À vrai dire, les Burundais n’ont pas encore compris l’importance d’une prise en charge psychologique. Ils viennent lorsqu’il s’agit d’un abus sexuel et dans la plupart des cas, ce sont de petits garçons. Le peu de cas d’hommes adultes qu’on enregistre sont de ceux qui font semblant d’accompagner quelqu’un à notre centre. La majorité étant des victimes d’abus sexuels inquiets d’attraper le VIH/SIDA ».
Le viol d’un homme adulte est loin d’être une histoire inventée. Marc, un étudiant de 28 ans en est la preuve vivante. Violé par son colocataire, il raconte ce cauchemar qui le hante depuis : « Je suis rentré fatiguer ce jour-là, je me rappelle. Je suis parti me coucher aussitôt. Je me suis endormi après quelques instants. Une douleur bizarre dans mon derrière m’a brutalement réveillé, mon colocataire, un homme, venait de me violer. Je me suis bien sûr défendu, ce qui a alerté l’entourage et l’administration. J’en garde une blessure ! J’étais contraint d’aller au centre pour me protéger des maladies sexuellement transmissibles ».
« Niko zubakwa »
La différence entre la zone rurale et urbaine d’après le centre Seruka, est que dans la première, ils dénoncent difficilement, et dans la seconde, ils encaissent. Dans la peur d’être vu comme celui qui est dominé par sa compagne, les citadins subissant des violences dans leurs foyers font comme si de rien n’était. Même celui qui se casse un bras lors d’une dispute, dira au voisinage : « C’est rien, j’ai juste trébuché sur un jouet mal rangé du bébé ».
Madame Nyakuza affirme : « L’homme est le chef de famille, admettre qu’il a été violé ou frappé met en cause sa valeur d’homme. En plus de cela, la société burundaise est très conservatrice. Le concept de ‘niko zubakwa’ est plus qu’ancré dans les couples ».
Malgré les stratégies de lutte contre les VBG, comme la sensibilisation partout à travers les réseaux de victimes, les chiffres continuent de croître. Certes les violences conjugales subies par les hommes sont beaucoup plus souvent physiques que sexuelles. Cependant, rompre le joug du silence reste une bataille à mener.
*Nom d’emprunt
Pas possible… être viole par son colocataire en plus un homme comme toi,,,, Mon Dieu Ayez pitié de nous. Marc Pole sana
Je suis d’accod avec le contenu de l’article.Les hommes aussi sont des victimes des violences conjuguales tout comme les femmes.Mais aussi l’information sur la prise en charge psychologique n’est pas disponible.Le centre Seruka devrait se faire connaitre d’avantage a Travers les media et les pouvoirs public.