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Nos médias d’abord, les élections après

Elles s’appelaient Bonesha FM, Isanganiro, RPA, Renaissance ; ces radios et télévisions ont été réduites au silence à coup de canons, roquettes, grenades ou tout simplement avec le feu.

« Cukucuku », l’émission fétiche de Mashoke le roi du rire sur la RPA, « African Show » de Télé Renaissance pour les mélomanes, la « Chronique de Jojo Paparazzi » sur Bonesha, la célèbre émission « Weekend ni gute ? » (« Qu’y a-t-il ce weekend ? ») du journaliste culturel Christian Nsavye sur Isanganiro… Tout ceci, c’est de la vieille histoire. Fini, à Bujumbura, le silence attentif de 12h30 où tout le monde, collé-serré autour d’un téléphone, suivait avec la plus grande attention le journal.

Le Burundi a changé. Sa diversité médiatique est partie en fumée.

Au-delà de simples noms

Bonesha : « Fais luire ! » La station n’hésitait pas à mettre des zones d’ombre en lumière et faisait éclater la vérité au grand jour. Avec elle, j’étais éclairé. Isanganiro : « Lieu de rencontre ! » Dans sa diversité d’idées, on avait un moment pour les échanger malgré nos divergences. RPA : « La voix des sans voix ! » Tendre le micro au plus simple des citoyens. J’avais l’espoir de faire entendre ma voix un jour. Renaissance : « Renaître et revivre. » Lutter pour le respect des droits du citoyen. En l’écoutant, je me rappelais qu’il fallait respecter les droits d’autrui.

Et Rema ?

Je ne passerai pas sous silence la destruction de ce média. J’étais contre sa manière de travailler, mais je ne cautionnerai jamais l’usage de la force pour faire taire un media. « Œil pour œil et le monde sera aveugle », disait un grand sage, Gandhi.

Ma seule préoccupation : presque tous les medias ont été détruits. Par quelle barbarie ? Je ne saurais le dire. Certains parlent de guerre médiatique lors du coup d’État qui a fini en fiasco. Bravo aux loyalistes. Les putschistes ont été mis en déroute. Mais, moi, qui va m’informer aujourd’hui ? On me demande de me préparer pour aller voter. Mais quel vote? Quel genre de citoyen suis-je devenu ? Quelqu’un assailli de rumeurs de toutes sortes et de toutes parts, à qui l’on ment. Un vrai trouillard, parce que j’ignore tout sur la situation sécuritaire à deux ou trois kilomètres de chez moi. Et vous me demandez de m’exprimer par les urnes !

Quel genre d’élection, guidée par l’ignorance et la peur ? Non. Je veux d’abord nos médias.

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