Le 19 novembre de chaque année est célébrée la journée internationale des hommes. Un moment de rappel que les hommes sont eux aussi victimes de violences, de discriminations et de préjugés malgré les idées reçues. Témoignage d’Yvan*, dont le père fut victime de violences de la part de son épouse.
Mon père : un homme battu, humilié, privé de cette virilité qui est si importante dans notre société. J’avais 12 ans à cette époque-là. Mon père venait de perdre son emploi et seule ma mère travaillait dans une ONG. C’est elle qui assurait toutes les dépenses familiales. Tout bascula quand maman commença à rentrer très tard, ivre quelques fois. Quand mon père levait la voix pour demander, c’étaient des injures : «Toi tais-toi! Tu sais très bien que t’es un vaurien qui ne peut même pas faire vivre sa famille. Alors, comment oses-tu me demander d’où je viens ? Dégage ou tu dormiras dehors avec le groom». Seuls ceux qui ont vécu cette situation peuvent comprendre le traumatisme qui en résulte. Après, mon père subira des coups, des humiliations, harcèlement psychologique, des cris, des menaces, et tout ça devant nos yeux, mon frère, ma sœur et moi.
Quand mon père a décidé de quitter le domicile, il a voulu avertir la police de ce qui lui était arrivé. Il n’a reçu que du mépris. Cela a été assez drôlement pris par les autorités, mais aussi par notre entourage : «Un homme qui se fait frapper par sa femme, c’est une tapette!». j’ai entendu tout ça. Les gens rigolaient plus qu’autre chose. Je me souviens autour de moi, ces petits sourires, mi-gênés, mi-narquois à l’énoncé du sujet : hommes battus. Par qui ? Ils ne peuvent pas se défendre? Je ne pense pas qu’ils auraient réagi de la même façon si la situation avait été inversée. Résultat, mon père est parti, sans enfants, sans maison, seul. Il ne s’en est jamais remis.
Un cas pas exceptionnel
Dans l’inconscient collectif des Burundais, un homme battu, ça n’existe pas, il n’y en a que pour les femmes. Il n’y a qu’à regarder le nombre d’organisations venant en aide aux femmes battues ou violées. Selon le président de l’Association pour la protection des hommes et de l’homme en détresse au Burundi, « les hommes qui subissent des violences au sein de leur couple ont souvent du mal à les dire et à se confier, car on se moquera d’eux en disant qu’ils ne sont pas assez forts, pas assez virils en raison du préjugé selon lequel les hommes sont plus forts que les femmes, et qu’un homme battu par une femme n’est plus vraiment un homme ».
Si peu d’hommes osent briser ce tabou, certains chiffres permettent de dire que cette violence existe bel et bien : au centre Humura à Gitega, sur 1334 victimes de violences reçues en 2015, les hommes occupaient 10,27 %. En 2016, ils occupaient 12 % alors qu’en 2013 ils étaient 7,72 %. Sur le plan national, selon le ministère des droits de la personne humaine, sur 22482 cas de violences baséesr sur le genre reçus en 2016, les hommes occupent 20,91 %. Si ces chiffres sont largement inférieurs à ceux des femmes victimes de violences conjugales, peuvent-ils pour autant être ignorés, d’autant qu’il pourrait y avoir plus d’hommes concernés?
Alors que les violences faites aux femmes font – à raison – l’objet de campagnes très médiatisées, Yvan* y voit une sorte d’iniquité, dans la mesure où l’homme est toujours perçu comme l’«abuseur» et la femme la victime. Ce qui est faux.
*le nom a été modifié pour des raisons d’anonymat
Monsieur Yvan, je suis desolee d’entendre une telle histoire et ce n’est pas facile surtout dans notre societe. Je pense que votre pere est un homme digne, un homme qui n’a jamais ose leve sa main contre la mere de ses enfants est un heros. Si ce sujet etait porte a la radio ou a la television, il y aurait plus de visibilité et on pourrait mieux prevenir ou lutter contre cette violence. Merci de partager votre histoire honnetement.
Merci beaucoup pour ce témoignage, qu’il y ait des personnes qui osent en parler est tout à fait extraordinaire. Je suis surtout surprise par les chiffres,c’est plus dramatique que je ne le penser
Merci a Yvan pour ce temoignage. C est vrai il y a bca d hommes qui subissent des violences conjugales mais restent dans le silence par peur du qu en dira t on ! de la societe!! Levez vous tous et briser ce silence! Une violence est une violence! Ell.n est ni feminine ni masvuline!! Meme les femmes se sont et ont garde secret autours de cette violence pendant des siecles « Nikwo zubakwa » . C a a pris d temps a nos organisations feminines pour les faire sortir de leur silence et enfin denonce