Urubugu est l’un des legs de la tradition ludique culturelle du Burundi. Actuellement, ce jeu de société semble être supplanté par d’autres venus d’ailleurs. Aussi riche et original, il mérite d’être revalorisé car il fait partie de notre identité culturelle.
« L’homme est un être sociable. La nature l’a fait pour vivre avec ses semblables.», dixit le philosophe grec Aristote. C’est là qu’un jeu de société trouve son essence et sa raison d’être.
Autrefois, les Burundais savaient tirer parti des avantages des jeux de société. Bien avant les jeux comme le Ludo, le jeu de dames et des cartes, …on avait au trône un jeu basé sur le raisonnement et la concentration. Un jeu associant stratégie, tactique et spontanéité : urubugu ou ikibuguzo en kirundi.
L’urubugu fait partie de la famille des jeux mancala, c’est-à-dire des jeux de semis. Ils sont au cœur de l’Afrique. Au Rwanda, on a l’igisoro. L’omweso en Ouganda. Le bao au Kenya, en Tanzanie, en RDC, Comores, Malawi. L’awelé en Egypte, Burkina Faso, Côte-d’Ivoire et Niger. L’adjito au Bénin,…
Un jeu à la valeur historique
Certaines traditions associent ce jeu à la naissance de la monarchie burundaise. Notamment le cycle de Nkoma où il est dit que l’un des signes annonciateurs de la qualité royale du jeune Ntare Rushatsi était qu’il gagnait toujours au kibuguzo face à son oncle Ruhinda au Buha.
Aussi, il existe des traces témoignant l’existence et l’importance de ce jeu dans le Burundi monarchique. Sur la colline Zina (commune Bubanza) à l’endroit où aurait séjourné Kilima, se trouve une énorme pierre formant grossièrement un siège et son dossier : inyegamo ya Kilima. Au même endroit, se trouvent des pierres dans lesquelles sont sculptées des trous formant des tabliers d’urubugu. Quatre sont facilement identifiables. Un est attribué à Kilima et trois autres à ses princes et ses fidèles.
Probable « extinction »
La tradition est ce qui d’un passé persiste dans le présent. Elle demeure agissante et acceptée par ceux qui, à leur tour, au fil des générations, la transmettent. C’est ainsi que l’urubugu est qualifié de jeu traditionnel.
Malheureusement, ce jeu est en net recul. Il semble avoir perdu son aspect engageant. Aujourd’hui, rares sont les endroits où l’on peut voir des gens discuter des parties. Les générations actuelles sont alléchées par d’autres jeux de société venus d’ailleurs : cartes, Ludo, jeux de dames, jeu d’échec, …
Comme on le lit dans Petit futé Burundi, les règles difficiles du kibuguzo peuvent rendre ardu et aléatoire le calcul mental qu’exige ce jeu. Résultat, la plupart des jeunes d’aujourd’hui ignorent ces règles ou les simplifient.
À la rescousse de l’Urubugu
Pour sortir l’urubugu des oubliettes, on doit d’abord prendre conscience de la richesse qu’il représente. Il est la vitrine de notre culture. Ainsi j’admire l’esprit des Burundais à l’étranger qui usent de ce jeu pour exhiber notre tradition.
En prenant l’exemple du Chama ca bao (une organisation faîtière des clubs Bao en Tanzanie, fondée en 1966), des organisations en clubs sont à mettre au point. Et cela dans le cadre de perpétuer et prendre au sérieux ce jeu. Dans ce cas, des championnats pourront être organisés.
À cette ère où le digital occupe une place prépondérante, on peut profiter des outils modernes pour revaloriser ce jeu. Actuellement diverses applications existent comme celle développée par Phylica (une petite entreprise de développement informatique artisanal). Pour vulgariser les règles du jeu, par exemple des tutos YouTube comme ceux de l’omweso peuvent aussi être utilisés.
Comme de raison, l’urubugu et les autres jeux traditionnels en général sont à sauvegarder et revaloriser. Ils entrent dans la diversité culturelle du Burundi.
Cela me rappelle : Kibugubugu? Nabuguje! tora iyo nege, n’iyo yindi, n’iyo yindi ihera! Kibugugu? Nabuguje! simba akanga, n’ako kandi, n’ako kandi gahera! Un jeu de calcul mental extrêmement complexe auquel s’adonnaient surtout les jeunes. Il s’agissait de disposer de façon aléatoire les billes dans les 16 trous du kibuguzo. Il était donné au joueur 1 un petit moment de regarder et mémoriser le contenu de chaque trou, ensuite il se tenait dans un endroit où il ne pouvait plus voir le kibuguzo. Là il donnait l’ordre au joueur 2 prendre un à un les billes dans chacun des 16 trous du kibuguzo, jusqu’à vider celui-ci. La difficulté était de se rappeler combien de billes restaient dans chaque trou – tora inege prenez la bille s’il y en avait encore ; et simba akanga sauter le vide s’il n’y avait plus rien. Il me semble que ce jeu de restitution mathématique mentale a disparu. Quel dommage !
Bravo,coup de chapeau pour car vous ne cessez pas de nous relater les évènements qui ont marqué le Burundi sans oublier notre culture.moi je suis spécialisé en Entrepreneuriat culturel Industries de la langue et de la culture(Africaine en générale et Burundaise en particulier).
Un bon souvenir d’enfance en jouant à ce jeu!
J’ai un bon souvenir d’enfance en jouant à ce jeu!
J’ai travaillé au Burundi en coopération de 1987 à 1989, j’ai appris à jouer et j’ai rapporté un jeu au Québec. Aujourd’hui, plus de 30 ans plus tard, j’ai montré à jouer à mes enfants. J’adore!
Umkino mwiza cane