Chaque année, des milliers de jeunes diplômés arrivent sur le marché de l’emploi. Pour rappel, la seule université du Burundi relâche chaque année entre 2500 et 3000 licenciés. Malheureusement, ils sont peu nombreux à trouver un travail. Beaucoup se retrouvent dans la rue. En plus de la fameuse exigence de l’expérience professionnelle de cinq ans et du permis de conduire, le népotisme ne fait qu’enfoncer le clou. Témoignages.
Comme on le dit souvent chez nous. « Uwutagira inasenge arisenga (qui n’a pas de parents vit à ses dépens ou n’as qu’à vivre à ses dépens, ndlr) ». Richard, lauréat à la recherche de l’emploi en témoigne. « J’ai postulé maintes fois, sans jamais être rappelé pour passer des entretiens. Pourtant, un pote qui venait d’être diplômé a directement été embauché dans une ONG internationale parce que son oncle est un cadre influent dans cette organisation.».
Même son de cloche chez Laurette qui nous peint un tableau bien sombre de sa situation : « Il y’a quatre ans que je dépose, mais, jusqu’à aujourd’hui, je n’ai jamais passé ne fusse qu’une seule fois un entretien. Néanmoins, aux gens qui ont des amis ou les parents connectés, ils ont de l’emploi. Eux, ils peuvent être favorisés pour avoir un post quelconque que nous. Nous banyarucari n’avons pas de place, car nous n’avons pas de pistons pour accéder à ce saint graal qu’est l’emploi ». Pour elle, l’égalité des chances n’existe pas. Pour trouver de l’emploi, il faut être bien né et avoir des contacts. Ces deux cas loin d’être isolés sont là pour nous l’attester.
Et pourtant…
La loi burundaise est on ne peut plus claire sur ce point. Elle assure à chacun l’égalité de chances. Elle s’oppose à toute exclusion fondée sur l’origine sociale en ce qui concerne l’embauche. Dans un pays ou l’emploi est devenu une affaire de « Qui t’as envoyé ?», la situation reste sur son quant-à-soi, malgré cette loi. « Je ne peux pas donner de l’emploi à un étranger au moment où mon fils et ma fille sont au chômage », témoigne Eric* directeur d’une entreprise.
Or, cela n’est pas sans conséquences, car des postes de responsabilités sont parfois confiés à des personnes sans compétences. « On préfère un fils ou une fille médiocre à un inconnu compétent ». Certains qui affirment avoir compris les rouages du « game » ont pris une autre voie. « Militer »
Piste de solution : égalité de chances pour tous
Pour Gérard Hakizimana, président de l’association de lutte contre le népotisme et favoritisme au Burundi, le gouvernement à un grand rôle à jouer. « Nous constatons qu’il y a des évolutions, mais dans certaines organisations, il y a encore du népotisme qui s’applique surtout au moment d’embaucher ». Il faudrait que les décideurs comprennent que nombreux parmi les jeunes lauréats de nos 49 universités restent dans les affres du chômage alors qu’ils sont compétents et compétitifs. La méritocratie devrait primer sur toute autre chose. A vouloir embaucher tel parce qu’il est l’enfant de Naka, on pourrait se retrouver à priver la chance aux « Einstein » burundais qui n’ont pas de piston et ainsi nuire ou retarder le développement du pays
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Parfois on engage des gens qui n’ont pas d’expérience et cela favorise encore la manque d’emploi parce il n’y aura de créativité dans une entreprise il n’y pas des idées innovantes.
Il y a trop de demandeurs d’emploi pour trop peu d’offre d’emploi. Dans cette situation où le déséquilibre entre l’offre et la demande est trop béant, il est tout à fait prévisible que ce sont les plus pistonnés qui vont survivre. Même en politique, vous l’avez remarqué, c’est la même chose: the winner takes it all. La situation est bien sûr malsaine et potentiellement explosive.