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Avec le pouvoir du Cndd-Fdd, le religieux l’emporte sur le séculier

Depuis le 07/03/2023, tout le personnel de la Présidence, de la Vice-présidence et de la Primature doivent obligatoirement prier avant le début de leur travail. Une mesure qui interroge sur les principes de la laïcité de l’Etat mais qui semble bien s’inscrire dans la ligne droite du parti telle que tracée par leur visionnaire.

Dukora dusenga, dusenga dukora (Travaillons en priant, prions en travaillant). Prononcée par feu Président Pierre Nkurunziza (proclamé visionnaire du parti de son vivant) lors de son accession au pouvoir en 2005, cette formule est sans doute l’acte fondatrice des velléités « théocratiques » du parti de l’aigle. Ainsi, invoquer Dieu est devenu un exercice auquel les dirigeants du Cndd-Fdd n’ont cessé de se prêter. A merveille ou à outrance, c’est selon. 

Depuis, ils ont multiplié des gestes pour plus « se rapprocher » de l’éternel. Chaque année, une croisade est organisée par le couple présidentiel à l’intention des hauts fonctionnaires et dignitaires pour rendre grâce au Tout Puissant. Dans ses festivités, une chorale composée des membres du gouvernement se produit devant le Président. Un vrai show. Le dernier jeudi du mois, les membres du parti au pouvoir se rencontrent à leurs permanences pour une prière. « Qu’ils le sachent bien, nous avons une mission divine de tirer les Burundais du précipice », avait scandé à la foule de Kabezi, le candidat Evariste Ndayishimiye dans un meeting en 2020. 

En effet, le parti au pouvoir est convaincu d’être investi d’une mission divine. Cette légitimation religieuse du pouvoir n’est pas sans conséquence. Avec le divin trainant toujours ses guêtres dans la gestion de la chose publique, les élites politiques sont imperméables aux critiques. Motif : Dieu étant de leur côté, ils ont toujours raison. Face aux grands problèmes de l’heure, la réponse habituelle est Imbere ni heza.

La foi seule ne peut nous sortir de l’ornière 

Sola fide est une expression désignant le principe protestant que seule la foi peut sauver. Mais quand vient le tour de la gestion de la cité, la foi sans les œuvres n’est rien. Il faut plutôt la foi avec les œuvres. Et celle-ci, dans le cas du Burundi, pourrait se traduire par la lutte contre la corruption, une bonne gestion des deniers publics, la construction de bonnes infrastructures routières et sanitaires, l’amélioration de la qualité de l’enseignement, etc.

Paradoxalement, l’histoire du Burundi retiendra que c’est le Président le « moins croyant » qui a su développer le pays. Jean Baptiste Bagaza a fermé les églises et est entré ouvertement en conflit avec l’Eglise catholique. Bien qu’il ait perdu ce bras de fer, ses œuvres demeurent toujours vivantes dans la mémoire collective des Burundais. Comme quoi, gusenga ntibifata iswa.

 

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