L’exode des médecins burundais est une réalité. Il y a quelques jours, une patiente est allée à Bujumbura pour une consultation en rhumatologie, et n’a pas pu trouver son médecin pour motif qu’il est émigré en France. Du coup, elle a laissé une petite missive pour tous les médecins burundais qui ont pris le chemin de l’exil.
Cher Docteur,
C’est moi, Priscille, votre patiente. La dernière fois, c’est vous qui m’avez écrit. Aujourd’hui, c’est mon tour de vous parler, pour vous faire part de mon courroux.
Il y a deux jours, j’ai eu une crise atroce de rhumatisme articulaire. Je suis descendu au Roi Khaled pour me faire consulter comme d’habitude. Quelle douche froide quand j’ai appris votre exode vers la France. J’ai aussi appris que le pédiatre qui suivait mon enfant pour la drépanocytose est parti lui aussi en France. De même que l’ORL qui l’avait opéré pour ses amygdalites.
Cherchant un autre spécialiste rhumatologue, sans succès, je ne pus m’empêcher de penser au désarroi des millions de Burundais prises dans cet engrenage, et à ce qu’il adviendrait, si l’exode des médecins continuait.
Le bémol
Vous souvenez-vous que vous étiez seulement deux rhumatologues au Burundi, et que l’autre a eu un AVC ? Vous êtes médecin, nul doute que vous avez bonne mémoire. Pourquoi avoir quitté un pays avec 0,1 médecin pour 10 000 habitants (la norme de l’OMS est de 1 médecin pour 10 000 habitants) et êtes parti soigner ceux qui n’ont aucun problème à trouver un médecin ? Les chiffres parlent de 3,3 médecins pour 10 000 Français. Par-là, j’ai peur que votre première préoccupation ne soit plus la santé de vos patients comme vous l’aviez exprimé lors de votre serment d’Hippocrate, mais l’argent ou le bien-être matériel.
Ce qui me fait mal Docteur, c’est que d’autres médecins avec qui je discute, ne rêvent qu’attraper comme vous la première occasion qui se présente, pour partir travailler et vivre à l’étranger. Oui, ils ont ce droit, et cela ne veut point dire que vous n’avez aucun sentiment de patriotisme. Un bon médecin est un médecin bien portant, avec un bon niveau de vie pour pouvoir bien soigner les autres.
D’un côté, je vous comprends
La dernière fois, j’ai vu un médecin prendre un taxi-vélo pour se déplacer. Je n’ai pas compris. Alors qu’autrefois, le médecin était l’homme le plus riche et respecté, j’ai appris que votre salaire de base de 77 512 BIF par mois, et qu’il était 80 % plus bas que ceux des pays de l’EAC. Ils sont beaucoup à croire que vous touchez le jackpot, alors que c’est le contraire.
Je sais que le système de santé burundais est tellement brisé. J’ai vu des médecins généralistes avec des compétences chirurgicales, qui ne sont pas valorisés dans leurs compétences. Se taper plus de 50 personnes en consultation dans des conditions de travail frisant parfois la limite du professionnellement acceptable, n’est pas facile. Qui ne voudrait pas partir dans de telles circonstances ?
Rectifier le tir
Cher Médecin, je sais que les opportunités sont là. En 2020, la Commission européenne a estimé que l’Europe pourrait manquer de 230 000 médecins. Et la France a commencé à vous faciliter l’entrée via la carte de séjour dédiée aux médecins étrangers via la loi de l’immigration.
Toutefois, même si nos dirigeants se montrent insensibles à cette concurrence et n’ont aucun plan réel pour diminuer cet exode, rappelez-vous que « atawanka kwonka nyina ngo agwaye amahere », et que « amaherezo y’inzira ari mu nzu ». Le pays a besoin de vous. « Nta guta agataro ngo intaro zasheshe ». Le pays a beaucoup payé pour votre éducation, vous avez donc une dette envers nous. En plus, vos parents et parentés seront eux aussi parmi les victimes de votre exode.
Si les experts veulent faire croire que la fuite des cerveaux représente une chance pour les pays en développement via les envois de fonds de la diaspora, ces derniers ne garantissent pas la perte énorme que représente votre exode massif. L’argent ne peut pas remplacer le capital humain.
Cher Docteur, vous avez compris que sans vous, on n’y arrivera pas. Nos destins sont intimement liés. C’est seulement ensemble qu’on s’en sortira.
Merci de m’avoir écoutée.
Votre patiente Priscille.
Muramumpera numero yanje pricilla ndamwishure ivyo bibazo Surtout bijanye nimihani yokirundi yaciye.
Ngo amaherezo yinzira ni munzu : iyo ata nzu ugira ataniyo wizeye kuronka “amaherezo yubuzima ni munzira”
Ngo ntawanka kwonka nyina ngo agway amahere: icana kidacuka gisaza kinya kubibero kwa nyina. Gucuka ni agateka kumwana na nyina.
Ngo ntawuta agatarotaro… mpa mbege arutwa na mpa ndime..
Ngo abiwabo bazokwicwa nukutabona hafi umutwe wiw wicay mubiro birimwo urupapuro nibic gusa vyandika ordonance idashobora gushika kuri pharmacie kubera ataburyo… inza nicumu vyose birasogota nzogwaha yahambwe mumwate wanikira ubumera( nabwo bwari butakiboneka)
Il faut accepter que avant d’être médecin, nous sommes des personnes avec des besoins propres et ceux de nos familles respectives. Chercher le « qui dis mieux » ne signifie pas ne pas aimer les patients ou ne pas vouloir ou aimer aider la patrie, c’est plutôt « vaut mieux partir au lieu de prester frustré/mécontent »
Chers patients, ne soyez pas trop égoïstes s’il vous plaît !
Ikosa ntiriri ku muganga agenda kubera aronse aharuta ahandi…na wew wanditse iki gisomwa woronka ahandi wandika ibisomwa bakaguhemba ayasumba ayo uhembwa ubu nibaza ko wogenda..nta n’ikinyemeza ko utoba wahora ahandi ukaba waje muri Yaga kuko ubona akarusho. Wavuze ko wabonye Umuganga ariko afata ikinga…mu nyuma uragaruka uvuga ko yoguma ngaha. Ewe Priscilla naw urikunda…usahaka uwukuvura crise rhumatismale ashake atahe kw’ikinga pourvu que wew uba wavuwe…Ahubwo wari ukwiye guhimiriza abakoresha abaganga kuduza agahembo sinon mu misi iza hoho ntuzoronka n’ico uvuga.
Vraiment la fuite des cerveaux est une réalité sensible. Et puis les ignorants vont se venter que beaucoup de voies sont ouvertes pour les burundais d’aller outre-mer chercher des sous. 🙆 Bah on verra qui ce patrimoine financière retrouvera, ci le pays est en désarroi total. Les médecins, les professeurs, les bons ingénieurs, pour ne citer que ca oh my God! Abarongozi ni barabe icokorwa.
Etats généraux du personnel de santé pour trouver des solutions? Peut être oui!
Cher Yaga,
Vous nous donnez habituellement des articles constructifs. Personne ne sait le moustique qui vous a piqué pour publier un article aussi irréfléchi. En effet, pour avoir accès aux études de médecine il faut être parmi les meilleurs du pays, pour étudier la médecine il faut non seulement être très intelligent mais aussi très courageux et très patient (plusieurs années d’études avec matière surchargée chaque année).
Après l’obtention du diplôme, non seulement on fait un travail risquant et fatiguant mais également il faut respecter l’éthique et la déontologie médicale. Je ne cite que ça sinon je prendrais toute une semaine. Et tout ça pour finir par partir de la maison à pieds et vous soigner un à un pour enfin, à cause de la fatigue, rentrer à vélo. Et vous essayez de nous montrer que c’est notre destination car nous avons prêté serment. Je tiens à signaler que mon patient peut être burundais ou pas et que tous mes patients sont égaux. Donc ne cherchez pas la faute chez le médecin qui cherche là où c’est mieux, cherchez-la plutôt chez celui qui ne veut pas faciliter sa vie et son travail. Si les conditions de vie du médecin burundais restent les mêmes, préparez-vous à écrire d’autres articles dans le même sens tout en sachant que tout le monde veut améliorer sa vie dans la mesure du possible. Merci.
Cher Yaga cet article tombe au moment où la situation financière au Burundi est inquiétante, le médecin burundais, malgré ses longues études et son travail noble, il n’est pas respecté et n’a pas son honneur. Le médecin hospitalier a son cahier de charge qui est très largement supérieur à son horaire normal. Il vaut mieux chercher là où la vie est meilleure.
Serait mieux d, aller évaluer le mécontentement des médecins hospitaliers.
C’est très dommage de blâmer celui qui va en formation pour améliorer ses compétences pour mieux aider ses concitoyens malgré les conditions de travail insupportables