Ce 30 avril, la liste des 26 jeunes burundaises en lice pour la couronne de Miss Burundi 2023 a été publiée. Face au charivari que cause cette compétition chaque année, comment vit une candidate après qu’elle soit mise sous le feu des projecteurs. L’une d’elle se raconte…
Un soubresaut a fait secouer mon corps dès que j’ai vu mon nom sur cette liste. La fameuse liste des vingt-six. Les heureuses élues. Pfff ! Il fallait voir comment Internet persifle déjà sur nous : les vingt-six agneaux amenés à l’abattoir. C’est cela que nous sommes maintenant. Est-ce cela le prix d’avoir un rêve, d’être la plus belle femme du Burundi ? J’ai envie de racler ma gorge et de déposer un gros crachat sur terre en lisant ces commentaires sur Facebook : « Regarde son nez, ses joues tombantes ; ses omoplates aiguisées comme un glaive ; et l’autre-là avec sa grosse tête…» Faut-il obtempérer face à ces ignominies ? Malheureusement oui.
Nos grandes sœurs, qui ont fait face aux boutades du net, sont-elles mortes ? Difficile de répondre à cette question. Mais elles ont franchi le Rubicon, Alea jacta est. Parce qu’au fond d’elles, je me dis, il brûlait un feu que nul ne pourrait éteindre.
Croire en son rêve malgré tout
Miss Burundi. Ça sonne bien. Si ce n’était que cela seulement. Une certaine rengaine voudrait que Miss Burundi soit la plus belle femme du pays et une autre confère à la femme qui remporte la couronne, une intelligence hors norme. Un débat sempiternel. Qui fait que les aspirations personnelles prennent le dessus sur les faits. Comment peut-on dire que cette femme est la plus belle ? Qu’elle est intelligente ? Soit.
Nous (oui, j’ose utiliser le ‘nous’), jeunes femmes burundaises, qui prenons le courage d’affronter les yeux du monde, sommes persuadées que nous avons quelque chose à apporter à ce pays. Un projet écologique, une coopérative communautaire de mères célibataires, un centre d’apprentissage de métiers pour les plus démunis, etc. Devant ces juges impassibles, qui vont nous fixer avec leurs gros yeux le jour de la finale, nous allons élaborer en quelques minutes ce projet que nous avons jugé utile pour la société. Est-ce que le pays ne va pas en bénéficier ? Oui. Internet voit peut-être le contraire. D’ailleurs, parlons de cet espace devenu…
… un holocauste pour les candidates Miss Burundi
Je me suis lamentée depuis le début : nous sommes soumises aux tortionnaires de la toile qui, devant leurs écrans, s’adonnent à un travail d’inquisition qui ferait pâlir un inquisiteur espagnol du temps de la Reconquista. Il nous faut une régulation. Modérer ces commentaires de haine. Ou pourquoi ne pas fermer l’espace commentaire ?
En vérité, en vérité, je vous le dis : Miss Burundi, c’est une compétition qui met en valeur la femme (burundaise) et non qui la discrédite. Peut-être vous vous dites que les critiques sur le physique ont toujours eu lieu… « Oui, l’humain est tel. Accepte les critiques et passe ton chemin », Bah non.
Parmi les 7 millions de téléspectateurs qui ont regardé la finale de Miss France (plus ancien concours de beauté du monde encore en cours) 2023, il y a eu une certaine portion qui a injurié les candidates. Sans parler de Twitter qui s’enflamme à chaque fois qu’on prononce la gagnante. Mais devons-nous normaliser cette haine lancée à tout-va ? Je ne pense pas.
Bref. Laissez-nous représenter vos provinces dignement. Donnez-nous l’occasion de partager nos projets. Les photos, les défauts dans le maquillage, la physiologie de notre corps, jetez cela dans les gouffres de l’enfer.
Ce Jolie de burundian
La fille la plus belle et plus intelligente du burundi
elles sont vraiment belle ,nous sommes fière de vous burundian