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Rumonge : le piteux état de la RN3 n’est pas le seul défi

Dans une conversation, lorsque l’on évoque Rumonge, les gens pensent directement à la vétuste route Bujumbura-Rumonge, la RN3. Avec raison, il faut le concéder. Mais l’on oublie que ce n’est pas l’unique défi de la province ou de la commune. Un simple entretien avec les jeunes du coin suffit pour vous faire changer d’avis. Rencontre. 

« Les travaux de réhabilitation du tronçon Rumonge-Gitaza ont pratiquement déjà commencé. L’entreprise qui a gagné le marché est déjà à l’œuvre. Pour le moment elle en est au stade de collecter les matériaux qui serviront à la réhabilitation ». Ce sont là les mots d’un administratif de la commune Rumonge. Et il a raison. Pour s’en rendre compte, il suffit d’emprunter la RN3. Les camions de Sogea Satom font des va-et-vient. Un site de stockage du matériel et d’accueil du personnel est en construction, au grand plaisir du chef de zone Kizuka pour qui Rumonge a payé un lourd tribut du fait de la dégradation de cette route. « Maintenant qu’elle est sur le point d’être rénovée, l’on ne peut que s’en réjouir », dit-il, enthousiaste. 

Au-delà du délabrement de la RN3, d’autres défis…

Si l’état de cette route fait parler de lui depuis un certain temps, Rumonge connaît toute une panoplie d’autres défis. La RN3 n’était que l’arbre qui cache la forêt. Les jeunes de cette province tiennent à le faire savoir. Il y a par exemple ce jeune homme de 24 ans, qui a requis l’anonymat, qui estime que les jeunes de Rumonge ne sont pas soutenus par les administratifs. Et d’avancer la lourde taxation qui handicape les jeunes débutants dans le business. Une idée qu’il partage avec Evelyne Manishimwe, la vingtaine, qui demande de réduire les taxes. La lourde fiscalité ne peut que décourager les entrepreneurs débutants.

Un autre défi de taille : importer le haricot et le maïs depuis les autres provinces vers Rumonge n’est pas une douce sinécure. Le jeune homme trouve donc que les échanges entre les provinces ne sont pas au beau fixe, ce qui n’est pas sans poser de problèmes aux entrepreneurs en herbe. 

Les coopératives : la mayonnaise peine à prendre

Le soutien des administratifs, c’est aussi la demande de Éric Harumukiza. Ce manque de soutien résulterait, selon lui,  de l’absence de communication avec l’administration. Résultat, il y en a qui finissent par lâcher du lest et arrêtent d’entreprendre.

Ce n’est pas toutefois l’avis du chef de zone Kizuka,  l’une des zones de la commune Rumonge. Ce dernier pointe du doigt une jeunesse déconnectée de ce qui se passe dans le pays. Et de renchérir : « Le manque de contact avec l’administration ? Inadmissible. Comment faire autrement si ce n’est pas avec les jeunes ? Tous les projets des communes, c’est impossible sans les jeunes. Il n’y a pas d’alternatives. Pour preuve, il y a des jeunes qui ont déjà pris le devant. D’autres vont rejoindre le train en marché », assure cette administratif. 

Le bémol, reconnaît-il, c’est que si Rumonge est connu pour être un terreau fertile pour la culture des palmiers à l’huile. Ils sont nombreux ceux qui se laissent bernés par le prix dérisoire que leur propose les usuriers en provenance des autres provinces. Ces derniers revendent le produit à un prix élevé. Et de conseiller aux jeunes de toujours parler et soulever leurs problèmes. Autrement, ils ne seront pas résolus. 

Créer des coopératives propres aux jeunes ?

Mais ce sont surtout les coopératives qui font parler plus d’un parmi les jeunes de Rumonge. Des coopératives pas si prospères mais plutôt en faillite. En cause des projets mal conçus et des résultats qui se font toujours attendre. Ces coopératives semblent ne pas avoir atteint leurs objectifs. Le chef de zone Kizuka le reconnaît : « L’utilisation de l’argent des coopératives reste problématique ».  Et de mettre en garde : « Ceux qui ont mal géré cet argent vont tôt ou tard payer ». De quoi faire dire à Jean de Dieu Ndikumukiza  qu’il faut créer des coopératives propres aux jeunes.

Cet article s’inscrit dans le cadre du projet EEYP – Economic Empowerment of Youth towards Peacebuilding and Crisis  Prevention in Burundi  soutenu  par  IFA  & GFFO et exécuté par WAR CHILD  et  AJEBUDI-YAGA

 

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