Depuis plus de trois ans, le Burundi et le Rwanda sont à couteaux tirés. Preuve de ce conflit qui n’en finit pas, les derniers développements (comme cet avion militaire qui serait venu espionner le Burundi et les récentes attaques rebelles au Rwanda) ne sont pas de nature à favoriser la décrispation. Bizarrement, cette situation ne semble préoccuper personne à part les belligérants.
Un constat : le conflit burundo-rwandais semble ne pas préoccuper l’Union Africaine et les organisations régionales dont le Burundi est membre (l’EAC, la CIRGL pour ne mentionner que les plus importants). Car contrairement aux autres conflits qu’a connus le continent noir, il y a comme une impression que celui-ci est le cadet des soucis au sein du continent ou au sein des organisations régionales dont les deux pays sont membres, alors que l’on sait que dans un passé même pas lointain, ces instances ont joué un rôle déterminant dans la résolution de certaines crises.
Mais curieusement, pour le conflit burundo-rwandais, l’heure n’est pas encore au dénouement. Nos organisations régionales ou continentales brillent par leur inaction et/ou passivité. Le Burundi aura bon accuser son voisin du nord au sein de l’EAC et de la CIRGL, aucun ne lève le petit doigt. Comment expliquer alors cette inaction de la région ou du continent par rapport au problème Rwanda-Burundi ? La question mérite d’être posée.
Quand la géopolitique et le poids diplomatique s’en mêlent
Selon un politologue burundais, cette inaction peut s’expliquer sous plusieurs angles. Ainsi, souligne-t-il, ces organisations régionales sont formées par des États qui dans leur majorité prônent le principe de non-ingérence dans les affaires internes des États.
Qui plus est, continue ce politologue, les organisations régionales dont le Burundi est membre sont divisées par des ambitions géopolitiques de certains États partenaires. Résultat, l’efficacité de ces organisations surtout en termes de médiation devient problématique. C’est le cas de l’EAC qui connait en son sein des clivages (le bloc Kenya-Ouganda-Rwanda qualifié de coalition d’enthousiastes). C’est aussi le cas pour la CIRGL, souvent taxée d’être sous influence ougandaise et rwandaise, malgré l’existence d’un mécanisme institutionnel, concrètement un traité multilatéral contraignant conférant à cette dernière les mécanismes de suivi permanent des relations entre les États.
Infine, conclut le politologue, cette inaction de la région et/ou du continent peut aussi s’expliquer par le fait que le Rwanda est un acteur très dynamique sur le plan diplomatique tout comme il est performant sur le plan de la gouvernance économique et de l’innovation technologique, ce qui lui confère pas mal de partenaires qui ne sont donc plus à même de jouer un rôle décisif pour la fin du conflit Rwanda-Burundi.
A relire : Réconciliation des deux Corée : une leçon pour le Burundi et le Rwanda ?
Est-ce que ce conflit existe? Il y a des allégations qui arrange bien le pouvoir de Bujumbura et qui ne dérange pas vraiment Kigali, c’est tout. Mais il faut tester vigilant.