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L’herbe serait toujours plus verte ailleurs pour les maris de Cibitoke

La polygamie, ce phénomène de société vieux comme le monde, subsiste à Cibitoke malgré la lutte acharnée que les autorités mènent contre les mariages illégaux. Mine de rien, cette pratique détruit des ménages et cause des ravages dont certains se remettent difficilement ou pas. Qu’est-ce qui peut être à l’origine de cette pratique ? A-t-elle des conséquences ? Quelle est la meilleure façon d’y faire face ? Cette blogueuse de Cibitoke réfléchit à haute voix.  

Cibitoke, la frivole ? Non, le bon sens nous interdit la globalisation. Mais oui, Cibitoke connaît un nombre de  maris polygames, au grand dam de leurs épouses. A y voir de près, la précarité des filles ou des femmes est sans doute le talon d’Achille que les hommes exploitent à leur profit pour assouvir leurs besoins. Les jeunes filles qui ont toutes les peines du monde à avoir accès à un travail décent, cèdent facilement face à la tentation d’une vie de foyer que les hommes mariés irresponsables leur font miroiter. Cette irresponsabilité devient l’élément déclencheur de bien des malheurs dans les ménages. Mais il ne faut pas oublier que la mésentente entre les conjoints peut aussi entraîner la déplorable habitude de « Kurenga ibigo », (adultère) qui aboutit souvent à la polygamie, sujet de notre réflexion.

La vie compliquée des « Abakeba »

« Mon mari a commencé à me maltraiter depuis 3 ans. Il a même cherché à me répudier, mais ce n’était pas facile pour lui vu qu’on était marié légalement depuis 2006. J’ai donc puisé la force de résister dans la protection de la loi. Depuis 3 ans, il me bat, même en présence de mes enfants. Derrière cette situation se cache sa maîtresse, une fille de l’école  secondaire qui est devenue ma concubine. Très souvent, il la ramenait à la maison pour m’humilier et je devais me taire pour ne pas le froisser. Il a fini par louer une maison pour elle   et maintenant, ils vivent ensemble ». Tel est le témoignage Giramahoro, une  femme de 35 ans, mère de deux enfants vivant à la 7ème avenue de la zone Cibitoke en commune Rugombo. 

Le cas de Giramahoro n’est pas isolé. A Cibitoke  il est de notoriété publique que pendant la période de récolte du riz, des tomates ou du coton, les maris commencent à découcher ou prennent carrément une autre épouse avec l’argent issu des récoltes. Quand un mari prend une deuxième épouse les problèmes commencent. Entre les deux femmes, des vrais « abakeba » (rivales), le torchon brûle. La mésentente s’installe entre les deux rivales et parfois elle peut même s’inviter entre leurs enfants et bonjour les conflits fonciers. Généralement, la première épouse est délaissée au profit de la nouvelle. S’en suit la déscolarisation des enfants due à la précarité dans laquelle plonge le premier ménage. Il existe plusieurs autres conséquences néfastes inhérentes à la polygamie.

Comment y faire face ?

Il y a une chose très intéressante que l’intervention de Giramahoro révèle. Dans tous ces malheurs qui lui sont tombés dessus, elle n’a jamais oublié qu’elle peut compter sur la protection de la loi. Loin de moi l’idée de donner des leçons. Mais très souvent, les femmes sont battues parce qu’elles essaient de contester le comportement de leurs maris. Il y en a qui passent des années dans cette situation et qui sont régulièrement violentées parce qu’elles osent dire non à leurs maris déviants. Comme l’a dit Giramahoro, la meilleure protection est celle qu’offre la loi, d’autant plus que depuis quelques années, les plus hautes autorités sont vent debout contre les mariages illégaux. 

« Osez » dire non, n’acceptez jamais qu’on vous batte. Si le mari persiste dans ses turpitudes, ce n’est pas à la femme d’endurer et de souffrir le martyr. Tôt vous porterez le cas devant les instances habilitées tôt votre conjoint y pensera à deux reprises avant de vous violenter. Encore que maintenant des associations qui viennent en aide aux femmes victimes des violences basées sur le genre sont de plus en plus nombreuses. Une femme peut se sentir seule pour affronter son mari. Elle gagnerait à contacter ces associations dont la mission principale est justement de protéger la femme contre toutes ces formes de violence.

 

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