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Des promesses encore et toujours…

Face aux pénuries récurrentes du ciment, du logement, du sucre, des devises, des boissons, des documents de voyages et aux hausses des prix des produits de premières nécessités, l’Etat a promis aux citoyens que les mesures ont été prises pour ne plus revivre ces situations. Cependant, ces promesses ne restent que des paroles. Analyse

Nous vivons, depuis pratiquement deux ans, au rythme des pénuries et des promesses face à l’augmentation du coût de la vie. Nous n´avons pas besoin qu´on nous explique la grandeur de notre monnaie par rapport aux devises occidentales ou l’oisiveté de la jeunesse en chômage. 

Le citoyen burundais en a vu de toutes les couleurs. Il a survécu aux petites et grandes crises, aux récurrentes hausses des prix et soudaines pénuries qui tombent sur sa tête sans crier gare. Sa résilience est aujourd’hui mise à rude épreuve. 

Mais ne soyons pas défaitistes ! Car finalement, le Burundais est comme Obélix : il est tombé dedans (dans cette misérable vie) et il en sortira peut-être un jour si tout va bien. 

Des promesses qui n’engagent que ceux qui y croient ? 

L´ennemi est imperceptible et il est partout, et chaque matin, il change de planque. Des fois, il change son fusil d´épaule et de cible. Il devient insaisissable et non identifiable. Une situation alarmante. On crie haro sur les spéculateurs. Certains commerçants culpabilisent. Ils se demandent s´ils ne s’immiscent pas, à leur insu, dans une guerre qui risque de durer (trèèès longtemps).

Un jour, tenez-vous bien, on se réveille en pleine forme, plein d’élan. On se lève du pied droit, le cœur rempli d’espoir. On se dit que ce pays n’est pas, tout compte fait, si mal que ça.  Et on a envie d’accompagner cet élan patriotique par un bon petit thé. On envoie Salvator acheter du sucre dans la boutique d’à côté…mais, hélas, « boss, il n’y a plus du sucre ». Rappelez-moi, le ministère du commerce n’avait-il pas promis qu’il n’y aura plus de pénurie du sucre ? 

Résilience oblige, avec le temps, on s’habitue à vivre au rythme de la pénurie du sucre, malgré la promesse de la ministre dans un coin de notre tête. Le lendemain, c´est au tour du carburant. Voitures à l’arrêt, les prix des quelques taxis qui circulent sont inabordables. Seule solution, « kuharya irege », sous le soleil triomphant de Bujumbura. Là aussi, une explication est toute trouvée : « La pénurie du carburant est causée par les importateurs qui détournent les devises destinés à importer ce produit stratégique ». Aho !

 « Paroles, paroles, paroles… » 

Du coup, l’Etat prend les choses en main. Amour providentiel, exige ! Il se charge d’importer le carburant. Pour accomplir cet acte de bienveillance, il donne les pleins pouvoirs à la Regideso, qui avec sa légendaire réputation que nous lui connaissons tous,  servira désormais et l’eau et le carburant ! Une autre promesse nous est servie : « La pénurie du carburant, c’est du passé ». Résultat des courses : « Les promesses n’engagent que ceux qui y croient ». Pas de carburant ! 

Mi-février 2023, une autre pénurie surprend les automobilistes. Explication ? Vous y tenez vraiment ? : « Il y a eu un problème technique à Dar-Es- Salaam. » Une explication moins convaincante pour une pénurie qui était prévisible. D’ailleurs, même le gestionnaire le plus borgne pouvait prévoir une telle situation et y apporter une solution adéquate.

« Encore des mots, toujours des mots, les mêmes mots… »

Nous sommes au mois d’avril 2022. La hausse des prix des aliments de base se fait sentir. L’adrénaline monte. Le Burundais bouillonne. Les commerçants spéculateurs sont accusés d’être derrière cette hausse inexplicable des produits locaux.          

Pour assurer la disponibilité des produits alimentaires à des prix raisonnables, L’Etat fixe les prix de certains produits. Attention, ça aussi c’est une autre promesse. « Bye bye la hausse effrénée des prix. » Le plan est certainement trop ambitieux…et d’ailleurs les prix aux marchés, au lieu de baisser, prennent l’ascenseur. 

« Des mots tactiques qui sonnent faux… » 

Les faits sont têtus. Entre promesse et réalité, on vit dans une situation désespérée. Finalement, gouverner c’est promettre, promettre, puis promettre encore et toujours ? Si on n’avance pas, on recule. Et dans notre cas, ce n’est pas pour mieux sauter.

Gouverner, c’est aller au-delà des promesses. D’une part, l’Etat remarque les problèmes dans une société, propose des solutions et pallie aux situations identifiées. D’autre part, gouverner, c´est gérer mais surtout prévoir, anticiper…c´est se projeter dans un avenir plus lointain, identifier les problèmes potentiels et évaluer les solutions possibles à appliquer. C´est sûrement cette dernière tâche qui est la plus difficile, car elle requiert, outre une clairvoyance des gouvernants, des politiques très efficientes.

In fine, les promesses nous ont été servies. Mais dans les faits, nous faisons face à deux situations différentes. Nos espoirs se fondent sur des promesses qui s’avèrent n’être que des mots,  « des mots faciles, des mots fragiles… », comme chantait Dalida. Tandis que notre quotidien, lui, est hanté par les mêmes problèmes. Devant cette amère réalité, nous cernons que les spéculateurs ont réussi à mettre en difficulté aussi bien le citoyen que les autorités, une manière de décrédibiliser sans doute les promesses exprimées par l’État.

 

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