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Université du Burundi : les mémorands sont-ils victimes du laxisme de leurs directeurs ?

Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique vient de fixer le dernier deadline pour la présentation des travaux de fin d’études des étudiants de l’ancien système au 31 mai. Mais pour certains mémorands de l’Université du Burundi et de l’Ecole normale supérieure, les retards observés ne dépendraient pas de leur volonté. Le blogueur Apollinaire Nkurunziza s’est entretenu avec certains d’entre eux.

Pourquoi les étudiants peinent à terminer leurs travaux de mémoire dans les délais règlementaires ? Voici l’une des grandes questions, surtout quand on pense à nos chers étudiants à la fin de leur cycle universitaire. Certains « mémorands » de l’Université du Burundi et de l’Ecole Normale Supérieur pointent la responsabilité de leurs directeurs.

Jean Claude (pseudo), mémorand depuis 2013 dans la faculté d’Agronomie à l’Université du Burundi, témoigne: « J’ai fini mes études au cours de l’année académique 2012-2013. Après m’être entendu avec mon directeur de mémoire sur le sujet à traiter, je me suis mis au travail. L’idée était que je l’achève endéans six mois. Cependant, nous sommes aujourd’hui en 2018, quatre ans plus tard, sans avoir marqué un moindre progrès. »

Ledit directeur a imposé de ne se contacter que via l’internet. Malheureusement, comme le souligne cet étudiant, chaque fois qu’il lui envoie un mail, le concerné ne répond qu’après au moins six mois. Le contacter au téléphone est encore plus problématique, car la dernière fois où il a osé le faire, la réponse fut plus que décevante : « Je ne me souviens pas de toi mais je vais voir tes mails. Et je te préviens de ne plus m’appeler sous peine de tout perdre ». Jusqu’à cette heure, l’étudiant attend « patiemment » que son directeur daigne l’aider.

Plusieurs cas recensés

L’Ecole Normale Supérieure ne fait pas non plus exception. Gédéon (pseudo) indique avoir terminé l’ENS 5 en 2014 et n’a jamais avancé jusqu’à nos jours « à cause de son directeur de mémoire ». «Au premier contact, on s’était convenu de faire le draft de tous les chapitres et puis que je revienne le lui présenter pour des corrections systématiques. Quand je lui ai tout donné, il a catégoriquement nié m’avoir validé le sujet, par conséquent il a refusé tout mon travail. Il m’a proposé un autre sujet que j’ai dû accepter », fulmine-t-il.

Le comble, à son retour en audience, son directeur lui a demandé s’il était de l’Institut de Pédagogie Appliquée ou de l’E.N.S. «Il ne m’a pas reconnu », tranche Gédéon. Il lui demanda tout de même de mettre son numéro de téléphone sur le document, promettant de l’appeler dès que tout sera prêt. Mais chaque fois que Gédéon, excédé, l’appelle pour s’enquérir de l’état d’avancement, la réponse est toujours la même : « Ne t’ai-je pas promis de t’appeler quand ce sera prêt ? Alors t’ai-je appelé ? »

Des retombées négatives

Les directeurs de mémoires ne le voient pas du même œil. Pour eux, les causes sont ailleurs. « Le nœud du problème est le nombre très élevé des étudiants mémorands pendant que celui des professeurs se compte sur les doigts de la main. Nous sommes par conséquent obligés de suivre d’innombrables mémoires », explique le professeur Grégoire Njejimana chef de département de langue et littérature anglaise, à l’Université du Burundi. Dans tous les cas, le grand perdant reste l’étudiant. S’il parvient entretemps à décrocher un boulot, il ne sera pas payé au même titre qu’un licencié, de la même promotion si on veut, vu que pour ceux des universités privées les mémoires ne traînent pas.

Compte tenu d’une situation pareille, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique devrait mener des investigations pour connaitre les vrais motifs d’un retard, cas par cas, et prendre des mesures radicales par après. Une autre alternative serait de donner aux étudiants le droit de se choisir un autre directeur qui sera à la hauteur de la tâche lui confiée. Sinon beaucoup parmi ces memorands risquent de répondre des fautes dont ils ne sont pas les auteurs.

 


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Les commentaires récents (2)

  1. Il y a des mesures alternatives qui pourraient être prises à certains niveaux pour faire face à ce genre de défis.
    1. Par exemple, on peut demander à deux ou trois étudiants à travailler sur un même sujet. Cela reduirait le nombre de mémoires à diriger.

    2. On peut aussi demander à l’université de motiver les directeurs de mémoire avec une certaine somme d’argent (par exemple 200,000 FBu) sur chaque mémoire remis à temps.

    3. On peut aussi inclure les assistants dans l’appui aux étudiants pour fournir des travaux de qualité par exemple.

    Et bien d’autres solutions. Si quelques personnes s’y mettent vraiment, le problème peut être réglé au mieux. Il faut juste que le problème soit pris assez au sérieux parce que, si il est bien réglé, le Burundi serait sur de bons rails vers un futur meilleur avec une élite qualifiée.

    Je souhaite le meilleur au personnel et aux étudiants de l’Université du Burundi

  2. Peut etre que Madame La Ministre qui fut Recteur de l ENS et qui a aussi dirige des memoires pourra aider a regler ce probleme egalement. J ai eu aussi le meme probleme, heureusemnt apres deux ans le dozen de la fac de Sciences a decide de nous pousser sur la sellette et ainsi j ai pu defendre mon travail.
    C est tellemrnt problematique plus tard quand tu dois expliquer sur ton CV ces 3 ou 4 ans.
    Merci pour l article