La blogueuse Vincianne Nizigiyimana s’attèle à une critique de notre société. Elle la juge cruelle et aimerait que la vengeance ne soit pas érigée comme valeur. La jeune femme prône un retour aux sources, un retour aux valeurs d’Ubushingantahe et d’Ubuntu.
Le monde dans lequel nous vivons actuellement est une jungle inhospitalière. Les gens se battent au bord de la route et on les regarde comme on regarderait un match de football ou un spectacle jouissif. Respectons nous, respectons nos morts ! Dans le temps, on se pressait pour couvrir une dépouille anonyme, mais aujourd’hui, on se presse pour la prendre en photo et l’exhiber sur la place publique. Nous avons adopté un comportement sauvage.
Enfant, on m’a appris que tuer un lézard ou un crapaud était strictement interdit, au risque devoir les seins de ma maman disparaître par magie. Cette légende servait à me faire comprendre qu’il fallait respecter la vie. Mais aujourd’hui, décimer crapauds ou lézards n’est plus un jeu intéressant pour les enfants. Ils préfèrent fabriquer des armes et jouent à se tirer dessus ! Est-ce leur faute ? Non ! Tout ça n’est que le reflet du monde qui les entoure, les gamins sont juste de bons imitateurs. Quand est-ce qu’on se rendra compte que la violence appelle à la violence, et que la vengeance est un serpent qui se mord la queue ?
Où sont les bashingantahe?
Les personnes âgées disent souvent qu’autrefois, les Barundi s’aimaient et s’entraidaient mutuellement. Ils résolvaient les conflits à l’amiable, aidés par les sages appelés « bashingantahe ». Ces médiateurs ramenaient l’ordre dans la société. Ils incarnaient les valeurs d’ubuntu : l’humilité, la justesse, la noblesse de l’âme, l’équité, l’intégrité.
Où sont-ils à présent pour nous réapprendre à résoudre nos conflits par la voie de la réconciliation ? Qu’allons-nous léguer à nos enfants ? La loi de la jungle ? La loi du plus fort ? Rebâtissons les valeurs de l’amour, de l’entraide, de la réconciliation comme le faisaient nos aïeux. Bashingantahe, sortez de votre mutisme !Nous avons besoin de vous plus que jamais.
Votre analyse de la société burundaise est très légitime. Mais vous oubliyez que tous le mal du pays vient des « politiciens ». Or parmi ces hommes et femmes qui embêtent tout les innocents; personne ne croit a cette auguste institution des bashingantahe. Il est indispensable de rééduquer tous ceux qui se croient « leaders ».
Comme dit l´adage en kirundi » Ibiyoberane vyi Buyogoma umugabekazi yiswe umuja, umuja yitwa nyampundu » ( Les mistères de Buyogoma (region naturel du Burundi), la reine perdit ses pouvoirs spéciaux au détriment des courtisants). Les Bashingantahe perdirent leur rôle dans la sociciété et le peuple ses valeurs de l´Ubuntu. Gardons espoir car la loi du plus fort n’est pas la loi de la nature. On chasse le naturel mais il revient toujours au galop.
´´ Un peuple qui place ses privilèges au-dessus de ses principes perd rapidement les deux.´´ Dwight D. Eisenhower (1890-1969).
Gardons encore une fois l´espoir.
//St.