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J’ai un secret : « Je suis né séropositif, et personne ne le sait »

Jacques (pseudo) est aujourd’hui à l’Université. Il est porteur du virus du Sida depuis son enfance, une maladie qu’il a découvert sur le tard. De peur d’être stigmatisé dans une société qui voit d’un mauvais œil la séropositivité, il a préféré garder le silence sur son état. Mais jusqu’à quand ?

En 1996, j’atterris sur cette terre par mégarde, dirais-je. Je suis un enfant issu d’une union illégale. Ma mère était veuve avec trois enfants, mon papa avait une femme et sept enfants. Moi je suis le huitième chez Papa et le quatrième chez Maman mais l’ainé chez Maman et Papa, l’ainé dans la séropositivité…

Mon enfance a été  la période la plus heureuse de ma vie. Cette innocence me manque. Nous habitions tous (Papa qui avait aménagé avec nous, Maman, moi et mes demi-sœurs maternelles) dans une maison de deux chambres et un petit salon. J’étais heureux, je sortais jouer avec les autres enfants sans me soucier de quoi que ce soit. Je ne savais pas que c’étaient les comprimés que j’avalais régulièrement qui me maintenait en ma vie.

En 2006, ma mère est morte après  deux mois d’hospitalisation. Comme ma maman venait de payer son tribut, mes demi-sœurs ont été récupérées par leurs oncles et tantes. Je restai avec Papa quelques jours, après il a décidé de m’envoyer chez sa première femme. Il a fait deux valises, une pour les habits, une autre pour les médicaments, et le lendemain je débarquai chez la belle maman  à la campagne.

J’apprends que je suis séropositif…

En 2008, je commençai le cycle secondaire. Je devais intégrer une école à régime d’internat. Avant de partir, ma belle maman a fait ma valise avec les fameux médicaments bien sûr. Cette fois, je me révoltai : « Je ne vais emporter ces médicaments sans toutefois savoir de quoi je souffre. »

Ma belle maman essaya de me convaincre en vain. Résignée, elle finit par me livrer le grand secret : « Tu as le VIH/SIDA ! »

Ce jour-là, mon petit monde s’écroula. Beaucoup de questions sans réponse. Ma seule certitude était qu’il fallait que je  paraisse normal, de faire comme si rien n’était, de prendre mes médicaments en cachette, de pleurer seul… Une vie de solitude, un enfer.

Ma plus grande peur aujourd’hui…

Seule ma belle maman, mon père et mon médecin savent que je suis séropositif. Même le plus confident de mes amis ne le sait pas.  Je ne vais jamais  récupérer  les médicaments au centre de soutien, on les prend pour moi. J’ai pris des précautions pour éviter de contaminer qui que ce soit. Je suis les conseils de mon médecin soignant, essaie de prendre une alimentation appropriée,…bref je n’ai aucun problème de santé.

Aujourd’hui je suis à l’université, bientôt je termine mes études. Mais que deviendrai-je après mes études ? Comment vais-je entrer dans la vie de couple sans toutefois qu’on découvre que je suis séropositif ?

J’aimerais l’accepter comme une simple maladie, dire à mes amis que j’ai le Sida mais la peur de  les perdre, la peur d’être incompris, la peur d’être rejetée me retient.

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Les commentaires récents (9)

  1. Ooooh, sois courageux cher Jacques. Mais bien, je pense que ce n’est pas a tout le monde qu’il faut l’avouer. C’est aussi difficile. Prie le bon Dieu, il te guidera.

    1. Merci cher Lecteur de passer et de votre compassion envers le frère. C’est aussi notre responsabilité de revoir notre comportement envers nos frères et sœurs séropositifs. Ils souffrent de notre discrimination si non c’est une maladie comme les autres.

    1. Il est vrai que le crier sur tour les toits ne soit pas la solution, pourtant lebgarder pour soit n’en est pas une. Si ça a marché pour le moment c’est qu’il n’était pas encore temps de le dire car ceux que devaient le savoir étaient au courent , pourtant nul n’est éternel. Je te souhaite le discernement afin de distinguer parmi tes plus proches amis les bons, des « Bons » afin d’avoir dans l’avenir un soutien infaillible dans les moments les plus éprouvants qui ne manqueront sûrement pas de venir sous ces cieux.

  2. Merci pour votre temoignage Cher Jacques. Quoique ne vous connaissant pas je sais ce que vous experimentez. Mon conseil serait peut etre je dis bien peut etre (kuko ijambo Ibanga ntaco rivuze I Burundi je said de quoi je parle) de chercher conseil aupres d’un psychologue. Les association’s d’aide sont aussi bonnes mais comme on le sait tres bien au Burundi le mot secret medical a bien peut de valeur. Je vous encourage et vous rappelle que vous n’etes pas seul (naho ntabazi).
    Cher blogguer, pourriez vous aussi aborder le sujet du secret medical au Burundi. C’est vraiment dommage comment les medecins et infirmiers bakwiragiza partout la condition Des gens qu’ils devraient proteger. Merci pour cet article.