Des messages de haine ethnique font couler beaucoup d’encre depuis quelques semaines dans la presse burundaise. Existe-t-il un précédent ? Si oui, comment cela a-t-il été géré ? Que proposent les experts ? Que pense l’Observatoire de lutte contre le génocide ? Éléments de réponse.
Médias « assassins ».Ce vocable va sûrement résonner fort dans les têtes des lecteurs . À cette période, la presse écrite inocule alors aux Burundais des messages de la haine, des discours divisionnistes. En fait, les médias de la presse écrite sont farouchement antagoniques les uns aux autres et ce, sur la base des ethnies.
Un fait certain, ces messages circulent particulièrement parmi les élites urbaines, à même de s’acheter des journaux. . Il suspend les partis politiques et la presse privée qui en dépendait idéologiquement comme financièrement pour une bonne partie.
Rien n’est acquis définitivement. Plus de deux décennies plus tard, des messages de la haine venant d’une part d’un « journaliste » et d’autre part d’individus au relent extrémiste enflamment de nouveau depuis quelques mois les esprits des Burundais. Mais les supports de diffusion utilisés aujourd’hui laissent planer le spectre du danger.
Risque de violences de masse
En effet, le caractère oral (oralité) des émissions et leur partage sur les réseaux sociaux permettent d’atteindre une large audience, ce qui n’était pas possible autrefois. Pire, ces messages de haine, aux allures de ragots et rumeurs sont partagés, d’une part par ceux qui passent pour des professionnels et d’autre part des intellectuels ayant même occupé dans le temps certaines hautes fonctions, et de ce fait, pouvant bénéficier de la crédibilité aux yeux des gens dépourvus de discernement.
Le danger est discernable. Les experts s’accordent pour dire qu’il ne faut pas prendre à la légère de tels messages. Pour Aloys Batungwanayo, membre de la CVR et chercheur sur les questions de mémoire, . Il conseille aux témoins actifs d’envoyer un message de désapprobation aux auteurs des messages de la haine. .
De son côté, Jérôme Niyonzima, journaliste investi dans la résolution des conflits, rappelle que . Dès lors, il en appelle aux sanctions pour mettre fin aux messages de la haine et tient à souligner le danger de l’impunité : « Quand les crimes ne sont pas punis, la criminalité s’en trouve renforcée. »
Quant à Jean de Dieu Mutabazi, président de l’Observatoire national pour la prévention et l’éradication du génocide, des crimes de guerre et des autres crimes contre l’humanité, il insiste sur l’importance de préservation de la paix : « Que tout un chacun donne sa contribution pour que la paix, qui est une réalité aujourd’hui au Burundi, soit consolidée. Et le contrevenant sera sanctionné qu’il soit ici au Burundi ou à l’extérieur », a indiqué dans l’émission Akabirya de la Rema FM.
En plus, M. Mutabazi souligne que le Burundi appartient à tous les Burundais. Et aussitôt de mettre en garde quiconque se permettra de diffuser des messages de la haine, déshumanisants : « Nous conservons tous les éléments sonores dans le cadre de notre travail de monitoring ».
Risque de fracture sociale profonde
La haine divise. La haine tue. La haine brûle, incendie, embrase, consume. Que cet avertissement soit gravé dans la conscience des Burundais et dès lors, tout un chacun aura la paix de son âme. Par conséquent, cela contribuera à cultiver le vivre ensemble parmi les Burundais, au moins chez un grand nombre d’entre eux, ceux-ci œuvreront pour la réconciliation et non pour la division.
De ce fait, nous parviendrons à la concrétisation du souhait ô combien salutaire du président de la République de construire
Autrement, la mauvaise parole tue. Ces messages qui embrasent aujourd’hui les réseaux sociaux, pourraient enflammer à la longue des communautés, le pays tout entier. plus que ceux en rapport avec la gestion des ressources et du pouvoir politique. Il faut vite agir pour sévir quand un conflit comme celui-ci est rampant.