Depuis quelques jours, la valeur des devises étrangères chute sensiblement sur le marché parallèle. Quelles sont les causes ? Quels impacts sur la vie économique ? Fabrice Nkengurukiye s’est penché sur la question.
1 euro à 2700 Fbu et 1 dollar américain à 2310 Fbu, c’était le taux de change à l’achat des devises par les changeurs du centre-ville le 9 mai dans la soirée. Faut signaler que la veille, le cours fluctuait de minute en minute et qu’il fallait négocier avec plusieurs changeurs pour trouver un taux satisfaisant. Du jamais vu depuis plusieurs mois, sachant qu’à un certain moment, 1 dollar américain s’achetait 3000 Fbu et 1 euro à 3500 Fbu.
Selon Mathias, un des dizaines de changeurs de rue communément appelé « vunjayi », cette chute est due au fait qu’ils n’ont plus assez de clients pour acheter les devises. D’après lui, la grande majorité des grands clients (des commerçants pour la plupart qui s’approvisionnent au marché noir) ont cessé d’importer ces derniers jours en attente de la fin du référendum.
Un des commerçants contacté au téléphone au départ vers Dubaï, vendeur de téléphones mobiles et accessoires, m’a confié : « Je n’ai jamais eu la possibilité de bénéficier du taux de change des banques, du coup, je suis obligé de me fournir chez les changeurs de rue et mon business en souffre énormément. Ces derniers jours, je suis obligé de vendre à perte ma marchandise achetée avant la descente du taux du dollar pour rester compétitif face aux autres commerçants qui ont récemment bénéficié du taux très bas en cours ».
Quant à Landry, jeune cadre dans une ONG de Bujumbura, il reste confiant quant au retour à la « normale » dans les prochains jours : « J’ai décidé d’épargner en devise étrangère car notre monnaie semble perdre de sa valeur du jour au jour. En plus, avoir des devises sous la main me permet de faire mes transactions à l’étranger facilement sans me ruiner. J’ai choisi de ne pas me ruer dans un bureau de change pour vendre mes devises car je sais pertinemment que le dollar va finir par remonter comme ça a été le cas il y a plusieurs mois.»
Pourquoi cette variation du taux
Selon un observateur, depuis que la BRB a pris la mesure de gérer elle-même rigoureusement l’essentiel des devises circulant dans le pays, les institutions financières n’ont plus beaucoup de marge pour financer les importations en général et les bureaux de change en particulier. D’ailleurs, leurs ressources n’ont cessé de se dégrader depuis la crise de 2015. Ce qui reste des importations actuelles (médicaments, carburants, engrais, matières premières), elles sont financées par la BRB par l’intermédiation de certaines banques.
Le marché parallèle de change ne reçoit dans ce cas que des miettes des devises circulant dans le pays: reliquats de missions, les transferts des membres des familles,… Pour ce, il ne se conforme pas au taux de la BRB. Du coup, son taux de change varie en grande partie en fonction de la loi de l’offre et la demande du marché local.
Rien à signaler dans nos marchés
Malgré toutes ces fluctuations, les prix des denrées alimentaires sur les marchés semblent ne pas avoir bougé d’un poil, mais au contraire continuent à monter. Comme quoi qu’il pleuve ou qu’il neige, le Burundais lambda va continuer à souffrir de cette crise économique.
Par contre, cette montée de la valeur du franc burundais sur le marché noir va profiter à ceux qui ont gardé confiance dans notre monnaie et qui comptent faire des achats dans les jours à venir à l’étranger. En peu de mots, notre monnaie n’est pas aussi moribonde qu’on pourrait le penser, mais elle a tendance à jouer des mauvais tours à ceux qui préfèrent les devises étrangères.
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Pourquoi la valeur des devises étrangères chute sur le marché noir ?
De ma part, l’économie du pays doit faire normalement référence au taux de change officiel et non au taux de change des marchés noirs. L’officiel reste le même, pas de diminution, pas d’augmentation.
La chute s’expliquerait d’une part par la diminution sensible des demandeurs des devises sur le marché noir, ce qui veut dire que le climat d’affaire ne pas au bon air.
D’autre part, le marché noir est inondé par les devises dont j’ignore où ces derniers d’approvisionnent en devise, une question que je poserai à la BRB.
La différentielle entre le taux le taux de change officiel et celui du marché noir n’a pas d’explications dans un même pays, pour une même banque centrale supposée contrôler la circulation de la monnaie et donner accréditation à des maisons de change qu’elle est aussi sensée contrôler leurs activités .
La BRB devrait plutôt normaliser et équilibrer les taux de changes comme dans les autres pays, où il n’y a pas de différence sensible entre les deux taux. Elle en a toutes les prérogatives
Si non , cela laisse penser à un système économique défaillant, dont le contrôle de la circulation de la monnaie lui échappe. Quelque soit la provenance , le mode d’entrée des devises, rien ne devrait échapper à la BRB pour le contrôle de la circulation de la monnaie.