Récemment, deux médias burundais ont diffusé des informations qui se sont révélées être fausses par après. Pour le journaliste-blogueur Egide Nikiza, ces fautes professionnelles contribuent à décrédibiliser un métier déjà très critiqué.
«Tout journaliste doit exercer honnêtement et objectivement son métier. Il doit éviter le mensonge et faire de la recherche de la vérité le but ultime de son métier. Il considère la calomnie, l’injure, la diffamation et la déformation des faits comme des fautes professionnelles graves», recommande l’article 5 du Code de déontologie des journalistes du Burundi.
Les journalistes ont beau avoir à disposition ce document qui les guide dans l’exercice de leur métier, les travers ne manquent pas. Je n’exclue pas personnellement qu’un journaliste puisse diffuser sciemment de fausses informations, mais je soutiens qu’un bon nombre de fautes dans ce métier sont dues au caractère de l’immédiateté dans laquelle les journalistes travaillent.
Nul n’ignore que tout médium se sent grandi quand il informe d’autres médias. S’il déniche une information vraie, il élargit son audience. Cependant la recherche de scoop à tout prix peut conduire des journalistes à désinformer s’ils ne vérifient pas l’exactitude de cette «exclusivité».
Cas d’illustrations : le tweet d’Ikiriho qui charge le FPR et le faux « vrai scoop» du Renouveau
Jeudi 6 avril, le Burundi commémore le 23ème anniversaire de l’assassinat du président Cyprien Ntaryamira. Comme il se doit, les autorités s’expriment sur cet évènement.
Malheureusement un tweet du Journal en ligne Ikiriho va attribuer les propos de Jacques Bigirimana, président du parti FNL, à Philippe Nzobonariba, porte-parole du gouvernement : «Nous citons les Inkotanyi car parmi les gens qui ont participé dans ce coup, certains d’entre eux l’ont déjà dévoilé.»
Tenus par un officiel, cette position était loin d’apaiser les relations déjà tendues entre les deux pays « faux-jumeaux ».
Vendredi 7 avril,on apprend que Domitien Ndayizeye, ex-président de la République, a été admis à l’hôpital Kira. Néanmoins, ma source ne m’informe pas de son état de santé. Je passerai la nuit les yeux braqués sur Internet. Aucune information ne filtre. Ce sera finalement samedi matin que je tomberai sur une « information ». Un tweet du journal officiel Le Renouveau confirme « la mort » du sénateur à vie. Je n’y crois pas personnellement.
Le tweetde ce médium indique que le sénateur à vie était hospitalisé au Bumerec. Néanmoins, j’ai la certitude depuis la veille que l’ancien président est plutôt à Kira hospital. Le même médium ne tardera pas à lever l’équivoque.
Conseil d’un jeune passionné du journalisme
Je suis convaincu que tout journaliste sait qu’il doit s’en tenir aux faits dans l’exercice de sa profession. A moins qu’il veuille désinformer, aucun n’ignore qu’il doit recouper son information avant sa diffusion. Il y va de sa crédibilité et celle du médium pour lequel il travaille. Dépourvu de rigueur, le journalisme perd son essence, sa substance…Bref, il désoriente et parfois incite à la violence.
Je n’affirme pas que les deux médias aient fait des fautes en connaissance de cause. Mais d’aucuns auront remarqué qu’il s’agit des erreurs professionnelles. Mon message est tout simplement d’en appeler à la rigueur dans l’exercice de la profession de journaliste.
Oh ! Malheur ! Tout est « fake » !!! Moi qui croyais que tout va bien !