L’école communautaire La Fontaine de Kirundo a toujours été la meilleure dans toute la province. Les élèves qui y sont passés sont connus pour avoir une base scolaire solide. Mais ces dernières années, celle-ci est moins forte qu’avant. Pourquoi ? Une ancienne écolière y est retournée.
Il est 10h. Je suis dans la cour de l’école communautaire La Fontaine, province kirundo. L’air est frais et le sol encore humide, vestiges des quelques gouttes de pluie tombées très tôt le matin. Je m’arrête par moment et me mets à contempler la belle école qui m’a inculquée les connaissances que j’ai aujourd’hui. Je me souviens de chaque jour passé ici comme si c’était hier. De chaque étape franchie, de la première année maternelle jusqu’en sixième année primaire.
A la maternelle, on chantait en français ou en anglais, on nous enseignait des récitations et des poèmes, on comptait, on apprenait des couleurs, on faisait du sport et à 10h on prenait du petit déjeuner ensemble. En primaire, c’était différent. Plus de gâterie. Les choses devenaient plus sérieuses. Des dictées, du calcul mental, de longs textes, etc. Aussi ,il ne fallait pas parler kirundi, sinon on te faisait porter un collier avec un os comme médaille. C’était humiliant pour celui qui le portait et les autres élèves se moquaient de lui. C’était traumatisant mais efficace pour apprendre la langue. A la fin de chaque trimestre se présentait une proclamation en la présence de tous nos parents et la direction primait les meilleurs élèves de l’établissement. Je ne trouve pas de mots pour expliquer la compétition de mes camarades de cette époque. Même nos parents étaient en compétition entre eux, voulant chacun que son enfant soit meilleur.
Pour se détendre mais rester concentré, la direction organisait des kermesses : on dansait, on faisait des devinettes, des récitations, des jeux et nos parents nous apportaient des cadeaux. Le beau vieux temps. Le grand souvenir que j’ai de cette école, c’est que l’école se classait toujours première au niveau provincial. C’est elle qui était la meilleure. Lorsqu’il fallait changer d’école ou lors des orientations, on n’avait pas de difficultés à s’adapter, même dans les meilleures écoles que celle-ci.
Rapidement, le cours de mes pensées est interrompu par des cris d’un groupe d’enfants qui jouent près de moi, en kirundi. Je suis choquée. Ce n’est pas la même école que j’ai connu dans le passé. Pas de collier, les élèves sont libres de s’exprimer en kirundi. Plus de cadeaux le jour de la proclamation. Plus de kermesses. Même les enseignants s’adressent aux élèves, lors de la pause, en kirundi. Le pire c’est qu’avant de venir, j’avais appris par la DCE Kirundo, qu’il y’avait eu des perturbations au niveau des tests nationaux ces dernières années. L’école ne se classe plus comme avant.
Avant, lors des tests nationaux, les meilleurs élèves de cette école pouvaient aller jusqu’à 90%,80% et les deniers autour de 60%,50%.Mais depuis 2016, aucun élève n’est allé jusque-là. Les meilleures notes oscillent entre 60% et 70% maximum. Le taux de réussite lors de ces tests était toujours de 100% tandis que ces dernières années il est descendu même jusqu’à 70%.
Les raisons
Premièrement, le changement d’enseignants. Dès le début, la direction sélectionnait de meilleurs enseignants lors des recrutements. Or ce n’est plus le cas. Deuxièmement, depuis l’an 2014 jusqu’à la fin de l’an 2019, deux directeurs «qui utilisaient les minervaux des élèves pour des raisons personnelles et qui n’étaient pas organisés» se sont succédé l’un après l’autre, conduisant ainsi l’école sur une mauvaise pente. Aussi, les parents des élèves contribuent à cette perturbation. Ils n’acceptent pas que des enseignants soient sévères et stricts envers leurs enfants. Désormais punir un enfant c’est le traumatiser. Certains parents ne le digèrent pas.
Cependant, cette école n’a pas chuté considérablement. Elle a juste connu quelques perturbations qui, si elles se répétaient encore pourraient conduire l’école vers le déclin total. Mais aussi, quelques efforts suffiraient pour retrouver le succès d’avant. Et d’ailleurs, à part une seule année, elle s’est toujours classée première lors des tests nationaux au niveau provincial. Même l’année passée, avec les efforts fournis par le nouveau directeur et le responsable, soixante cinq élèves sur soixante six ont pu réussir au test national de la neuvième année fondamental, redonnant ainsi espoir aux parents ainsi qu’au personnel de ladite école, que les choses sont entrain de s’améliorer petit à petit.
« Nous ne pouvons pas nous précipiter, nous allons étudier chaque problème à part, l’ordre va revenir», affirme monsieur Alexandre, responsable de La Fontaine. Certes, l’école a besoin d’une salle d’informatique. Tous les ordinateurs qu’elle possède sont en panne, les élèves sont obligés d’étudier de la théorie seulement. Ça serait formidable si, par exemple, d’anciens élèves de ladite école s’organisaient pour offrir des ordinateurs à leurs petits frères et sœurs qui en ont besoin.
J’ai fréquenté cet établissement dès mes premiers pas à l’école.
Même toute petite,j’étais fière de ce qu’on nous offrait à l’école du côté amour,connaissances,estime de soi, bonnes manières,,,,. C’était comme une famille.
On cherchait tous à être premier ou première comme nos parents nous le répéter trop souvent.
La fontaine m’a offert tout ce qu’une bonne école peut offrir(J’en suis très reconnaissante).
Tout va rentrer dans l’ordre,là je doute pas.
Et nous,reconnaissant de ce que nos anciens enseignants nous ont inculpé,faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour offrir une meilleure éducation à nos petits frères et sœurs,ils méritent beaucoup mieux.
Merci.
Sonia Nelly KEZA merci beaucoup
Sois richement bénie.