Comment imposer son idéologie, sa vision ou sa conception de la ‘’res publica’’ si l’on n’a pas la jeunesse de son côté ? Contrôler les esprits malléables des jeunes est un art auquel excellent les politiques. Les plus fourbes embrigadent les jeunes en milice pour les utiliser à leur guise. Rumonge veut changer tout ça…
La journée du 05 novembre 2021, le soleil brillait par son absence. Des nuages planaient au-dessus du Lac Tanganyika, laissant juste un laps de temps clément aux pêcheurs pour accoster au port. Ce temps maussade n’a pas empêché Alice de la zone Kizuka de partager son histoire qui est en réalité celle de plusieurs jeunes du coin, cette histoire triste justement à l’origine de cette graine de la culture de paix qui a germé et qui porte de bons fruits à Kizuka.
« J’étais toute petite quand ma mère m’a raconté comment des jeunes ‘’assaillants’’ ont volé notre bétail et kidnappé notre frère qu’ils ont amené avec eux. Ce fut la dernière fois qu’on voyait notre ainé âgé 16 ans », confiera la jeune maman âgée de 23 ans aujourd’hui. Pour elle, ce terrible souvenir est resté comme une plaie béante infligée à toute famille qui cicatrise difficilement.
Les malheurs de la guerre, d’autres jeunes de la génération d’Alice en connaissent aussi. Ils n’ont pas tardé pas à lui emboîter le pas en partageant tour à tour leurs expériences des camps de réfugiés, les nuits blanches sur les plages ou encore des semaines et des semaines à dormir le ventre vide. Avec tout ça, les bouc-émissaires ne manquaient pas, notamment les membres des autres ethnies, mais pas que. Tout cela était peut-être à cause des politiciens véreux qui n’hésitaient pas à monter les jeunes contre les autres. Ce que semblent confirmer ceux qui étaient jeunes à cette époque.
Les différences sont des richesses…
A en croire le chef de la zone Kizuka, « Ces temps étaient dures. Nous les jeunes de cette époque étions abreuvés de toute sorte d’enseignements haineux basés sur les ethnies auxquels les plus naïfs croyaient dur comme le fer. Faute de dialogue et d’écoute mutuelle, les dégâts étaient inévitables ». Cet administratif montre comment on essaie de changer tout ça : « Aujourd’hui, nous organisons des échanges hebdomadaire entres les jeunes tout en leur apprenant à vivre et à accepter leurs différences qui doivent être en fait des richesses et non des catalyseurs de conflits ».
La pauvreté, le chômage, l’appartenance ethnique ou encore les divergences d’opinion ne devraient pas servir d’armes aux gens de mauvaise foi pour détourner l’esprit des jeunes. « C’est toute une génération qu’on peut perdre et cela handicape le développement de toute la nation », conclut cet administratif sur un ton ferme comme pour exorciser le fléau de l’instrumentalisation des jeunes de sa localité.
Cet article s’inscrit dans le cadre du projet EEYP – Economic Empowerment of Youth towards Peacebuilding and Crisis Prevention in Burundi soutenu par IFA & GFFO et exécuté par WAR CHILD et AJEBUDI-YAGA