Du 14 au 18 février 2024 avait lieu à Addis-Ababa la 37ème session ordinaire de la conférence de l’Union africaine. L’Afrique continue à être comme une vaste arène où prospèrent des conflits hautement meurtrière, mais sans grands enjeux stratégiques. Pourquoi les initiatives, allant dans le sens de la rationalisation de recherche de paix et de sécurité en Afrique, ne peuvent pas conduire à une paix et à une sécurité durable en Afrique ? Quelles en sont les causes ?
Le 37ème sommet des chefs d’Etat vient de se clôturer, ce dimanche le 18 février, dans la capitale éthiopienne. Trente chefs d’Etat et de gouvernement avaient fait le déplacement. Le discours d’accueil prononcé par le président de la commission de l’Union Africaine, Moussa Faki montre bel et bien que sur le tableau de bord, le voyant rouge s’allume en matière de paix et de sécurité. Il souligne que le terrorisme déstructure certains de nos états. Depuis la création de l’Union africaine, jamais un nombre inquiétant de transitions post changement non constitutionnel, assisté ces derniers années, n’a été atteint en Afrique.
Les élections sont devenues, par l’ampleur de leurs irrégularités, des facteurs d’approfondissement de crises. Certains pays et régions en crise ont été ciblés : la Libye qui reste jusqu’aujourd’hui, livrée à toute sorte d’ingérence, le Soudan profondément piétiné par ses élites et s’enfonce dans le chaos, le Sahel très inquièt au plus haut point pour le vide qui s’y installe dangereusement depuis le retrait de la Mission des Nations Unies, la dénonciation des Accords d’Alger et le retrait du Mali, du Burkina et du Niger de la CEDEAO et les pays des Grands lacs qui multiplient les signes d’aggravation de leur sempiternelle crise, nourrie des problématiques irrésolues à l’Est de la RDC. Le président de la commission de l’Union Africaine n’a pas manqué de faire le retour en arrière, en se demandant finalement ce que sont devenues l’Architecture africaine de paix et de sécurité (APSA) et l’Architecture de Gouvernance Africaine (AGA) qui faisaient déjà frémir de fierté africaine seulement par leur évocation.
Les faiblesses de la politique africaine de paix et de sécurité
Selon le penseur Jean Delors Biyogue-Bi-Ntougou, auteur de « Les politiques africaines de Paix et de sécurité », publié dans les éditions l’Harmattan, les acteurs africains doivent trouver les voies et moyens de parvenir à se dépouiller d’un certain nombre de limites qui constituent un obstacle à l’efficacité de leur politique de paix et de sécurité :
« Les initiatives africaines en matière de paix et de sécurité, restent en grande partie tributaires du soutien extérieur ». Selon les divers acteurs et partenaires de l’Afrique, l’Afrique apparaît comme un facteur assisté puisqu‘il est incapable de voler de ses propres ailes en ce domaine.
« Un système tributaire du degré d’implication des chefs d’Etat africains ». Malgré ses dispositions juridiques, ses efforts restent malheureusement dépendants de la volonté politique des dirigeants africains, pour la simple et bonne raison que l’organisation africaine ne dispose pas de pouvoirs coercitifs étendus. Les mesures juridiques, si efficaces soient-elles, ont besoin d’une large adhésion des chefs d’Etat et de gouvernement de ses Etats membres pour atteindre les résultats escomptés.
« Le pouvoir encore réduit du président de la commission (de l’autorité africaine) ». Elu par les chefs d’Etat, le président de la commission africaine ne dispose que des pouvoirs que ces derniers lui donnent. Il n’est pas en mesure de décider d’une action d’envergure sans s’en remettre à l’appréciation de ses mandataires. Or, il n’y a pas d’autres organes à sa tête, capables de donner des directives aux chefs d’Etat.
« Les difficultés des armées nationales ». L’armée dans un Etat représente l’un des fondements de sa souveraineté. L’une des première mission est la défense du territoire. Cela demande de faire preuve de réelles capacités opérationnelles, matérielles et humaines, reposant tant sur le nombre d’hommes recrutés (quantité), que sur leur valeur (qualité) . Les hommes au pouvoir se préoccupant de leur sécurité personnelle, ont mis en avant des recrutements sur base de la parenté, ou de l’appartenance à la même ethnie, région, religion, village, etc. Par exemple l’enquête réalisée discrètement auprès des militaires de dix pays africains, l’été 2006, a permis de découvrir qu’en moyenne 43 sur 100 avouent être devenus militaires parce qu’ils ne savaient pas quoi faire de leurs vies, dit le penseur Jean Delors Biyogue.
« Les difficultés économiques ». L’Afrique subsaharienne est richement dotée en ressources humaines et naturelles. Pourtant plus de la moitié de sa population vit en dessous du seuil de la pauvreté, subsistant avec moins d’un euro par jour et par personne.
En somme, du point de vue institutionnel et organique, le système africain de paix et de sécurité a un réel potentiel sécuritaire dont l’effectivité ne dépend que de la volonté politique des chefs d’Etat. Après des années d’instabilité politique et sécuritaire où plusieurs pays africains ont adhéré les yeux fermés à politique de paix et de sécurité sans avoir suffisamment réfléchi à quoi elle renvoyait, il faut venir à une restauration de cette politique. Cette restauration ne doit pas prendre le sens du retour en arrière, on ne peut pas y retourner, mais par cette restauration, il faut entendre la recherche d’un équilibre renouvelé des orientations et des valeurs de l’UA en matière de paix et de sécurité en vue d’une meilleure intégration.
On a toujours adheré sans discernement à ces genres de politiques. Mais à l, Est du Congo…. Je doute que ça va donner quelque chose