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Médecins-blogueurs : au-delà de la blouse blanche

Croulant silencieusement sous le poids des réalités qui se vivent dans les blocs opératoires ou pendant les quotidiennes réunions matinales et que nous autres citoyens « ordinaires » ignorons, les médecins et autres étudiants en médecine ont choisi le blogging comme exutoire, s’exprimant aussi bien sur leur métier que sur la vie en général.

La communauté des blogueurs Yaga regorge de médecins et étudiants en médecine. Ils sont  si nombreux que certains n’hésitent plus à parler d’un critère de recrutement. Ce qui n’est pas vrai bien sûr. Ce sont juste des jeunes burundais comme nous tous, et comme nous, ils ont aussi besoin de s’exprimer. Nous sommes chanceux au sein de la communauté d’apprendre gratuitement bien des choses sur la santé à leur côté.

Nos lecteurs s’informent grâce à la plume de ces jeunes gens passionnés par ce qu’ils font. Et le plus important, à mon avis, c’est la spontanéité avec laquelle ils le font. Ticket dans les coulisses : l’ambiance aux bureaux de Yaga, c’est ce médecin qui scrute les journées mondiales contre une maladie quelconque et qui nous concocte une vidéo solide, chiffres et études à l’appui. Ou si pas trop photogéniques, des médecins-blogueurs qui pondent un dossier de sensibilisation contre une maladie.

À la question de savoir pourquoi ils font du blogging, beaucoup diront que derrière les écrans, ils peuvent plus s’exprimer que dans leurs blouses blanches : « Il y a pas mal de réalités à révéler sur la médecine », explique Joëlle Sayubu, étudiante en quatrième année de médecine. Elle donne l’exemple de son texte coup de cœur publié sur Yaga “Médecine au Burundi, la bête noire des filles”. Ce dernier revient sur  les préjugés qui entourent le parcours de la burundaise dans la faculté de médecine. L’auteur y donne matière à réflexion et à sensibilisation. Pour elle, les billets de blogs sont une opportunité de donner une idée de ce que certains, injustement traités de vantards, vivent au cours de leurs études médicales.

Des vœux et des découvertes

Axel Harerimana, lui, parle d’un devoir : celui d’aider la population à adopter les mesures préventives comme mode de vie. Il part du principe que « la prévention c’est la première médecine ». C’est une opportunité en or pour ce blogueur et futur médecin de transmettre ses connaissances reçues à la faculté, que ce soit à propos de sujets purement médicaux ou de leurs corollaires sociaux.

Explications de l’intéressé : « Je prendrais deux articles que j’ai écrit sur la Covid-19. L’un sensibilisait sur l’abolition des intox en cette période de coronavirus, l’autre sur le port du masque comme moyen de prévention ». Et de souligner sa joie lorsqu’il a vu un reportage de la chaîne France 24 sur les jeunes blogueurs de Yaga qui ont consacré toute une rubrique Covid-19 à la sensibilisation de la population sur un comportement responsable au milieu de la pandémie.

Mais son ambition ne s’arrête pas là. Par ses billets, il veut susciter un débat et inciter les décideurs politiques à prendre des mesures pour protéger la population. Il pense entre autres à la mise en place de mesures pour atteindre une couverture santé universelle.

Pour Ivan-Napoléon, son collègue, écrire c’est aussi contribuer au changement. À chaque moment qu’il se sent interpellé, il se prête à l’exercice. « Les patients c’est aussi les cœurs de ceux qui (nous) lisent », dit-il. Celui qui cache mal son intérêt pour les sciences biologiques considère son texte “Burundi, des merveilles cachées” comme son favori parmi la quinzaine dont il est l’auteur sur le site de Yaga. Un beau texte en effet, qui nous a fait découvrir notre pays sous un soleil nouveau.

Parler solution

Certes, il y a des règles de rédaction dans le blogging,. Mais elles ne sont pas aussi strictes qu’en journalisme. C’est ce qui enchante Dr Landry Rukundo. Il aime quand il exprime librement sa position sur un sujet quelconque. « La quasi-totalité de mes billets font ressortir une seule et unique intention : celle de contribuer à l’amélioration de la vie sociale de mes concitoyens », affirme-t-il. Si le début (parfois la fin également) est souvent un casse-tête dans la rédaction d’un billet, tu es libre de terminer ton propos par une recommandation ou conclure sur tes critiques. Landry Rukundo lui ne laisse pas son papier sans une voie de solution par rapport au sujet évoqué dans  son billet. C’est là d’ailleurs son objet de fierté. Dans son texte “Parking de bus ou arènes barbares ?” paru sur Yaga, il proposait d’instaurer un système où les gens font la queue en attendant le bus. Ce qui fut fait quelques semaines après. Coïncidence ? « Je ne sais pas si le maire de la ville a lu mon billet pour s’en inspirer mais l’important c’est de voir à quel point cela a constitué une grande avancée pour la régulation de ce type de transport en commun. »

Au-delà donc du domaine qui passionne chacun de nous, les lignes qui sortent d’une pensée libre et sans jugement peuvent changer la condition de quelqu’un, d’un groupe aussi petit soit-il, et d’une société par extension. L’idée n’étant pas d’imposer quoi que ce soit à qui que ce soit, mais de partager ses opinions, de réfléchir sur un sujet, et par-dessus tout d’exister.

 

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