Elle m’a suivie partout durant mon séjour à Mwaro. Elle, c’est la pomme de terre. Elle occupe une place de choix dans la vie des Banyamwaro. Mais Mwaro, c’est aussi des lieux magnifiques et des gens courtois et parcimonieux dans le verbe.
Mwaro, là où rien ne pousse sauf la pomme de terre et le Fbu, c’est ce qu’aiment dire les plaisantins. Mes obligations professionnelles m’ont conduit dans cette province récemment. C’est connu, le journaliste ne se limite pas à collecter, traiter et diffuser les informations seulement sur le sujet qui l’intéresse. Il a les yeux pour voir et les oreilles pour écouter au-delà de son travail de routine.
C’est ainsi que par un avant-midi ensoleillé, j’ai pris la route Bujumbura-Mwaro. Aussitôt après le départ, Nyamutenderi s’est offert dans toute sa splendeur. Ma petite voiture, appelez-la ZIL (nom des camions très robustes de fabrication russe), a gémi, toussé de tous ses feux, et vomi des flammes pendant des kilomètres, sous les moqueries de Nyamutenderi et sa grandeur majestueuse.
Insensible à la douleur de ZIL, j’ai appuyé sur le champignon sans états d’âme. C’est toute endolorie que ma ZIL est parvenue à battre difficilement l’impitoyable Nyamutenderi et ses innombrables nids de poule.
Ma ZIL, une vraie bête de course
ZIL m’a donc transporté jusqu’à Buhonga. On a ensuite traversé les localités de Nyabiraba et Ruhororo en mode funambule pour atteindre Kumajombe et enfin Jenda que j’ai toujours aimé pour une raison que je ne vais pas mentionner ici (je ne voudrais pas m’attirer les foudres des internautes). Je n’ai jamais traversé Jenda sans m’arrêter et ce n’est pas aujourd’hui que ça va commencer. Je me gare donc au bord de la route pour avaler une bonne brochette, et bien sûr accompagnée d’une Bechou bien tapée. J’observe aussi les gens, mais le temps file et j’ai un rendez-vous qui m’attend. En deux temps, trois mouvements, j’atteins Nyakararo, je bifurque vers la gauche pour traverser Rwintare à vive allure, puis je rejoins le chef-lieu de la province, une dizaine de minutes plus tard. Ma ZIL est devenue une vraie bête de course.
Entretien mené tambour battant avec mon rendez-vous, me voilà libre pour le reste de la journée. Un petit creux me rappelle qu’il faut quand même manger à un certain moment. Je m’échine à trouver un resto. J’en débusque un près de la route qui conduit vers le camp militaire, à l’endroit qu’on appelle ‘’Ku gicupa’’.
« Pommes de terre, frites de pommes de terre, haricots, avocats… », susurre la serveuse. « Pas de riz ? », demande-je. « Non, le riz est terminé, mais les pommes de terre sont bien cuites ». Le sourire qui accompagne la phrase de la jolie serveuse me pousse à passer commande, même si je ne suis pas vraiment friand des pommes de terre. Pourtant, je les mange avec appétit, surtout que la serveuse s’est installée tout près de moi et qu’on a commencé à faire causette. Ça s’arrête là, vous les amateurs des histoires croustillantes, je vous vois venir !
« … c’est le Fbu qui aime les Banyamwaro »
Après avoir fini de manger, je décide de faire un tour au marché de Mwaro. Là encore, des centaines et des centaines de gros sacs de pommes de terre. Une demi-heure plus tard, je m’en vais prendre une chambre à l’hôtel où je vais passer la nuit. Je passe par la porte arrière, et surprise…là encore, on est en train d’éplucher des pommes de terre. Mais il y en a partout, pardi !
Après avoir pris une bonne douche, je m’en vais « m’asseoir parmi les autres hommes » (les Burundais connaissent sûrement cette expression, c’est-à-dire faire le piquet de bar). Ici aussi, presque tout le monde mange des frites de pommes de terre. Je fais un petit saut à Kibumbu pour voir de quoi il en retourne. Là, je découvre des Zingalo que je déguste sérieusement, avant de revenir à Mwaro pour trinquer avec les mangeurs de pommes de terre. Alors que je blaguais autour d’un verre avec un Munyamwaro pur-jus, je le taquine : « Abanyamwaro ngo murakunda amahera ? ». Du tac au tac, il m’assène : « Ce n’est pas les Banyamwaro qui aiment le Fbu, c’est le Fbu qui aime les Banyamwaro ». C’est l’hilarité au comptoir.
L’autre constat est que tout le monde, hommes, femmes, enfants portent des vestes, ce qui est normal, car à Mwaro, il fait parfois un froid de canard. Toutes emmitouflées dans de grosses vestes, je parviens quand même à remarquer que les filles de Mwaro sont très jolies. Même celles qui ont une beauté que je n’aime pas particulièrement, sont charmantes.
A 23h00, mon corps tout endolori par la fatigue, comme celui de ZIL, réclame repos. Je m’en vais dormir. Avant que Morphée ne me transporte dans son monde, je me rappelle d’un endroit dont on m’a souvent parlé : « Kwa Siri ». Je me fais la promesse d’y faire un tour le lendemain.
turakunda yaga ariko ba mwandiki inkuru mururimi rumwe .kuko bose si abafarasa
Il n’est pas autorisé de conduire les véhicules après avoir pris de l’alcool. Fais attention avec le contenu de ton article. Tu risque gros avec la police. Lol
C’est « classe » vos reportage. Je suppose qu’on jour vous allez les collectionner et les publier dans un ouvrage pour le plaisir des future generations de lecteurs