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Isanganiro : quatorze ans d’existence, neuf mois de silence

Ce 18 novembre 2016, la radio Isanganiro souffle ses quatorze bougies dans un contexte délicat : un paysage médiatique muselé et divisé. Pour le blogueur Landry Burundi, même si Isanganiro subit des pressions, l’espoir pour les médias n’est pas perdu.

Comme il est conseillé de se réjouir avec ceux qui se réjouissent, j’aimerais te souhaiter un joyeux anniversaire chère radio Isanganiro.

14 ans ce n’est pas rien. Encore plus si on tient compte de l’environnement dans  lequel tu as grandi. En témoignent tes sœurs qui ont été réduites au silence.

Je me réjouis avec toi pour ces 14 bougies que tu vas souffler, mais (oui, malheureusement il y a un mais), je me questionne sur la gravité des stigmates que vont te laisser ces mois de silence imposés.

Pour voir la fin de ce cauchemar, ce black-out, tu as dû accepter un remède que certains ont qualifié d’amer et restrictif. « Acte d’engagement »l’ont-ils appelé. Je ne vais pas revenir sur la polémique autour de ton recouvrement de la parole. On fête un joyeux évènement, « cheers » !

Quelques réflexions pourtant…

14ans, c’est un âge où l’on veut découvrir le monde, découvrir les autres cultures, voyager. Mais si on t’empêche de kudiridimba (nom donné à l’une de tes émissions) pour une chanson, on se pose des questions.

A cet âge on aime bien umudiho wa reggae, Bob Marley, Tiken Jah Fakoly, Lion story, Prophet voice. Mais non, où ai-je la tête ? Eux, ils sont trop directs, pas assez politiquement corrects.

Dans notre culture, à 14 ans on apprend aussi à partager umukenke, inturire (la bière). Et combien ton inturire était délicieuse, dans cet échange d’idées, parfois agité mais tellement constructif. Malheureusement ceux qui se donnaient la réplique hier sont aujourd’hui trop éloignés pour discuter. Les uns sont en exil, les autres au pays. « Putschistes » et« usurpateurs de pouvoir » se nomment-ils mutuellement.

J’avais dit « cheers », alors arrêtons de larmoyer et trinquons ! N’oublie pas d’envoyer une petite carte d’invitation à tes sœurs, Bonesha FM, RPA, et Renaissance.

Bien que leurs robes étincelantes faisaient rayonner la liberté d’expression, bien que leur soif d’informer et de promouvoir la diversité d’opinions était intarissable, elles ont été endommagées par des flammes et le plomb.Elles seraient ravies d’être présentes, comme au bon vieux temps, je n’en doute pas.

On reste debout

Ces flammes pensaient pouvoir consumer ce beau plumage, à tort.

Ce plumage qu’ils pensaient si facilement destructible,

Plumage qu’ils espéraient chétif, qu’ils auraient voulu voir défaitiste.

Oh combien grand est leur étonnement, quand il le voit plier sans rompre.

Quand il le voit se redresser plus fort que jamais.

C’est là qu’ils comprennent que tel un phœnix qui renaît de ces cendres, ils n’ont fait que le rendre plus fort !

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