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La première semaine à l’internat : ce que les anciens ne vous diront jamais

Les élèves ont déjà regagné les salles de classe. Ceux qui fréquentent les écoles à régime d’internat ne font pas exception à la règle. Dans le temps, une catégorie d’apprenants ne faisait pas les choses comme les autres. Ils avaient une fâcheuse habitude de faire l’école buissonnière la première semaine. Ce blogueur se rappelle du bon vieux temps où il croquait la vie à pleines dents pendant cette semaine, sans se soucier du lendemain. Récit.   

 Aaah, le bon vieux temps… Qui aurait cru qu’un jour, on regarderait nos années d’internat avec une larme à l’œil et un petit sourire au coin  des lèvres ? À l’époque, les préoccupations étaient simples : kwiga, kurya, kuryama. Ah, cette routine bien huilée de notre chère école, du moins, la plupart du temps. Parce qu’il faut bien avouer, la première semaine de chaque trimestre était tout sauf une routine. Et je parle bien des abakambwe (les anciens, bien sûr, nous quoi) et non des inyobe (les nouveaux). Encore que certains inyobe arrivaient à se faufiler dans les festivités pour des raisons… disons… logistiques. D’ailleurs, on ne savait même pas que umukambwe voulait dire un vieux chien (une petite déception quand même, non ?).

La première semaine, ce festival des abakambwe

Premier point à noter : pour un vrai mukambwe, arriver le dimanche ou le lundi, c’était totalement exclu ! Ces jours-là étaient réservés aux plus pieux, les bakizwa (les bien-éduqués), ceux qui suivaient les règles comme dans la Bible et qui respectaient l’autorité comme si leur salut éternel en dépendait. Les caïds du lycée, les vrais bakambwe, eux, débarquaient tranquillement le mardi soir, la pression parentale ayant (enfin) fait son petit effet.

Et qui dit première semaine dit argent de poche. Beaucoup d’argent de poche. Résultat ? On était presque tous les jours de cette semaine en état d’ébriété. Pourquoi ? Parce que notre internat ne nous permettait pas de sortir tous les mois comme les autres écoles. Non, non. On pouvait passer deux trimestres enfermés (longue vie au Master, comme on surnommait affectueusement notre directeur). Alors, pendant la première semaine, c’était comme si on faisait la fête pour tout un trimestre d’emprisonnement !

Les inyobe et la semaine sainte

Certains inyobe, fraîchement débarqués des villes comme Bujumbura et Gitega, avaient cette allure perdue qui attirait notre attention. Ces pauvres âmes venaient avec des poches pleines et peu d’expérience en matière de survie à l’internat. Nos préférés ? Ceux qui avaient souvent dans les poches ce qui nous manquait cruellement : l’argent. Alors, on leur apprenait les bases.

D’abord, iminyuro (les chemins secrets) pour s’évader vers un non autorisé (oui, une sortie illégale). Une fois kwirodi (sur la road, pour les non-initiés), on leur montrait les bars où les abamotsi (nos chers surveillants) ne risquaient pas de pointer leur nez. Et grâce à notre précieux inyobe (qui finançait discrètement l’opération, bien sûr), la tournée des bars commençait.

Pas de Sapor à l’époque, mais on avait des ancêtres bien plus dangereux : Igiti, Imena, et l’infâme umufaragata. Ce breuvage, c’était pour les plus téméraires, les fous, ceux qui voulaient tester les limites de la bienséance. Et les vraies légendes ? Ceux qui mélangeaient le tout, mu cuma, mixant une potion explosive qui aurait fait pâlir de honte un cocktail molotov. Le black-out qui s’en suivait ? Même la Regideso ne pouvait pas rivaliser

Mais revenons à nos inyobe. Ce n’était pas par pure bonté qu’on les accueillait à bras ouverts durant cette première semaine. Non, non. Il y avait une intention derrière cette « générosité ». En échange de leur initiation à la ‘’vie d’internat’’, ils assuraient notre confort financier temporaire. Et on leur donnait en retour une compétence vitale : celle du 21.

La fameuse compétence du 21

Alors là, attention ! Tout inyobe qui voulait espérer survivre aux fouilles intempestives devait apprendre cette technique inestimable. Le 21, c’était simple : réussir à passer par une ouverture de 21 cm pour s’échapper du dortoir pendant que les fouilles battaient son plein. Ceux qui maîtrisaient cet art étaient assurés de naviguer tranquillement dans la vie infernale de l’internat, où aho umwana arira nyina ntiyumve (l’enfant peut pleurer, mais sa mère n’entend pas).

Les leçons de vie (ou presque)

Tout ça pour dire que, même si on faisait les fous, ces années nous ont forgés. Elles nous ont appris à nous débrouiller, à jouer avec les règles (et parfois à les contourner). Alors, chers nouveaux pensionnaires, si vous lisez ceci en vous demandant ce qui vous attend, voici mon conseil : soyez malins. Faites vos erreurs, mais sachez où poser vos limites. Et surtout, rappelez-vous que ingendo y’uwundi ivuna, le chemin de quelqu’un d’autre peut vous briser si vous le suivez aveuglément.

Alors, bonne chance à vous. Ne copiez pas tout ce qu’on a fait (croyez-moi, ce n’était pas toujours une réussite), mais trouvez votre propre voie. Et qui sait ? Peut-être qu’un jour, vous repenserez aussi à ces années avec un sourire nostalgique et une petite larme à l’œil.

 

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Les commentaires récents (1)

  1. Cher Jean Ndikumana; c’était quelle école? c’était quelle province? c’était quelle période? Il me parrait qu’une telle description suppose une homogénéité de pratiques qui n’a jamais existée! Du moins d’un point de vue synchronique. Comme si ce qui se vivait au Lycee de Rugari en 1982 c’était pareil au petit séminaire de Kanyosha en 1990.