Annie a 19 ans. Elle a été violée par cinq hommes dans le sud du pays au mois d’août. Lyse a 29 ans. À 11 ans, elle s’est fait violer à maintes reprises par le mari de sa grande sœur. Elles nous confient leur calvaire.
Annie :
Il est 17h30, sur un sentier de la colline du sud du pays. Je ne me soucie de rien, le chemin m’est habituel car depuis une année, il me sert de jonction entre ma colline natale et là où je dois trouver les bananes pour mon petit commerce. J’y passe et y repasse souvent. J’arpente silencieusement le chemin, mon téléphone et un petit sac à main où je conserve une petite somme qui me sert de capital.
En effet, depuis une année, j’ai interrompu mes études en troisième lettres modernes pour cause d’une myopie que ma maman n’a pas pu me faire traiter, faute de moyens. Afin de trouver l’argent nécessaire pour mes soins oculaires, j’ai opté pour un petit commerce de banane et de jus de banane.
Lyse :
Tout commence en 2002. J’avais 11 ans et ma mère, le seul parent qui me restait, venait de mourir. L’heure était au « partage » des orphelins par la famille élargie. Moi, j’ai eu la chance d’être adopté dans la famille restreinte, par ma grande sœur qui venait de se marier. Et d’ailleurs, c’était moi qui servais de pont aux nombreuses et romantiques lettres que son mari et elle s’échangeaient au cours des fiançailles. Vivre avec eux n’était qu’un beau rêve de la petite orpheline que j’étais.
Leur maison était modeste. Deux chambres et un salon. Eux occupaient une chambre, et moi l’autre. Rien d’inhabituel les premiers jours. Je me réveillais, prenais une douche, puis mon petit-déjeuner et je partais à l’école. En rentrant, j’aidais ma sœur, enceinte de 8 mois, dans les travaux ménagers. Je me plaisais de vivre là.
Le jour maudit
Annie :
Je chantonne une chanson religieuse en marchant. Tout d’un coup, cinq hommes surgissent de nulle part, m’attrapent, me rouent de coups, les uns me bouchent la bouche, les autres me tiennent les jambes et les bras. Ils me violent à tour de rôle et me laissent pour morte au bord du petit sentier. (Pleurs)
Je me retrouverai dans un centre de santé pour les soins, amenée par un bon samaritain. Mon téléphone, mon argent et mes lunettes avaient disparu. La scène passe et repasse dans mes pensées, des cinq hommes qui surgissent de je ne sais où à l’étape la plus macabre où je criais au secours sans pouvoir sortir ma voix, je me souviens de tout. (Larmes). De ce jeune homme qui avait fréquenté le même lycée que moi, de ces autres hommes que je n’ai pas pu reconnaître…Mais Pourquoi ? Pourquoi moi seigneur ?
Lyse :
C’était la nuit du 2 septembre. Ma sœur était au service de maternité pour son accouchement. Je me suis retrouvée seul avec mon beau-frère. Curieusement, au moment de dormir, il est venu dans mon lit. Je croyais qu’il se trompait de chambre. Moi, je somnolais déjà. Et d’un coup, il s’est glissé auprès de moi. Je sentais sa main glisser le long de ma petite culotte, puis à l’intérieur. J’ai sursauté.
En chuchotant, il m’a rassurée qu’il ne voulait pas dormir seul, que demain j’aurai de nouveaux habits parce que j’étais sa préférée. Et là, sans comprendre ce qui m’arrivait, il a introduit un doigt dans mon vagin en faisant des mouvements de va-et-vient. C’était très douloureux, j’en ai pleuré toute la nuit. Et ce n’était que le début d’un long calvaire.
Les nuits qui ont suivi, vu que ma grande sœur avait accouché par césarienne et qu’elle est restée dix jours à l’hôpital, l’angoisse était insupportable. Il suffisait que je dorme pour qu’il vienne me toucher les fesses et jouait avec mes tétons. Je sentais en moi une frustration mélangée à de la peur. Sans personne pour me venir en aide, il m’a violée six fois. J’étais pétrifiée et sidérée par ce qui m’arrivait. Je me demandais parfois s’il ne me confondait pas avec sa femme.
Je me suis tue de peur que l’on ne me croie pas et surtout pour éviter de me retrouver à la rue. Il me disait : « si tu oses parler, je te fous dehors, toi et ta sœur ». Avec la douleur que je ressentais, la mélancolie, le désespoir, l’esprit de vengeance me rongeait de l’intérieur. Parfois, je me disais que j’hallucinais, que ce que je vivais n’était vrai.
Blessures indélébiles
Annie :
Le viol est arrivé à la veille de la rentrée scolaire. J’étais déjà parvenue à me faire soigner, à collecter un peu d’argent pour mes études que mes bourreaux ont tout pris avec ma vie. Je me sens toujours sale, traumatisée, angoissée, j’ai perdu tout espoir. Désormais je ne pourrais plus poursuivre mes études, je suis souillée, personne ne voudra plus de moi, une fille violée en groupe, la risée du monde. Ubuzima bwanse. (Des sanglots l’étouffent et la voix se perd dans le vide).
Lyse :
Même quand ma sœur est revenue de l’hôpital, cela s’est passé quatre fois. J’ai dit « non » plusieurs fois. J’ai compris que cela ne servait à rien, alors je me suis contentée de m’enfuir chez ma tante. En lui racontant ce qui m’était arrivée, ma tante ne m’as pas crue et elle a mis cela sur le compte de l’adolescence. « Les filles d’aujourd’hui se plaignent pour pas grand-chose », disait-elle.
Ma sœur n’a jamais su pourquoi je suis partie. Ces images restent gravées dans ma tête, ancrées en moi. Aujourd’hui, éternelle solitaire et célibataire, il m’est impossible de m’ouvrir aux garçons. Si je témoigne, c’est pour alerter sur les violences sexuelles au sein de la famille, pour que chaque personne ayant subi ce genre de viol puisse avoir la possibilité de parler, et surtout que l’on puisse lui accorder l’attention et la protection auxquelles je n’ai pas eu droit.
* les noms ont été modifiés pour des raisons d’anonymat
C’est vraiment triste
C’est fou à quel point ces hommes n’ont pas de considération pour ces filles. Le viol n’est pas seulement physique il est surtout psychique. Ngo vugisha ukuri nawe waryohewe. Et si c’était ta mère et si c’était ta soeur.
Ce genre de chose arrive souvent au quotidien mais les victimes souffrent en silence.j’en ai moi même vécu une histoire similaire et mon violeur n’était quelqu’un d’autre que mon cousin, j’avais 6ans d’habitude timide et silencieuse,tout en sachant que j’avais peur des chiens il m’a menacé que si jamais j’en parle à quelqu’un il me donnera aux chiens, là il avait gagné et je me suis tue,je pleurais car je n’avais aucun goût de vivre le pire c’est que mes parents n’ont pas cherché à savoir ce qui m’est arrivé ils se disaient sûrement »les caprices des enfants ça lui passera » jour par jour je déprimais 5mois après j’ai appris que l’imbécile est mort alors là c’était ma fête j’ai supplié mes parents pour aller à son enterrement en voyant son cercueil je lui parlais silencieusement » tout se paie ici sur terre le bien que le mal, même si tu m’as volé la joie de mon enfance au moins tu as eu ton sort tu méritait pas de vivre*aucun goût de larme ne s’est échappé de mes yeux,j’était devenu une fille sans pitié et rempli de haine pour les hommes,tout le monde pensait que j’étais vraiment forte avec un sacré caractère si seulement il savaient.ce jour là je pensais que c’était fini le chagrin que les pleurs jusqu’à ce que je me rende compte que je suis frigide retour à la haine pour mon défunt violeur.aujourd’hui 27ans je ressens ni l’amour pour un homme ni le désir sexuel comme toute personne normale.bref cet acte ignoble doit être éradiquer parceque ses conséquences ne sont pas à minimiser.merci
Est ce que ces histoires sont vraies ou imaginatives??
Ça existe souvent.mais c’est honteux et douloureux.il ne faut pas garder le secret à ces criminels.oser de dire ce qui t’arrive sans peur de la suite.par ce personne ne sais sa demain.
Il faut surtout que ces filles ignorent tout cequi s’est passé et qu’elles preparent la vie future.Tot ou tard elles vont fonder leurs foyers .LA vie nous reserve des surprises