La proximité se transforme parfois en traquenard pour les filles et les femmes qui se retrouvent coincées avec des prédateurs sexuels. Elle peut facilement se transformer en un outil d’oppression des droits des femmes. Ceci est une histoire réelle de ce qui est arrivé à Ninette. Elle était allée rendre visite à sa sœur, comme à l’accoutumée. Elle s’est retrouvée piégée dans les griffes de son beau-frère et est tombée enceinte, contre son gré. Récit.
Ce n’est pas très courant qu’un homme entretienne une relation avec deux sœurs et qu’il ait des enfants avec toutes les deux. C’est pourtant ce qui est arrivé à Karorero (nom d’emprunt), mais une chose est sûre, de l’avis même du concerné : c’est une situation difficile à gérer. Karorero, la trentaine révolue, vit sur une colline dans une des communes de Makamba. Mécanicien de son état, il a quitté Bujumbura où le business ne tournait pas bien et a décidé de migrer vers le sud du pays où il avait quelques attaches.
Très vite, il a ouvert son garage et s’est construit une réputation de bon mécano. Les affaires ont tellement bien marché qu’il a demandé à sa femme qui était restée à Buja de le rejoindre. En 2013, ils ont eu un petit garçon qui est âgé maintenant de 10 ans. Mais depuis tout ce temps, ils ont essayé d’avoir un deuxième enfant qui n’est jamais venu. Leur relation a commencé à prendre de l’aile. Les petits gestes de connivence ont cessé. Les moments de convivialité se sont réduits comme une peau de chagrin. Mais, bon gré mal gré, ils arrivaient à se supporter et n’ont jamais pensé à se quitter.
Un plaisir fugace cher payé
Des fois, Ninette (nom d’emprunt) sœur de Jeanine (femme de Karorero) venait passer quelques jours chez sa grande sœur, surtout que les finances du ménage se portaient à merveille et qu’ils pouvaient donc lui assurer les frais de transport de Bujumbura à Makamba. Tout cela était parfaitement normal jusque-là. Mais voilà qu’un jour, Ninette débarque à Makamba à l’improviste alors que sa sœur était partie passer quelques jours à Nyanza-Lac. C’est donc Karorero qui accueille sa belle-sœur. Un bon jour, le démon de midi le prend. Il use de toutes sortes de stratagème pour la convaincre de coucher avec lui. Il lui jure que sa sœur n’en saura rien. Ninette finit par céder à ses avances trop insistantes. Sauf que quelque temps plus tard, elle découvre qu’elle est tombée enceinte. « 5 minutes de ce bonheur fugace ont suffi pour faire basculer ma vie », geint Karorero.
S’en suivra d’interminables disputes entre le mari et sa femme, mais aussi entre les deux sœurs. Ne pouvant pas garder sous le même toit les deux sœurs, désormais ennemies, qui se regardaient en chien faïence (et qui en venaient parfois aux mains), Karore décide de louer une maisonnette pour Ninette. Mais l’affaire ne s’arrête pas là. Quand Ninette a mis au monde et qu’elle s’est remise de l’accouchement, Karorero a voulu remettre ça. Jeanine les a un jour surpris. C’est alors qu’une violente bagarre a éclaté entre les deux sœurs. Jeanine a pris un long couteau de cuisine qu’elle a brandi au visage de son mari, « Si tu n’arrêtes pas de la voir un jour je te tuerai dans ton sommeil », a-t-elle menacé, en furie. C’est à ce moment-là que Karorero s’est rendu compte que cette histoire était allée trop loin et qu’il risquait sa vie.
L’épilogue
Les familles se sont réunies et ont décidé de désamorcer la bombe. Ninette a été sommée de quitter Makamba et de retourner à Bujumbura. C’est désormais Jeanine qui s’occupe de l’enfant de sa petite sœur de deux ans et demi maintenant. La paix est revenue au foyer. Quant à Karorero, il a juré devant sa femme et sa famille qu’il n’essayera plus jamais de revoir Ninette. Il sent qu’il a fait du mal à sa femme et à sa belle-sœur et se tient désormais à carreau.
Karorero a raison de faire profil bas, car ce qu’il a fait subir à Ninette est bel et bien une violence sexuelle que la loi anti-VBGs définit comme « Un acte, une tentative, un commentaire ou une avance à caractère sexuel avec ou sans contact physique, commis sans le consentement de la personne visée (…) » (art. 2, h). Plus grave encore, le fait que la victime et l’auteur jouissent d’une relation domestique est retenu comme une circonstance aggravante (art. 26). Le cas aurait été porté en justice que notre ami aurait pu prendre des années de prison.