Parmi les mesures sanitaires exhortées par les autorités burundaises, le lavage des mains avec de l’eau propre et du savon. Malheureusement, ce dernier est une des denrées chères dans les milieux ruraux, faisant de la lutte contre la Covid-19 dans ces régions un combat à armes inégales.
« La Covid-19 est la grande ennemie des Burundais », a déclaré le président de la République du Burundi dans son allocution lors de la 58ème célébration de l’indépendance du pays. Il a invité tout un chacun à combattre ce fléau qui, sévissant de par le monde depuis plus de six mois, n’a pas épargné notre nation. Depuis l’annonce officielle du premier cas d’infection au Burundi le 31 mars 2020, les exhortations à se protéger contre ce virus ne faiblissent pas, se laver les mains avec du savon venant en première position.
Les milieux urbains avaient répondu à cet appel d’une extra-propreté des mains les premières semaines, mais la tendance s’en va decrescendo. Dans tout ce brouhaha, personne ne semble prêter attention au peuple dit « de l’intérieur du pays », qui pourtant constitue environ 75% de la population burundaise. Pouvant être perçu comme article de nécessité disponible partout et à tout moment dans les villes, le savon est d’une valeur inestimable dans les milieux ruraux, qu’il leur est difficile d’allier protection contre la Covid et son utilisation.
L’eau propre à peine, le savon interdit de gaspillage
La distanciation sociale et le Burundais ? « First round lost », on tentera le coup une autre fois. Concentrons-nous sur cette barrière qu’est la propreté des mains par l’eau propre et le savon. Déjà, si le Burundais dit « des montagnes » connaît l’eau potable, ce n’est souvent point par le robinet. En supposant qu’il augmente le nombre de bidons puisés par jour pour avoir un stock « anti covid », le savon reste un casse-tête pour lui, voire un bien précieux qui, une fois obtenu, est à « conserver hors de la portée et de la vue des enfants ».
Alors, aller expliquer à un paysan qui trime du lever au coucher du soleil pour ne fut-ce que nourrir sa famille, d’aller acheter du savon à volonté pour l’utiliser à chaque fois qu’il revient chez lui ou qu’il entre en contact avec une autre personne relève d’un challenge de taille. Mais comme on dit, avec de la volonté, à tout problème, il y a une solution. Le savon pourrait être disponible même pour ceux qui manquent de moyens de se le procurer.
La campagne BLUE SOAP, une lueur d’espoir
À l’action du gouvernement burundais qui a lancé une initiative nationale de dépistage de masse des personnes présentant les signes de covid-19 avec le soutien de GAVI, vient s’ajouter la campagne BLUE SOAP (savon bleu). Lancée par l’Unicef en partenariat avec la Banque Mondiale, elle a pour but la vente du savon à moitié prix pour que tout Burundais puisse y avoir accès au prix le plus bas possible. Cela constitue une initiative pouvant faire la différence.
Néanmoins, il reste le défi de faire comprendre aux Burundais, surtout à la population rurale, l’urgence de cette initiative pour ne pas voir ces savons à bas prix être achetés et stockés à nouveau comme avant. Ainsi, les campagnes de sensibilisation devraient s’intensifier dans toutes les provinces du pays avec l’appui du Ministère de la Santé Publique et de la Lutte contre le Sida.
La balle est maintenant dans le camp de tout Burundais. Pour les « citadins », cette diminution du prix du savon nous encourage à nous protéger davantage contre le coronavirus et à abandonner le laxisme observé ces derniers temps. Et pour nos concitoyens des milieux ruraux, pour qui le savon est d’une valeur d’un lingot d’or, rappelez-vous que « amagara aruta amajana ». Essayez d’assimiler l’idée que l’utilisation du savon peut être un rempart efficace contre ce virus. Et en combinant tous ces efforts, le Burundi a une chance de gagner le combat contre le coronavirus et sauver la vie de millions de Burundais.
Moi je suis vraiment surpris de lire:
» Lancée par l’Unicef en partenariat avec la Banque Mondiale, elle a pour but la vente du savon à moitié prix pour que tout Burundais puisse y avoir accès au prix le plus bas possible… »