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Landry Sibomana :« Nous payons les pots cassés de cette crise »

Très actif sur les réseaux sociaux dans la promotion du « Burundi dont on parle le moins », créateur du célèbre groupe « Emploi à Bujumbura / Jobs in Bujumbura » sur Facebook, Landry Sibomana est devenu, ce 27 octobre, l’un des conseillers de la Présidence au bureau chargé des questions de presse, d’information et communication. Dans cette interview, réalisée quelques jours avant sa nomination, il partage son point de vue sur la crise actuelle et ses conséquences sur les jeunes.

Dacia Munezero : Avec cette crise, est-ce encore facile de présenter le bon côté du Burundi ?

Landry Sibomana : Partout où vous allez, il y a toujours du bon et du mauvais, des choses qui ne vont pas et d’autres qui ne cessent de continuer. Il est vrai que la crise actuelle a chamboulé pas mal de choses, mais malgré tout il y a des entreprises qui ne cessent de continuer à tourner et des recrutements qui se font. Il y a aussi des événements et des actions positives qui ne cessent d’avoir lieu mais qui finissent rapidement aux oubliettes faute d’avoir été médiatisés, au profit de sujets plus « sensationnels et brûlants ». C’est très dommage.

Depuis quatre mois déjà, Bujumbura connaît une insécurité inquiétante. Quel est votre regard sur les causes et les conséquences de cette instabilité sur la vie de la capitale et celle de ses habitants ?

À mon avis, les causes sont multiples : politiques, économiques, sociales, etc. Ce qui m’attriste, c’est surtout les pertes en vies humaines, les dégâts matériels, mais aussi cette inquiétude et incertitude du lendemain qui se lit sur les regards des gens. La vie tourne au ralenti. C’est regrettable.

Quels sont, selon vous, les secteurs qui ont été les plus touchés par cette crise ?

« La jeunesse est une ressource extraordinaire pour une nation. »

Tous les secteurs ont été touchés sans exception, mais à des degrés différents… Cependant, le secteur qui m’inquiète le plus, c’est le commerce et l’investissement. On peut dire sans le moindre doute que l’économie du pays en a pris un sérieux coup. Les commerces tournent au ralenti, certaines entreprises ont du mettre la clé sous la porte et certains entrepreneurs peinent à faire tourner leur compagnies.

Il a été constaté que parmi les premières victimes figurent les jeunes. Que pourrait-il être fait selon vous pour occuper cette jeunesse désœuvrée, pour qu’elle ne soit pas entrainée dans des groupes armés ?

La jeunesse est une ressource extraordinaire pour une nation et s’en occuper devrait être une priorité, surtout si l’on considère le fait que la population burundaise est jeune. Beaucoup de jeunes se sont laissés embrigader dans des aventures dangereuses qui, finalement, ne font que leur coûter la vie. Et là, c’est toute la nation qui perd. J’aimerais que les entreprises offrent aux jeunes des stages ou des travaux temporaires afin de les occuper sur quelque chose de plus instructif.

« Les acteurs concernés devraient dialoguer et penser à l’intérêt commun. »

Pousser les jeunes à l’entreprenariat, ainsi que dans des activités plus constructives, serait l’idéal. Je voudrais surtout saisir l’occasion pour plaider auprès des opérateurs économiques en activité afin qu’ils donnent plus d’espace aux jeunes talentueux. Beaucoup ont baissé les bras à cause de certains critères « parasites » qui empêchent beaucoup de progresser, tels qu’avoir une expérience de X années, ou encore avec les problèmes liés au favoritisme/népotisme dans certaines entreprises.

Quelles sont, d’après vous, les voies de sortie de cette crise ?

Il est clair que la situation dans laquelle nous sommes nous affecte tous. Cependant, je pense que les acteurs concernés devraient s’asseoir et dialoguer et penser à l’intérêt commun, qui est la paix et la sécurité pour tous. Qu’on le veuille ou non, tout le monde est victime. Et si chacun doit se radicaliser de son côté, cela ne mènera nulle part car, en fin de compte, on paye tous les pots cassés.

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