Le tabou plane sur tout ce qui est en rapport avec le sexe : les organes sexuels, leurs appellations, y compris leurs pathologies. Et cela n’est pas sans retombées. A force de passer sous silence la douleur de ses testicules, Tony, 23 ans, a fini par en perdre un.
Tout a commencé en dernière année d’école secondaire. Une douleur testiculaire me tenaillait fréquemment. « Ngo uwuja gukira indwara arayirata ? » Eh ben cela m’était inenvisageable. La première option pour moi, n’était pas de me rendre dans une structure de soin… Jamais !
J’éprouvais une sorte de honte à me plaindre et une gêne de montrer mes parties intimes à une tierce personne. Je balayais d’un revers de main les conseils de mon ami qui m’exhortait à voir un médecin. Et d’ailleurs, une fois venue, cette douleur ne durait que quelques minutes. Résultat, j’ai fini par l’apprivoiser et l’ai enfermé dans un cocon de silence durant plus de deux ans.
Rendez-vous avec le pire
Un certain après-midi, je fais ma sieste. Dehors, il pleut. Soudain, un mal de chien surprend mon entrejambe. C’est une douleur si lancinante qu’il sera toujours gravé dans ma mémoire. Le simple fait de se lever et marcher est un supplice. J’essaie de me calmer mais la douleur monte en flèche. Vers le soir, je finis par céder. Aidé par mon ami, je me rends dans une structure de soin du coin où je reçois un traitement antalgique.
Deux mois après, je constate qu’un de mes testicules a presque disparu. Il a beaucoup diminué en volume. Dopé par la peur, je consulte un médecin. Je lui déroule l’histoire de mes crises fréquentes, tout en mentionnant la dernière qui était très sévère. Il me prescrit un examen échographique. Le résultat de cet examen est « torsion testiculaire négligée ». Pris de panique, je demande des explications. « Le gonflement des testicules tout comme la douleur testiculaire ne doivent pas être négligés. Malheureusement, rien ne peut être fait pour récupérer ta glande. Il fallait venir juste au début de tes crises. Et pour protéger l’autre, mieux serait de le fixer», me révèle-t-il.
Un tabou qui ne devrait pas en être un
Après cette mésaventure liée à mon ignorance et ma négligence, des remords et des regrets m’ont assailli. Mais j’en ai tiré une leçon. Je me suis posé cette petite question : pourquoi je réagis si spontanément à un mal de tête, une douleur abdominale, et pas pour une atteinte d’organe sexuel ? Je me suis persuadé que la cause est ce qui est configuré en moi comme un tabou, et qui ne doit plus l’être. Aujourd’hui, je sais que mes risques de « devenir eunuque » sont non négligeables. Même avec une petite démangeaison, je saurai comment réagir.