« Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années. »
Cette citation semble bien correspondre à l’invité de cette édition de Rencontres et Profils. À 16 ans seulement, Perry Saxe Gateka a lancé sa propre radio à partir d’un émetteur qu’il a créé lui-même. Face au refus des autorités de régulation des médias burundaises, il a dû se battre pour acquérir un émetteur importé et solliciter une fréquence pour émettre légalement. Cela n’a pas été une mince affaire.
Depuis près de cinq ans, Radio Humuriza fait la fierté des populations de Gitega et de huit autres provinces du centre du Burundi. Le jeune directeur, aujourd’hui âgé de 23 ans, nous raconte cette aventure palpitante et fascinante, digne d’un conte de fée.
Cette édition de Rencontres et Profils est présentée par Razzack Saïzonou.
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Voici quelques extraits de cette édition, retranscrits ci-dessous :
Razzack : Comment tout cela a-t-il commencé ?
Perry Saxe : J’aimais la radio et j’ai remarqué que, dans ma ville, dans ma province, il n’y avait pas de radio. J’ai donc voulu créer ma propre station pour pouvoir travailler dans une radio. J’habitais avec des gens qui réparaient des postes de radio. J’ai observé leur travail. Et puis j’ai regardé sur internet pour voir comment fabriquer un émetteur, améliorer sa puissance. J’ai finalement créé un appareil qui émet à huit kilomètres, puis j’ai continué à améliorer sa puissance.
Comment expliques-tu cet amour pour la radio ?
J’aime écouter la radio et je voulais être journaliste. À dix ans déjà, je déconstruisais les radios pour regarder à l’intérieur. Comment la radio fonctionne-t-elle ? Ceux qui parlent sont-ils à l’intérieur ? J’ai grandi avec la radio.
Ta radio était au début une radio pirate ?
Oui, car elle n’était pas reconnue par les organes habilités, comme la CNC et la RCT. Le jour où j’ai amélioré mon émetteur et que la radio a commencé à être diffusée dans plusieurs provinces, les institutions m’ont menacé de fermer la radio car je devais disposer d’une licence et d’un agrément officiel pour ma radio. J’ai d’ailleurs fermé la radio pendant plus de deux ans, le temps d’obtenir les autorisations.
Qu’apportes-tu à travers ta radio ?
Je donne la parole aux auditeurs, chaque émission donne l’opportunité aux gens qui écoutent la radio de s’exprimer. C’est quelque chose qu’on ne retrouve pas dans les autres radios au Burundi. Les auditeurs sont aussi contents de suivre une radio qui a une histoire – elle est partie de rien, fabriquée avec du matériel récupéré.
Que souhaites-tu que les jeunes retiennent de ton initiative ?
Les jeunes doivent comprendre que tout est possible. Il faut tout simplement fournir l’effort. Si tu aimes une chose, fais-la avec prudence et avec patience.