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#NtaKoriMuKwezi : pourquoi une détaxation des serviettes hygiéniques serait salutaire

Les règles menstruelles ne sont pas optionnelles, c’est un passage obligé pour toutes les femmes. Compte tenu de la précarité menstruelle et son impact sur le développement national, la détaxation des serviettes hygiéniques serait salutaire à plus d’un titre. Explications.

Nous parlons d’un gros défi. Avec 65 % de la population burundaise vivant en dessous du seuil de pauvreté, 2500 FBU par mois est une petite fortune. Sortons la calculette. Une Burundaise gagne 0,8 USD par jour en moyenne, soit un revenu mensuel moyen de 23 USD, équivalent à 45 000 Fbu par mois. Avec cette somme, elle doit se nourrir, payer la scolarité des enfants, se faire soigner, et payer le loyer pour certaines. Les serviettes hygiéniques sont donc facultatives. Vivre ses règles dignement devient un investissement qu’elle ne peut pas se permettre.

La réalité est là, patente. Selon une étude de l’ONG SaCoDé, en 2016, plus de 75 % de Burundaises ne pouvaient pas avoir accès à une serviette hygiénique. Les parents ne pouvant pas s’en acheter, il en était de même pour leurs filles. Selon l’Unicef, seules 17,1 % des élèves burundaises peuvent se permettre d’avoir une serviette hygiénique, alors que 70,2 % d’élèves ratent leurs cours lors des règles à cause du manque de protections hygiéniques. N’est-ce pas déplorable ?

Une violence basée sur le genre comme tant d’autres

Claudia (pseudo) est une étudiante en deuxième année de baccalauréat de la faculté des lettres, à l’Université du Burundi. Interne au Campus Mutanga, elle n’a que sa bourse d’étude de 10 000 francs burundais par mois comme unique ressource. « La serviette hygiénique est un produit incontournable. Pourtant, il m’arrive de faire une croix sur cet achat tellement c’est cher vu tout ce que je dois régler mensuellement avec une somme pareille », confie-t-elle, le regard dans le vide.

Selon une étude espagnole de 2018 sur la fiscalité et les questions d’égalité entre hommes et femmes, une TVA appliquée aux produits d’hygiène féminine est une violence basée sur le genre. En effet, il s’agit là d’une atteinte aux femmes en tant que groupe social qui vise des produits de première nécessité auxquels elles ne peuvent renoncer et qui sont directement liés à leur santé.

Pauvreté et menstruation

Dans une étude de 2018, un groupe d’experts sud-africains ont analysé si les serviettes et tampons hygiéniques devaient faire partie des articles assujettis à une TVA de 0 % et si une telle mesure pouvait entraîner une baisse de la pauvreté liée à la menstruation. L’analyse concluait qu’un taux de 0 % avait un impact sur l’amélioration de l’accès des femmes et filles à ces produits dans les ménages à faible revenu, et par ricochet à l’économie nationale. Ce groupe d’expert a recommandé donc que ces produits bénéficient non seulement d’un taux de TVA de 0 %, mais qu’ils soient également accessibles gratuitement pour les femmes faisant partie de cette tranche de revenus.

Les protections hygiéniques constituent un élément essentiel de la dignité des Burundaises. Leur disponibilité devrait être une urgence. À mon avis, l’Etat burundais devrait lever cette entrave de taxe tampon ou aligner les serviettes hygiéniques sur la liste des médicaments remboursables par la sécurité sociale. C’est tout à fait possible. Plusieurs pays africains comme le Kenya, l’Ouganda, l’Afrique du Sud, le Nigeria, la Zambie, ont déjà franchi le pas. À  quand le Burundi ?

 


Pour lire notre dossier en intégralité, cliquez sur https://www.yaga-burundi.com/categorie/dossiers-yaga/ntakorimukwezi/

 

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