article comment count is: 0

Le harcèlement sexuel des hommes, oui ça existe !

Quand on parle de harcèlement sexuel, les victimes qui nous viennent directement à l’esprit sont les femmes. D’après une étude menée en 2016, 7% des hommes en seraient aussi des victimes. Pourtant, peu d’entre osent témoigner pour diverses raisons. 

Dans la culture burundaise, il est difficile d’imaginer que les femmes peuvent être de véritables prédatrices. Jack*, 32 ans, marié, en est victime.

Tout commence lors d’une soirée bien arrosée. L’alcool coule à flot et la musique vibrante invite les jeunes à se déhancher. C’est la veille du nouvel an. Le vibe se fait sentir à Ingo Bar, connu pour ses karaokés divertissants. En bon gars qui se respecte, j’y suis allé avec cinq amis, formant un groupe autour d’une table près du côté droit de l’entrée. 

Vers 20 heures, l’ambiance est déjà à son paroxysme. Difficile de me mettre l’idée en tête que d’ici deux heures, je serai obligé de rentrer chez moi pour rejoindre ma femme et notre fils de 2 mois. Hélas, Family first.

Une soirée entre potes

Plus les minutes passent, plus le bar se remplit de monde. Simon, un des membres de notre groupe aperçoit des collègues, puis les invite à se joindre à nous. Le groupe s’agrandit. Je sympathise avec une de ses collègues, Sarah. Le courant passe très bien entre nous. Je trouve anodin qu’elle me demande mon numéro de téléphone. J’apprends sur le coup qu’elle est célibataire. En moi, je me dis : « De toutes les façons, je porte mon alliance sur mon annulaire. Cela fait sans doute fuir en général les filles qui seraient intéressées ». Ma femme me laisse un bip sur mon téléphone. Je regarde l’heure : Il est 22h 30 minutes. Je me lève pour partir après avoir dit au revoir à tout le monde. Sarah me retient un instant pour me demander si je peux l’emmener avec moi car elle habite aussi vers ma direction. Je n’y trouve aucun mal.

Dans la voiture, elle devient étonnamment calme. Je la vois du coin de l’œil m’observer de temps en temps. Je mets de la musique car la route me semble longue. Arrivé à destination, au moment où elle doit descendre, elle me prend la joue de sa main droite, et sur l’autre joue, elle y dépose un baiser qui en dit long. Je suis à la fois gêné et surpris. Je me dis que ça doit être l’effet de l’alcool. Je continue ma route.

Arrivé chez moi, comme d’habitude, je raconte ma journée à ma femme en prenant soin de m’excuser pour ma rentrée tardive. Je lui parle aussi de l’étrange collègue de mon ami, sans en dire long.

Une prédatrice face à sa proie

 Le lendemain, je me réveille avec de nouvelles résolutions pour cette nouvelle année. Mais je ne suis pas le seul. Sur mon portable, je tombe sur un message de Sarah, la fameuse collègue de mon ami. Elle n’y va pas par quatre chemins en m’invitant à déjeuner avec elle, ce jour même.

 Prétextant un autre rendez-vous, programmé à l’avance, j’échappe poliment à son rancard. Elle ne va pas s’en arrêter là. Ses messages d’invitations. Je prends soins de les esquisser toutes, systématiquement. Lorsque j’en parle à Simon, il trouve la situation plus drôle que dramatique.

Elle ne va pas s’en arrêter là. Architecte de formation, Sarah fait une fois recours à mes services. Quand j’arrive sur les lieux, je me rends rapidement compte qu’elle a un autre plan en tête qui n’a rien avoir avec un plan de bâtiment. Elle porte une jupe courte qui met en évidence ses longues jambes, et une chemise qui laisse entrevoir sa poitrine, plutôt bonne, je l’avoue. Je suis troublé de m’asseoir à ses côtés. Elle le remarque et m’adresse un sourire charmeur. Elle mise sur les gestes en se touchant au niveau de son cou, et laisse promener ses mains sur ses cuisses. 

Déçu qu’elle m’ait fait perdre mon temps, je mets un terme à cette discussion et lui demande de ne plus chercher à me joindre. Je quitte les lieux directement. Le soir, elle m’envoie un message pour s’excuser et me propose d’en reparler autour d’un verre. Son caractère obstiné me laisse sans voix et je pense à la seule solution pour qu’elle cesse de m’écrire : bloquer son numéro.

Un cas moins isolé

L’histoire de Jack* reflète un exemple parmi tant d’autres, d’harcèlement sexuel des hommes. D’après les chiffres recensés dans la province de Ngozi, parmi les victimes de violences psychologiques, on dénombre 398 femmes contre 53 hommes. Les autres raisons d’ordre juridique qui entraînent une réticence des victimes à porter plainte sont entre autres : un manque d’informations sur la loi pénale et des procédures, une impunité des auteurs des VBG, et une lenteur des procédures judiciaires.

 

Est-ce que vous avez trouvé cet article utile?

Partagez-nous votre opinion